Synthèse de Smaïl Boughazi Le choc économique qu'a connu le monde en 2008 et 2009 semble avoir encore des retombées néfastes sur les plus grands pays de la planète. Les Etats membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), réunis à Paris la semaine dernière, se sont engagés à réduire leur déficit sans nuire à la croissance, selon la déclaration finale publiée à l'issue de la réunion ministérielle annuelle de l'organisation qui réunit les principaux pays riches à Paris. Les 31 pays membres affirment en fait qu'«il convient d'élaborer des plans crédibles et transparents d'assainissement budgétaire à moyen terme». «Nous appliquerons ces plans de façon à ne pas mettre en péril la croissance», soulignent-ils au terme de cette réunion de deux jours. Le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, a insisté lors d'une conférence de presse sur la nécessité de trouver «un nouvel équilibre» entre réduction des déficits et soutien à la croissance, tout en prenant en compte les spécificités nationales. Angel Gurria pense que «certains pays ont plus de temps que d'autres [pour agir], certains pays ont besoin d'un ajustement plus fort que d'autres, certains pays jouissent d'une confiance plus élevée de la part des marchés». Pour autant, il a assuré que les gouvernements, qui ont multiplié ces dernières semaines les plans d'austérité, notamment en Europe, ne faisaient pas qu'obéir aux marchés.Cependant, malgré ce climat morose qui prévaut dans plusieurs parties du globe, l'OCDE estime que la reprise mondiale s'est accélérée après la grave récession de l'an dernier. Toutefois, l'organisation souligne que la crise de la dette en Europe fait planer des risques accrus sur la croissance. «La reprise demeure fragile, avec un taux de chômage élevé», reconnaissent les ministres dans la déclaration. «Nous sommes conscients que des risques continuent de peser sur la stabilité économique, comme en témoignent les événements récents», regrettent-ils. Ils estiment qu'il faut «poursuivre les efforts pour soutenir la reprise par des mesures appropriées jusqu'à ce qu'une croissance durable de la demande privée se soit installée». Parallèlement, ajoutent-ils, «nous allons élaborer et faire connaître des stratégies de sortie tenant compte de la situation des différents pays et, une fois que la reprise sera assurée, nous les mettrons en œuvre». Toutefois, les pays industrialisés appellent à prendre en compte le contexte international lorsque les gouvernements mettront en œuvre ces plans de réduction des déficits. Les plus puissantes économies du monde ne cachent pas qu'il faut, pour les pays qui en ont la capacité, «développer leurs sources internes de croissance. Cela contribuerait à amortir un recul de la demande de la part de pays qui doivent stimuler leur épargne et réduire leurs déficits budgétaires.» Par ailleurs, en dépit de la multiplication des plans d'austérité notamment en Europe, l'économie mondiale devrait retrouver un taux de croissance de 3% cette année et de 3,2% en 2011, affirme un rapport révisé de l'ONU publié mercredi dernier. Ce document souligne en outre que le rythme de la reprise est encore trop faible pour compenser les pertes de production dues à la crise. Le rapport révisé «Situation et perspectives de l'économie mondiale, 2010» de l'ONU explique que la plupart des économies ont connu une croissance positive fin 2009 et début 2010 grâce à des mesures de relance fiscales et à des politiques monétaires stimulantes. L'étude avertit cependant qu'une reprise plus vigoureuse est nécessaire pour récupérer les emplois perdus et compenser les pertes de production résultant de la récession. «Des soutiens gouvernementaux sans précédent à travers le monde ont empêché les marchés financiers de s'effondrer, tout en les stabilisant progressivement», lit-on dans le document. Selon le texte, à l'approche du milieu de l'année, les risques systémiques sur la planète financière ont diminué. Il avertit cependant que la reprise est inégale selon les régions. «Bien que les perspectives de croissance de certains pays en développement soient encourageantes, l'activité économique est molle dans les pays développés et en deçà du potentiel ailleurs dans le monde en développement», ajoute-t-il. Le document affirme que les taux de chômage sont censés rester élevés pendant encore un certain temps dans la plupart des pays développés. Les finances publiques de pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Irlande se sont détériorées sensiblement à cause de la crise et des réponses politiques qui lui ont été faites, souligne l'étude. «La crise fiscale grecque est passée d'une crise de solvabilité dans un seul pays à une crise menaçant toute la zone euro», ajoute-t-elle, soulignant que la perspective de reprise pour l'Europe était de toute façon ‘‘déjà molle''.» Elle affirme que la reprise économique globale dépendra donc largement de la croissance dans les pays en développement, la Chine et l'Inde montrant la voie avec des effets d'entraînement positifs. Le rapport prévoit une croissance de 2,9% cette année aux Etats-Unis, mais de seulement 2,5% en 2011. Il indique qu'avec une contraction de plus de 5% en 2009, l'économie du Japon a connu sa plus mauvaise année depuis le choc pétrolier du début des années 70, et que la croissance y restera molle en 2010-2011, à une moyenne de 1,3% sur toute la période. La croissance dans la zone euro devrait rester lente, à 0,9% cette année et 1,5% en 2011. Le rapport prévoit un fort rebond en Asie orientale cette année et en 2011 après une contraction sévère fin 2008 et début 2009. Emmené par une forte croissance en Chine, le PIB régional devrait croître de 7,3% cette année, contre 4,7% en 2009, mais devrait ralentir à 6,9% en 2011. En Afrique, la croissance devrait bondir à 4,7% cette année et à 5,3% en 2011, contre 2,4% en 2009. En Amérique latine, la croissance du PIB devrait atteindre 4% en 2010 et 3,9% en 2011, contre 2,1% en 2009.