Le manque d'unité des pays asiatiques au G20 fait des Etats-Unis et de l'Europe les moteurs de la refonte de la réglementation financière mondiale, or certaines de ses dispositions posent d'importants problèmes aux pays émergents, ont dit lundi des régulateurs asiatiques. Le Groupe des Vingt a approuvé une série de mesures réformant la régulation des marchés bancaires et financiers. Les cinq membres asiatiques du G20, ainsi que Hong Kong et Singapour, en tant que membres du Conseil de stabilité financière, ont adhéré à ces mesures. Mais certains régulateurs asiatiques estiment que nombre de ces mesures posent d'importantes difficultés à leurs marchés, tandis que d'autres, selon eux, ne traitent pas de manière appropriée la manière dont la crise frappent leurs économies. Selon eux, cette situation s'explique par le fait que les Etats-Unis et l'Europe ont plus de facilité à adopter une approche commune pour la refonte de la régulation financière. "L'Asie ne s'exprime pas d'une seule voix et je pense que c'est un défi à relever", a déclaré Martin Wheatley, qui dirige le Securities and Futures Commission (SFC) de Hong Kong, lors d'un sommet sur la régulation en Asie organisé par Complinet, une filiale de Thomson Reuters. Les régulateurs asiatiques ont en particulier distingué les nouvelles normes de liquidité des banques, gouvernées par Bâle III, qui, selon eux, ne prendraient pas en compte la taille du marché de la dette de certains pays émergents. "Les pays asiatiques éprouvent des difficultés de taille pour se conformer à ces normes de liquidités", commente Lee Jang Yung, vice-gouverneur du service de supervision financière de Corée du Sud. Ces normes impliquent en effet que les banques doivent détenir un certain montant d'actifs très liquides, comme des obligations souveraines, pour pouvoir se financer en période de stress sur les marchés. La question des banques d'importance systémique ("too big to fail"), pour lesquelles le G20 a prévu une surveillance supplémentaire, est un autre sujet difficile pour les autorités de régulation asiatiques. Le secrétaire général de la Securities end Exchange Commission de Thaïlande Thirachai Phuvanatnaranubala a dit craindre que ces mesures ne prennent pas en compte les risques que peuvent faire prendre de telles institutions à des marchés émergents comme la Thaïlande. Il estime que la diversité des structures juridiques d'un pays à l'autre est à l'origine des difficultés de l'Asie à appréhender ces problèmes au niveau mondial. Martin Wheatley souligne également que la plus importante réforme à entreprendre dans la région consiste à orienter les économies vers un modèle de consommation intérieure et non plus seulement d'exportation. Dans un peu moins d'un an, les 3 et 4 novembre 2011, Cannes accueillera le prochain sommet du G 20.