Après une éclipse sans doute indépendante de sa volonté, Mahmoud Zemmouri renoue avec le cinéma grand public. Il l'a annoncé à maintes reprises mais ce n'est que depuis quelques temps qu'il se planche concrètement sur son chantier, "Certifié Hallal ", un long métrage qui est en tournage dans la ville de Biskra. Franco-algérien, le film qui traite comme dans la plupart de ces œuvres du mariage traditionnel. Le casting est bien sûr fait, et le public retrouvera sans grande surprise des acteurs comme Chafia Boudraâ, Othmane Ariouat, Mustapha Laâribi, Hamza Foughali, Laïla Bakhti et la liste est encore longue, selon Zemmouri. Si, il y a surprise car Othmane Ariouat, le Adel Imam algérien a longtemps refusé d'être associé dans les palataux de tournage, car vu son talent, il demande à être payé comme une star et il a sans doute raison. Ce n'est pas les propositions qui lui manquent, mais ce dédain qu'ont souvent les réalisateurs pour certains comédiens qui le rebute. Les deux premiers rôles de "Certifié Hallal " seront attribués à Sarah Forestier, l'artiste qui a eu le César de la meilleure actrice. L'auteur de " 100% arabica " a même intégré dans ce nouveau film quelques acteurs qui ont campé des rôles dans le téléfilm " L'immeuble de hadj Lakhdar ", à l'instar d'Omar Tayri, Yacine Boudjamline. Cout du long métrage ; 40 millions de dinars. Réalisateur algérien, Mahmoud Zemmouri est aussi comédien. Il commence sa carrière devant les caméras en 1979, dans " Que fait-on ce dimanche " de Lofti Essid. Il poursuit dans " Tchao Pantin ", puis " Pinot, simple flic", " La Smala ", " Nuit d'ivresse ", " L'Œil au beurre noir ", " La Thune " et " Blanc d'ébène ". Il mène parallèlement sa carrière de réalisateur, commencée en 1980 avec " Prends 10 000 balles et tires-toi ". Où est le projet avec Spielberg ? L'an dernier, le spécialiste de l'émigration, Mahmoud Zemmouri nous apprenait qu'il avait un chantier avec le cinéaste, Steven Spielberg. La rencontre Zemmouri, Spielberg semblait avoir mûrie car en, 2006, le réalisateur et comédien algérien qui vit depuis une quarantaine d'années en France a joué un petit rôle sous la direction de Steven Spielberg dans le film " Munich " " J'y ai interprété le rôle d'un Libanais, sauf que le film, en final, faisait trois heures. Steven Spielberg l'a réduit à 2h40. Donc, je parais très peu dans le film. Mais j'ai passé quand même quinze jours avec Spielberg, à Malte. C'était vraiment extraordinaire ! Je n'en revenais pas en voyant les moyens que peuvent mettre les gens dans les films. Cinq cameramen, trois chefs opérateurs, une équipe de 180 personnes. J'ai ressenti à la fois un étonnement, une émotion terrible et un complexe par rapport aux moyens du film Munich (rires). Mais pour vous dire, il y a eu une espèce de feeling entre nous et il m'a dit : " Vous avez une tête tellement sympathique Mahmoud Zemmouri lors de la sortie de son dernier long métrage, " Beur, Blanc rouge". Cette collaboration et ce felling n'en sont pas restés là, puisque le cinéaste avait avoué vouloir lui envoyer son " prochain scénario sur la guerre d'Algérie ". C'était chose faite, et l'an dernier à l'occasion de la projection à la salle El Mouggar et dans le cadre du ciné- club hebdomadaire de l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), de son film, " 100% arabica ", le cinéaste a annoncé qu'il préparait ce film sur la guerre d'Algérie avec Spielberg. Mais s'en est resté là. Une chose est sûre c'est que n'est pas la première fois que les cinéastes occidentaux s'intéressent à cette guerre puisque à ce sujet de nombreux films (souvent contestés) ont été montés. La guerre d'Algérie, un sujet intarissable, était surtout le thème de prédilection de nos cinéastes formés dans les pays de l'Est, mais ce que l'histoire du cinéma retient à ce jour, c'est incontestablement le film de Ponté Corvo, " La bataille d'Alger ". un film jugé aussi authentique qu'esthétique. Le feuilleton de Mustapha Badie adapté du livre " La grande maison" de Mohamed Dib est également une œuvre qui traduit de façon puissante les événements sanglants de la période colonialiste. Né en 1946 à Boufarik et établi en France depuis 1968, Mahmoud Zemmouri s'est fait connaître avec "Prends dix mille balles et casse-toi" qui épinglait la loi Stoléru (octroi d'une aide au retour de 10 000 F pour tout travailleur immigré désireux de quitter la France) et abordait, avec un humour un rien provocateur, les réactions de jeunes gens nés en France au contact du pays de leurs parents. Depuis, Mahmoud Zemmouri a tenté deux autres films dans la même veine, avant d'adapter au cinéma, dans un registre plus grave, "L'Honneur de la tribu", le roman de Rachid Mimouni paru en 1989 aux éditions Robert Laffont. Dix ans après "100% Arabica", le premier film de Mahmoud Zemmouri a être entièrement tourné en France, "Beur, blanc rouge" l'a été pour moitié en Algérie.