La reprise de l'économie mondiale après la crise financière de 2008 perd de sa vitalité et la croissance, entamée par les mesures d'austérité prises dans les pays riches, ne suffira pas à retrouver dans les deux ans les 30 millions d'emplois détruits dans le monde, estime l'Onu dans un rapport publié mercredi. "Le chemin de la reprise après la Grande Récession se révèle long, sinueux et précaire", notent les Nations unies dans ce rapport sur la "Situation économique mondiale et perspectives pour 2011". "Après une année de reprise fragile et inégale, la croissance de l'économie mondiale est en train de ralentir", poursuit l'Onu. "Tous les indicateurs montrent un ralentissement de la croissance économique mondiale évaluée à 3,1% en 2011 et 3,5% en 2012, des niveaux trop faibles pour recréer les emplois détruits par la crise financière et économique", ajoutent les Nations unies. Ces projections de croissance diffèrent de celles publiées ces deux derniers mois par le Fonds monétaire international (FMI) et par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (ODCE), qui tablent sur une croissance mondiale de 4,2% en 2011. Les économistes de l'Onu attribuent ces divergences aux modes de calcul des taux de change. Se penchant sur les différentes régions du monde, le rapport onusien indique que pour ce qui concerne le Moyen-Orient et de pays d'Asie occidentale, la croissance demeure, mais s'infléchit aussi, avec 5,5% en 2010, 4,7% en 2011 et 4,4% en 2012: ''A ce rythme, la croissance annuelle moyenne sera inférieure au taux d'avant la crise''. Pour l'Afrique, l'ONU relève que la reprise économique a été solide dans la plupart des pays du continent, avançant qu'''un rebond est attendu et la croissance devrait atteindre 5% en 2011 et 2012, rappelant, toutefois que ''c'est bien inférieur au potentiel du continent'' et que les situations varient fortement selon les régions et les pays''. Les pays d'Afrique de l'Est sont par exemple ''en forte croissance, mais plusieurs pays parmi les plus pauvres, en particulier ceux du Sahel, souffrent encore de la sécheresse, de l'instabilité ou de l'insécurité, des facteurs qui entravent la reprise de leurs économies'', constate-t-elle. L''ONU souligne que pour les pays en développement, ils continuent à soutenir la reprise mondiale, même si leur croissance devrait aussi fléchir et passer à 6% en 2011-2012, contre 7% cette année. La principale explication fournie par les auteurs du rapport est que la demande des pays développés reste faible et l'arrêt progressif des mesures de relance prises par les gouvernements. Ainsi en Asie, si la croissance continue d'être tirée par la Chine et l'Inde, une baisse d'un point est attendue en 2011 et 2012. En Amérique latine, la croissance devrait restée relativement solide, avec un taux à 4%, en recul néanmoins par rapport au 5,6% de 2010, indique l'ONU, qui considère que le Brésil, moteur de la croissance régionale, bénéficie d'une forte demande intérieure qui stimule sa croissance et celle des pays voisins, via leurs exportations, mettant aussi en avant le renforcement des liens économiques entre la sous-région et les économies émergentes d'Asie. Pour les pays développés, indique le rapport, si les Etats-Unis continuent d'essayer de sortir de la récession la plus longue et la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale, ils connaissent aussi le rythme de reprise le plus faible qu'ils aient connu dans des périodes post-crise. ''La croissance de 2,6% en 2010 devrait encore ralentir, à 2,2% en 2011, avant de s'améliorer légèrement, à 2,8% en 2012'', prévoit le document, qui estime qu'il faudra quatre années au pays pour retrouver le niveau d'emploi qui prévalait avant la crise de 2008. L'Europe et le Japon, qui ont connu une croissance de 1,6% en 2010, ont des perspectives encore plus sombres, souligne le rapport qui estime qu'en supposant que la reprise, même modérée, se poursuive en Allemagne, la croissance du PIB de la zone euro devrait connaître une quasi-stagnation, avec 1,3% de croissance en 2011 et 1,9% en 2012. Il pointe en particulier ''certains pays d'Europe qui connaîtront des niveaux de croissance encore plus faibles'', ceux qui sont ''piégés par le niveau de leur dette publique'', à l'instar de la Grèce, de l'Irlande, du Portugal et de l'Espagne, où la croissance sera minée par les politiques d'austérité budgétaire et des taux de chômage encore élevés qui limitent la demande intérieure: ''A court terme, leurs économies resteront soit dans la récession, soit dans la stagnation''.