Le risque souverain est le plus gros danger auquel le système financier de la zone euro est exposé, estime la Banque centrale européenne (BCE) dans son rapport semestriel sur la Stabilité financière publié jeudi. Elle ajoute que si les banques devaient solliciter plus d'assistance que ce que l'on prévoit actuellement, la situation pourrait nettement empirer. La BCE énonce également que les autorités et la BCE doivent prendre garde à ne pas retirer trop rapidement leurs mesures de soutien exceptionnelles. "Un petit nombre d'établissements... dépendent excessivement de la liquidité de la banque centrale et représentant une part importante des volumes de refinancement totaux", remarque la BCE. "Les craintes vis-à-vis de ces banques et des difficultés qu'elles devront surmonter lorsque la BCE procèdera à nouveau au retrait progressif de ses mesures de soutien au crédit restent vives". "La principale source de préoccupation provient de l'interaction entre les problèmes de la dette souveraine et les fragilités de certains segments du secteur bancaire de la zone euro", a expliqué de son côté le vice-président de la BCE Vitor Constancio. "Je ne fais aucune recommandation. D'un point de vue technique, accroître le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pourrait faciliter (un apaisement des tensions sur les marchés de la dette souveraine)". Prié de dire pourquoi la BCE n'avait pas donné de prévision chiffrée pour les futures dépréciations que les banques devront encore constituer, Constancio a répondu que la raison en était que la pire phase du cycle était passée. Prié de dire si la BCE jugeait vraisemblable une nouvelle grosse vague de dépréciations, il a répondu: "Non, bien sûr que non". La BCE observe enfin que les besoins de financement des finances publiques de certains pays de la zone euro resteront élevés dans les années qui viennent et qu'en conséquence "il y a un risque de concurrence accrue au financement".Il par ailleurs relever que le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a estimé mercredi que la situation en Europe restait difficile et que les effets de la crise financière étaient loin d'être terminés. "La situation en Europe reste difficile et l'avenir plus incertain que jamais", a déclaré le directeur général du FMI lors d'un discours prononcé dans le cadre des Rendez-vous mondiaux de Genève. Selon lui, les crises grecque et irlandaise soulignent la nécessité de mesures plus efficaces pour régler les crises économiques et financières. "Le retard dans le renforcement de la supervision et dans la création de mécanismes efficaces de résolution des crises pourrait bien conduire à la prochaine crise", a-t-il déclaré. "L'euro n'est pas le problème. L'euro doit être accompagné par une meilleure coordination au niveau régional", a-t-il a dit aux diplomates réunis au Palais des Nations à Genève. Mardi, il avait critiqué la zone euro pour sa réponse désordonnée à la crise de la dette. "La zone euro doit fournir une solution complète à ce problème. L'approche fragmentaire, un pays après un autre, n'est pas la bonne," avait--il dit lors d'une visite en Grèce. Dans son discours à Genève, il a demandé une plus forte régulation économique et financière en précisant que sans une surveillance convenable "le désastre pourrait arriver plus vite qu'attendu". Dominique Strauss-Khan a rappelé qu'il était urgent et nécessaire de réformer les règles du secteur bancaire et que les autorités de la planète ne bougeaient pas suffisamment vite pour résoudre les problèmes. "Il est important d'appliquer de nouvelles règles au secteur financier," a-t-il dit. "Nous avons besoin d'autorités de surveillance qui n'aient pas peur de dire non aux puissants intérêts économiques". Il a également souligné que la plupart des pays étaient sortis de la crise financière. C'est notamment le cas de la plupart des économies asiatiques. L'Amérique latine et l'Afrique ne se portent pas trop mal. "Il y a une forte croissance au Brésil, mais aussi au Chili, au Pérou et en Colombie. Les pays asiatiques sont sortis de la crise en moins d'une année", a-t-il dit. "Aux Etats-Unis la situation est plus incertaine," a-t-il continué. "Nous ne sommes pas encore sortis de la crise mais il ne faut pas avoir une vue trop européenne."