L'apiculture en Algérie possède de réelles possibilités de se développement eu égard aux immenses potentialités qui ne demandent qu'à être exploitées et certaines sources bibliographiques situent même ces potentialités entre 20.000 à 40.000 tonnes de miel/an. Aussi, la 10e foire nationale du miel s'est ouverte jeudi à Alger avec la participation d'une quarantaine d'apiculteurs représentant plusieurs wilayas du pays pour exposer outre leurs miels, d'autres produits apicoles. L'édition de cette année "marque l'évolution significative de la production de cette filière au cours de ces deux dernières années avec une production de 48.000 tonnes (48 millions de kg) contre 33.000 tonnes en 2008", souligne un des organisateurs. La filière s'est assignée comme objectif d'atteindre 100.000 tonnes de production de miels d'ici 2014. Cette manifestation commerciale a été inaugurée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa et le président de la Fédération algériennes des Apiculteurs et chercheurs, Mahmoud Lekhal, en présence des responsables de l'Assemblée populaire communale de Gué de Constantine. Quelques 13 variétés de miel ont été exposés en plus d'autres produits apicoles comme la cire au naturel ou transformée à des objets de décoration. Les professionnels ont exprimé leur satisfaction de voir, pour la première fois, un haut responsable de l'Etat venir visiter les stands de la foire, qui se tient du 25 novembre au 4 décembre au niveau de la Coopérative apicole de Gué de Constantine. Plusieurs d'entre eux n'ont pas pu participer à cette édition vu l'espace réduit de la coopérative. Profitant de la présence du ministre, les apiculteurs ont posé beaucoup de problèmes liés, entre autres, à la commercialisation, à l'exportation, à la formation, aux pesticides qui menacent les insectes ainsi que l'absence d'un laboratoire d'analyse spécialisé. "Notre miel est stocké dans nos maisons, alors que notre produit est très demandé à l'étranger", affirme un apiculteur de la wilaya de Tizi-Ouzou. "Nous avons des miels monofloraux très recherchés, mais nous ne pouvons pas exporter à cause de l'absence d'un laboratoire d'analyses répondant aux normes internationales'', a regretté un autre professionnel de Blida. En répondant aux préoccupations des professionnels, le ministre a annoncé quelques mesures en faveur de la filière. Il s'agit notamment de la création de centres pédagogiques spécialisés dans l'apiculture au niveau des parcs naturels, l'ouverture prochaine d'un grand espace commercial au niveau de la capitale, qui constituera un espace de promotion des produits du terroir, dont le miel. Il a également appelé les apiculteurs à s'organiser en vue de faire des propositions de labellisation de leurs produits d'autant plus que le cadre réglementaire existe. Soulignant l'importance de cette filière dans le développement de la production agricole, notamment l'arboriculture, M. Benaïssa a promis aux apiculteurs de les "accompagner avec force", et les a appelé à relever le défi d'atteindre l'objectif de 100.000 tonnes d'ici 2014. Le Président de la Fédération algériennes des Apiculteurs et chercheurs, a indiqué pour sa part qu'une convention est sur le point d'être signée avec la Caisse nationale de la Mutualité agricole (CNMA assurance) pour mettre en place un produit d'assurance contre tous les risques dont fait face la filière, y compris le vol des ruches. La filière compte un effectif de 20.000 apiculteurs et 1,5 million de ruches. En plus de la production nationale, l'Algérie importe en moyenne 150.000 tonnes de miel par an, qui provient de Thaïlande, de Turquie, d'Arabie Saoudite et des Etats-Unis. Selon M. Lakhal, l'Algérien ne consomme que 80 gr/an contre 700/gr pour un Français, et 900 grammes en Suisse. Notons néanmoins, que e miel algérien doit être promu pour contrecarrer la concurrence déloyale du miel importé, vendu à bon marché et dont la qualité laisse souvent à désirer. Le miel algérien est très apprécié à l'étranger est peut constituer une source de ressources en devises, comme il est très demandé au plan local, d'où la nécessité d'encourager le développement de sa production. L'amélioration des rendements de différents produits des ruches dans la région à l'instar du miel, la cire, pollen, gelée royale ou le venin, devrait ouvrir des perspectives prometteuses dans nombres de filières que se soit agro-alimentaire, pharmaceutique ou cosmétique. Cependant, les difficultés de la filière apicole sont multiples. Victime de la marginalisation, ou encore du bouleversement du climat et de l'usage intempestif des insecticides, les raisons qui font peser une menace certaine sur l'abeille et l'activité apicole sont nombreuses.