Les banques portugaises vont être confrontées à d'importants défis au cours des prochaines années, notamment pour trouver de nouvelles sources de financement et faire face à la faible croissance économique du pays qui va peser sur leurs bénéfices, a averti mardi la Banque du Portugal dans son rapport semestriel de stabilité financière. Selon ce rapport, les banques vont devoir trouver de nouveaux moyens de se financer à moyen terme, lorsque la Banque centrale européenne retirera ses mesures exceptionnelles de soutien au secteur financier. La Banque du Portugal pense néanmoins que ce retrait ne sera pas pour tout de suite. La banque centrale estime que la montée du déficit de l'Etat portugais est responsable des problèmes auxquels sont confrontées les institutions financières du pays, à la différence de l'Irlande, où c'est le secteur bancaire qui a conduit le pays à nécessiter une aide extérieure. Depuis des mois, les banques portugaises se financent auprès de la BCE car la défiance quant à leur capacité à rembourser leurs emprunts a fait grimper leurs coûts de financement sur les marchés internationaux à des niveaux prohibitifs. La BCE n'a pas dit quand elle comptait arrêter ses prêts illimités aux banques, mais elle a indiqué que ce dispositif était temporaire. "Le recours permanent et à grande échelle aux financements de l'Eurosystème n'est pas durable et demande une redéfinition des stratégies de financement des banques portugaises", écrit la Banque du Portugal dans son rapport. Le gouvernement portugais a adopté un budget d'austérité pour 2011 afin de réduire le déficit public et apaiser les investisseurs qui s'inquiètent d'un possible recours à une aide financière internationale si la crise de la dette se propage plus avant dans la zone euro. Mais les données budgétaires de l'année ne rassurent en rien les marchés, le déficit budgétaire s'étant creusé de 1,8% sur les dix premiers mois de l'année. Pour beaucoup d'économistes, la question n'est pas de savoir si le Portugal va demander une aide mais quand. Le gouvernement de José Socrates s'est engagé à réduire le déficit budgétaire à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 7,3% cette année. La Banque du Portugal souligne en outre que les mesures d'austérité, qui incluent notamment des baisses de salaire et des hausses d'impôts, freineront l'activité économique l'année prochaine, même si leur impact pourrait être minimisé par la demande extérieure de produits portugais. Un ralentissement de l'économie altérerait les actifs des banques et réduirait le crédit disponible pour les entreprises et les ménages, dont les revenus devraient diminuer. "Compte tenu des perspectives pour l'économie portugaise, renforcer (...) les provisions pour pertes sur créances et, surtout, renforcer la capitalisation du système bancaire est essentiel pour assurer qu'il demeure résistant aux chocs défavorables", explique la banque centrale. Dans son rapport, elle préconise enfin la recherche de nouvelles stratégies pour que les banques puissent utiliser les fonds de leur clientèle afin de réduire le risque d'assèchement de liquidité, les établissements portugais étant privés d'accès au marché interbancaire en raison des craintes pesant sur les économies périphériques de la zone euro et se trouvant ainsi dépendantes des financements de la Banque centrale européenne. Banco BPI souligne dans une note que ce rapport "décrit un scénario difficile pour les banques portugaises dans les années à venir (...) nous croyons que le secteur va continuer dans la période qui vient à être pénalisé par les préoccupations souveraines".