Le député iranien Alaeddin Boroujerdi a déclaré hier que les négociations multipartites entre l'Iran et le G5+1 ne comprendront pas le programme nucléaire du Téhéran, a rapporté Press TV. "Si l'occident insiste sur les sujets irréels, comme la cessation de l'enrichissement d'uranium en Iran, cela ne mènera nulle part et les négociations ne produiront pas de bons résultats", a expliqué M. Boroujerdi. Il a appelé les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne (G5+1) à transformer les affrontements en interactions basées sur les réalités, a indiqué le média. Les négociations sur la question nucléaire iranienne ont repris hier à Genève, alors que l'Iran s'est déclaré autonome au niveau des approvisionnements de carburant nucléaire et a vivement critiqué les tentatives d'assassinats des scientifiques nucléaires. A la veille de cette reprise de contact, l'Iran a annoncé dimanche qu'il allait se servir pour la première fois de concentrés d'uranium de fabrication domestique, signe de sa volonté de poursuivre ses activités dans le domaine nucléaire. Les pays du groupe P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu et l'Allemagne) n'attendent pas d'avancée notable durant les entretiens de lundi et mardi. Des diplomates estiment qu'un accord en vue de nouveaux pourparlers plus substantiels, peut-être début 2011, serait déjà un signe de progrès. La rencontre, dont les travaux étaient dirigés par le négociateur iranien Saïd Jalili et Catherine Ashton, haute représentante pour les affaires étrangères de l'Union européenne qui représente les "Six", a débuté dans une atmosphère plutôt détendue, selon un diplomate prenant part aux entretiens. Les délégués devaient faire une pause pour le déjeuner - qui sera aussi l'occasion de rencontres plus restreintes, bien qu'on ignore si des contacts auront lieu entre Iraniens et Américains. Les discussions reprendront dans l'après-midi et devraient se poursuivre mardi, a indiqué ce diplomate. L'Iran défend son droit à développer un programme nucléaire civil. L'Occident le soupçonne de chercher par ce biais à se doter de la bombe atomique et fait pression sur lui pour qu'il mette fin à ses activités d'enrichissement d'uranium. Un responsable européen a déclaré que les "Six" attendaient de l'Iran des éclaircissements sur des questions restées sans réponses. "Les choix sont clairs pour l'Iran: il peut s'exposer à un isolement grandissant ou coopérer", a dit à Reuters ce diplomate qui a requis l'anonymat. Ali Baqeri, numéro deux de la délégation iranienne, a déclaré que les entretiens iraient au-delà de la question nucléaire et porteraient sur la sécurité régionale, l'Irak, l'Afghanistan, le trafic de drogue et le terrorisme. Les Nations unies ont durci leurs sanctions contre l'Iran ces derniers mois et, selon des diplomates occidentaux, leur impact se fait sentir sur son économie tributaire du pétrole. Mais si l'on en croit Baqeri, ces pressions sont sans effet. "Il n'y a pas d'autre choix que de mener des pourparlers (...) Ces entretiens peuvent préparer le terrain à une interaction", a-t-il déclaré à l'agence iranienne Irna. Les Etats-Unis ont menacé Téhéran de nouvelles pressions si Téhéran continue ses activités d'enrichissement d'uranium. Washington a fait savoir que toutes les options, y compris militaires, restaient possibles et Israël, ennemi intraitable de l'Iran, envisage aussi une attaque militaire en cas d'échec des efforts diplomatiques. Quant aux voisins arabes de l'Iran, qui redoutent la perspective d'un Iran doté d'armes nucléaires, ils restent sur la défensive.