L'opération de marketing destinée aux agences touristiques arabes, iraniennes et de l'Inde a coûté quelque 700.000 dollars! Même si la crise financière mondiale a obligé les grandes puissances et les pays émergents, à l'image du Brésil et de la Turquie, à revoir leur stratégie économique, elle ne les a pas empêchés pour autant de maintenir des niveaux «minima» en ce qui concerne leur politique touristique. Certes, le secteur du tourisme vient de subir de plein fouet les effets de la récession économique un peu partout dans le monde; mais qu'à cela ne tienne, l'«euro-pessimisme» n'a pas gagné les grands opérateurs touristiques turcs, même s'ils rêvent de voir leur pays rejoindre l'Union européenne. A l'image de Serdar Mashhadani, un des fleurons de l'industrie turque du tourisme, tout le monde est déterminé à redonner au tourisme turc un second souffle, grâce à une politique innovante, basée sur un marketing «aéré» et sans complexe. En aucun cas la Turquie ne doit subir les représailles économiques de la part des puissantes agences touristiques internationales dont un grand nombre est contrôlé par le lobby sioniste, à cause de son soutien au peuple palestinien et à la population de Ghaza. Cette attitude revient comme un leitmotiv à chacune de nos rencontres dans la magnifique ville d'Antalaya,appelée «Ville de tous les peuples». Avec ses centaines d'hôtels cinq étoiles, ce bout de paradis qui allie à merveille, le moderne et l'authentique, l'occidental et l'oriental, constitue une des pièces maîtresses dans la nouvelle stratégie touristique prônée par Serdar Mashhadani. Pour ce milliardaire d'origine syrienne, il est temps pour la Turquie de diversifier ses ressources touristiques, en se tournant par exemple vers une clientèle arabe, un réservoir de plus de 10 millions de touristes potentiels. Le mois dernier, un fait notable a secoué les consciences et certaines idées bien établies en Turquie: le nombre de touristes israéliens a chuté de quelque 87%. Ce n'est pas dû au hasard ou à la crise financière mais à une interférence du lobby sioniste qui n'a pas pardonné à la Turquie d'avoir été solidaire de la population meurtrie de Ghaza pendant et après l'agression israélienne. Ce recul du nombre de touristes israéliens a été vécu par les Turcs comme une forme de représailles contre leur pays, des voyagistes aux liens avérés avec le lobby sioniste et qui n'hésitent pas aujourd'hui, comme l'a si bien dit Serdar, à tout faire pour détourner des milliers de touristes de la destination Turquie. Cette nouvelle donne a commencé a faire réfléchir de nombreux opérateurs touristiques comme Serdar, un important homme d'affaires qui compte sérieusement investir dans l'énorme capital sympathie que suscite la Turquie dans le monde arabe. La conjoncture financière internationale n'est pas favorable, mais le «filon arabe» et particulièrement celui des pays de l'Afrique du Nord ne laisse pas indifférent. A titre d'exemple, l'opération de marketing destinée aux agences touristiques arabes, iraniennes et de l'Inde a coûté quelque 700.000 dollars! C'est dire toute l'importance accordée à cette nouvelle approche dont le but évident est de concilier les affaires et les aspects sociologiques et culturels. Tout en appelant de toute leur force à l'intégration de leur pays dans l'Union européenne et en souhaitant fort que le président américain Obama les soutienne dans ce sens, les opérateurs économiques turcs ne perdent pas le sud! De la Syrie à l'Algérie, en passant par les terres saintes de l'Islam, le passé ottoman n'est pas tout a fait enseveli. Depuis peu, on s'est attelé en Turquie à mettre à jour cet énorme héritage historique et exploiter au profit du renouveau arabo-turc l'extension des relations d'Ankara jusqu'à Téhéran et New Delhi. En 2008, la Turquie a accueilli quelque 26 millions de touristes. Avec un potentiel naturel, humain et infrastructurel, ce pays compte atteindre la barre des 50 millions de touristes d'ici 2020, soit une ambition de progresser de 100% en 10 ans. C'est donc dans le but de mettre tous les atouts de leur côté que les opérateurs turcs, et à leur tête Serdar Mashhadani, se sont carrément tournés vers les pays arabes, l'Iran et l'Inde, un créneau assez négligé, il faut le dire, par les prestigieuses agences touristiques internationales. A bien observer, cette nouvelle politique de charme à destination des Arabes, des Indiens et Iraniens ressemble plutôt à une tentative de retour aux sources menée par une Turquie avide certes de rejoindre l'espace sociologique et économique européen, mais qui ne veut pas couper les ponts avec le monde d'où elle puise l'essentiel de ses ressources spirituelles et culturelles. Cette stratégie est loin de s'apparenter à une tentative de recherche d'une solution de rechange pour compenser une défection planifiée par les agences aux sympathies affichées avec le lobby sioniste. A Antalya ou ailleurs en Turquie, on est tout à fait conscient du fait que l'ouverture vers le monde arabe et plus particulièrement le Maghreb, est devenue une nécessité absolue, sinon une question de stratégie à plusieurs vecteurs dont le tourisme est l'un des plus importants. Que ce soit en Turquie ou ailleurs, en Algérie, en Syrie ou au Liban, entre autres, tout milite pour un rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée. L'ère des discours démagogiques stériles est révolue. Place donc au pragmatisme qui n'est pas dénué de fondements culturels. Et c'est encore mieux quand on a des points communs! On partage quelques pans de l'histoire. On est même des frères mais ce n'est pas suffisant à une époque où l'argent est devenu un soleil autour duquel gravite le monde entier et la seule solution d'éviter de disparaître est de contracter des affaires ensemble. C'est à peu près cette philosophie qui guide aujourd'hui les opérateurs économiques turcs et une partie des investisseurs arabes. De Casablanca à Damas, un puissant courant de sympathie traverse aujourd'hui les sociétés arabes. Il ne s'agit pas d'un effet de mode ou d'une tendance éphémère, mais bel et bien d'un grand besoin ressenti un peu partout à Istanbul, Alger et au Caire, pour ne citer que ces importants carrefours. Ceux qui ont voulu «pénaliser» la Turquie parce que elle s'est mise du côté du droit des Palestiniens à vivre dans la paix, lui ont plutôt rendu un énorme service. En tentant d'exercer une ignoble pression sur Ankara par le détournement de milliers de touristes vers d'autres destinations, ils ont incité les opérateurs turcs à ouvrir les yeux sur la réalité plus ou moins chahutée par les incompréhensions et surtout par un travail médiatique hostile à tout rapprochement entre les Arabes et les Turcs. Désormais, les enjeux sont clairs. La Turquie n'a pas le droit d'occulter cet énorme potentiel qui se chiffre à des dizaine de millions de consommateurs à travers le monde arabe, l'Inde et l'Iran. Et ces derniers semblent plus que jamais décidés à tirer profit des atouts turcs. L'équation ne peut être que bénéfique pour tous... Ce qui, d'ores et déjà, est sûr c'est que plus de 750 agences touristiques provenant de l'Iran et de l'Inde et de tous les pays arabes, ont touché du doigt à Antalya les prémices d'une coopération touristique prometteuse qui permettra à la Turquie de se mettre définitivement à l'abri du chantage idéologico-financier exercé par le lobby sioniste. Pour Serdar Mashhadani, le nerf de ce grand événement qui affichera sans réserve son refus au diktat sioniste et avec lequel il décline toute normalisation, ce sont ces passerelles qui sont déjà en place!