Le directeur de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran (OEAI), Ali Akbar Salehi, a déclaré jeudi à Press TV que Téhéran est prêt à repenser son enrichissement d'uranium au niveau de 20 % s'il est sûr qu'il recevra de l'uranium pour son réacteur de recherche médicale de Téhéran. " Nous n'avons pas cessé d'affirmer que nous continuons l'enrichissement d'uranium de 20 % seulement parce qu'on en a besoin ", a déclaré M. Salehi à la chaîne de télévision locale dans une interview téléphonique. " Si nos besoins (en combustible nucléaire) sont satisfaits par d'autres moyens, nous sommes prêts à revoir nos provisions de fuel domestique ", a-t-il indiqué." L'enrichissement est notre droit d'après les articles du Traité de non-prolifération (TNP), mais cela ne signifie pas que nous voulons enrichir toutes nos réserves à 20 %, car les besoins en fuel du réacteur de Téhéran sont limités ", a ajouté M. Salehi. La Turquie, l'Iran et le Brésil ont signé un accord le 17 mai, selon lequel l'Iran enverra 1200 kg de son uranium enrichi à 3,5 % à la Turquie en échange d'uranium enrichi à 20 % pour son réacteur de recherche médicale de Téhéran. Après cet accord, Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré que cet accord ne change en rien les mesures prises pour imposer des sanctions à l'Iran. Les pays occidentaux poussent pour des sanctions multidimensionnelles contre l'Iran pour sa persévérance à poursuivre son programme nucléaire sensible. Téhéran insiste sur le fait que son programme nucléaire est " pacifique " et a pour but de produire de l'énergie à des fins civiles. Par ailleurs, l'Europe adopte lundi des sanctions d'une ampleur sans précédent contre l'Iran et son secteur énergétique pour pousser Téhéran à reprendre les négociations sur son programme nucléaire controversé, une stratégie qui semble commencer à payer. La décision devait être prise dans la journée à l'occasion d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE à Bruxelles. Leurs ambassadeurs se sont déjà mis d'accord la semaine dernière. La chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a parlé lundi d'un "paquet complet de sanctions" en arrivant à la réunion. "C'est un sujet sur lequel vous pouvez voir les 27 pays de l'UE travailler ensemble", a-t-elle ajouté. La palette de mesures, tout en transposant celles adoptées le 9 juin par le Conseil de sécurité de l'Onu -du fait du refus de l'Iran de suspendre ses activités d'enrichissement derrières lesquelles l'Occident voit les prémisses de l'arme atomique- vont beaucoup plus loin que celles-ci. "Il s'agira du paquet de sanctions le plus important que l'UE ait jamais adopté contre l'Iran ou contre tout autre pays", souligne un diplomate. Les Etats-Unis et l'Australie ont déjà pris des mesures d'une ampleur voisine et le Canada devrait suivre. L'Europe s'en prend en particulier au secteur des industries gazière et pétrolière. Il est prévu d'interdire tout nouvel investissement, assistance technique ou transferts de technologies, notamment pour le raffinage et la liquéfaction de gaz. Ce domaine est sensible : l'Iran a beau être le quatrième producteur mondial de pétrole brut, il importe jusqu'à 40% de son essence car il manque de capacités de raffinage pour satisfaire sa demande intérieure. Outre l'énergie, le secteur iranien du transport de fret sera durement frappé, les contrôles dans les ports européens ou en haute mer renforcés. Les échanges commerciaux doivent être rendus plus difficiles, l'activité d'un nombre accru de banques iraniennes interdite et la liste de personnes privées de visa étendue. Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad a mis en garde dimanche les pays de l'Union européenne, affirmant que Téhéran réagirait "avec fermeté" et l'accusant de participer à une "guerre psychologique" aux côtés des Etats-Unis. "Je pense que certains en Iran ne s'attendaient pas à ce que l'Union européenne adopte de telles sanctions", a estimé lundi le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères Werner Hoyer, "on commence à réfléchir en Iran".