La population musulmane est estimée à 1.5 milliard de personnes dans le monde, représentant 23 % de la population mondiale d'où elle peut constituer un soutien puissant pour la finance mondiale, estiment les spécialistes. Cet énorme potentiel est en jachère en raison des attitudes craintives de cette composante humaine à l'égard du monde des finances et des assurances. Le monde de la finance est un terrain miné par les prohibitions de l'Islam, d'où la recherche d'alternatives qui devront concilier les valeurs de l'Islam et les principes fondamentaux de la finance et ceux des assurances. Si la finance islamique commence à prendre son envol à travers des actifs estimés à près de 800 milliards de dollars dans plus de 75 pays, la branche des assurances reste médiocre en dépit des options existantes destinées au marché de la population musulmane, regrettent les assureurs. La finance islamique, en pleine expansion, "est un levier propice à l'émergence de l'assurance sous la forme " Takaful "", estime le Directeur général de Salama Assurances Algérie, M. Ahmed Hadj Mohamed, dans sa réflexion sur l'assurance participative. Selon lui, les premières sociétés d'assurance islamique ont été fondées au Soudan et aux Emirats arabes unis en 1979, elle était basée sur un modèle coopératif. Des modèles de l'assurance participative ont été mis en place à partir de 1984 en Malaisie, et plus tard dans des pays tels que la l'Arabie Saoudite, le sultanat de Brunei, le Qatar, le Bahreïn. Ce type de produit est répandu dans le Moyen Orient et autres pays musulmans de l'Asie. En revanche, au Maghreb, la formule Takaful peine à susciter un intérêt auprès des consommateurs. "L'objet de cette formule dans laquelle tous les membres s'acquittent d'une somme d'argent pour indemniser celui qui est en situation d'infériorité (le plus démuni) en cas de survenance d'un risque, est fondé plus sur l'entraide que le profit", a expliqué M. Hadj Mohamed, précisant, toutefois, que la médiocrité de la demande d'assurance, d'une manière générale, et l'assurance - vie, en particulier pour les pays musulmans, trouve son origine dans l'ignorance de la notion de risque et à son transfert vers la fatalité. "La perception négative de l'assurance dans les sociétés musulmanes repose sur le fait de son assimilation à l'usure et aux jeux de hasard, prohibés par la foi musulmane", a-t-il noté. Par ailleurs, ce responsable révèle, qu'actuellement, la formule Takaful est pratiquée sous d'autres formes. "Sans but lucratif, par lequel indépendamment de la structure légale formelle, les affaires sont gérées sur une base purement mutuelle pour les participants (cotisants). Le conseil gère les risques et les investissements au nom de tous les participants", a-t-il encore expliqué, rappelant l'existence de plusieurs formes de contrats qui régissent le rapport entre les participants (assurés) et l'opérateur de Takaful. "Les contrats les plus répandus sont le contrat de "Moudharaba " (participation aux bénéfices) et contrat de " Wakala " (gestion pour compte moyennant des honoraires)", a-t-il précisé.