Les Etats-Unis et l'Europe se sont employés vendredi à minimiser leurs divergences sur la façon de lutter contre les déficits, gonflés par deux années de crise, sans porter atteinte à une reprise économique encore fragile. Le sujet a été évoqué entre grands pays industrialisés du G8 à la veille d'un sommet du G20 qui se penchera samedi et dimanche à Toronto sur les stratégies de sortie de crise. Confronté à un taux de chômage qui reste élevé, Washington avait instamment demandé à ses alliés de donner la priorité à la consolidation de la reprise économique au moment où les Européens, échaudés par la crise grecque et une vague de défiance des marchés, multiplient eux les annonces de plan d'austérité. Un responsable de l'administration américaine a fait état d'un consensus au sein des pays du G8 sur la nécessité de se concentrer dans l'immédiat sur la croissance et «à moyen terme» de s'attaquer aux déficits. «Il y a un consensus large chez les dirigeants du G8, une convergence de vues si vous voulez, sur la poursuite d'une croissance durable tout en réaffirmant, naturellement, les engagements partagés en commun sur les progrès de la consolidation budgétaire», a-t-il dit vendredi. Pour une source européenne, cela signifie que si la consolidation des finances publiques est nécessaire, le retrait des politiques de soutien à l'activité «doit être phasé dans le temps et se faire de façon progressive, en fonction de la situation de chaque pays». La chancelière allemande Angela Merkel, qui a rallié le reste de l'Europe à la lutte contre les déficits, a simplement noté que la discussion entre membres du G8 «n'a pas été controversée et s'est fondée sur une grande compréhension mutuelle». Le Premier ministre britannique David Cameron avait déclaré auparavant que la correction des déséquilibres entre les pays exportateurs qui dégagent d'importants excédents et les économies endettées impliquait un effort de la part des Etats-Unis. «Une partie de la lutte contre les déséquilibres est, pour les pays qui affichent les plus gros déficits, de retrousser leurs manches et de se mettre au travail pour s'assurer que l'on ne vit pas au-dessus de ses moyens», a-t-il dit. Inextricablement liées Né fin 2008 pour coordonner la lutte contre la crise financière qui menaçait l'économie mondiale d'effondrement, le G20, qui associe les grands pays industrialisés du G8 et les principales puissances économiques émergentes, a perdu aujourd'hui de son élan originel. Les craintes de récession généralisée diminuant, des désaccords se sont fait jour ces derniers mois sur des sujets comme les stratégies de sortie de crise ou la régulation des marchés financiers. Sur ce dernier thème, Barack Obama a invité vendredi les autres pays du G20 à suivre l'exemple des Etats-Unis alors qu'il vient d'obtenir un vote du Congrès en faveur d'une refonte de la réglementation du secteur. «J'espère que ce week-end à Toronto nous pourrons capitaliser sur ce progrès en coordonnant nos efforts en faveur de la croissance économique, de la poursuite des réformes financières et du renforcement de l'économie globale», a-t-il dit. «Nous avons besoin d'agir de concert pour une simple raison: la crise a prouvé et les événements continuent de montrer que nos économies sont inextricablement liées», a ajouté le président américain. Si les Etats-Unis estiment avoir fait leur part des engagements passés avec la loi adoptée vendredi, l'Europe réclamera de son côté au G20 une taxation sur les banques et une autre sur les transactions financières. Hostiles à ces projets, des pays comme le Canada et le Japon font valoir que leurs banques, qui ont bien résisté à la crise, ne doivent pas être soumises à de telles sanctions. Lors d'un entretien avec Angela Merkel en marge du G8, le Premier ministre japonais Naoto Kan a plaidé pour que la situation individuelle de chaque pays soit prise en considération dans ce genre de débats. La chancelière allemande a concédé de son côté que les choses «ne se présentent pas très bien» sur ce front.