La Grèce aura probablement besoin de plus d'argent, plus longtemps. Il n'est pas sûr en effet qu'elle puisse rembourser dans les temps les 110 milliards prêtés par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), ont reconnu conjointement les créditeurs du pays méditerranéen. "Savoir si la Grèce sera en mesure" de rembourser dans les deux années prévues de 2014 et 2015 ce prêt "est effectivement une question", a reconnu le représentant du Fonds monétaire international (FMI), Poul Thomsen, à l'issue d'une visite à Athènes. "Nous avons plusieurs options pour régler cela, des options pour permettre une plus longue période de remboursement ou pour accorder un prêt de suivi." Le patron du FMI, Dominique Strauss-Khan, a déjà préparé les marchés à une telle éventualité, début octobre. L'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont appelé mardi la Grèce à "plus d'efforts" de rigueur, en contrepartie de son sauvetage financier, sans exclure de lui accorder plus de temps pour rembourser le prêt qu'ils lui ont consenti en mai. La troïka, comme les Grecs surnomment les hauts fonctionnaires chargés de veiller au déroulement du plan de redressement des finances publiques du pays, a félicité le gouvernement grec "d'avoir atteint les objectifs prévus jusque là" tout en préconisant des réformes structurelles dans les secteurs de la santé, des entreprises publiques et de la fiscalité. Le secteur de la santé est "inefficace comparé à celui des autres pays européens", "les entreprises publiques sont un fardeau pour l'économie avec d'importantes pertes qui pèsent sur les contribuables grecs" et "la gestion de la collecte d'impôts doit être renforcée", résume un communiqué UE-BCE-FMI diffusé à l'issue d'une conférence de presse conjointe à Athènes. Exprimant sa satisfaction sur le suivi du programme de redressement, qui est "sur les rails", Poul Thomsen, le représentant du FMI, a souligné que "le danger principal dorénavant était lié à la possibilité de faire avancer les réformes structurelles", surtout en rendant plus "flexible" les conditions du marché du travail. Au terme d'une visite à Athènes de dix jours avec ses collègues de l'UE, Servaas Deroose, et de la BCE, Denis Blenck, M. Thomsen a relevé que le programme UE-FMI se trouve à un "point crucial". Il a toutefois assuré que le gouvernement grec "était déterminé à poursuivre les réformes" réclamées afin d'assurer la relance de l'économie, en récession pour la deuxième année consécutive. La Troika a notamment rappelé le besoin d'appliquer le principe convenu dans le plan de redressement de l'économie en mai qui prévoit pour 2011 le remplacement d'un seul fonctionnaire partant à la retraite sur cinq. Rappelant que les salaires en Grèce avaient presque doublé entre 2000 et 2008, M. Deroose a estimé qu'il était nécessaire de réduire le personnel dans les entreprises publiques, pour améliorer compétitivité et productivité, en baisse ces dernières années. La réduction du personnel pourrait se faire "sur une base volontaire", a expliqué M. Thomsen. Outre le fait que la Grèce a pu atteindre "un objectif ambitieux", celui de réduire son énorme déficit (à 15,4% du PIB en 2009) de près de 6 points (à 9,4% prévu pour 2010), l'UE et le FMI ont averti que des mesures adéquates devraient être prises pour réduire le gaspillage dans le secteur public. Pour assouplir le marché du travail, les bailleurs de fonds souhaiteraient que priorité soit donnée aux accords d'entreprise sur des conventions collectives de branche. Mais la centrale syndicale du privé, GSEE, a jugé ces réformes "inacceptables". Le 15 décembre, une grève générale est prévue par les deux principaux syndicats du pays, GSEE et Adedy. Les représentants de l'UE-FMI ont assuré que la troisième tranche (9 milliards d'euros) du prêt de 110 milliards consenti au pays sur trois ans en mai, "sera versée", après l'approbation en décembre du rapport conjoint sur le suivi des finances du pays. M. Thomsen a affirmé sa "confiance" dans les efforts de redressement grecs en estimant que le pays sera capable de revenir sur les marchés internationaux pour emprunter avant la fin du prêt, c'est-à-dire d'ici fin 2013, afin de pouvoir assurer le service de sa dette antérieure.