Vilipendé d'un côté, soutenu, de l'autre, le reportage "Gaza-Strophe le jour d'après" cosigné Samir Abdellah, un danois d'origine égyptienne et Kheridine Mabrouk a raflé ce samedi le Grand prix France Télévisions du documentaire et du reportage méditerranéens, selon le Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle (CMCA). Le film déjà diffusé le 10 février 2010 sur la chaîne France Ô (visible en TNT) du groupe France Télévisions avait suscité des réactions violentes au point où la veille, l'ambassade d'Israël en France avait essayé, en vain, de le faire interdire. Le Grand prix France Télévisions décerné par le jury de la 15ème édition du Prix international du documentaire et du reportage méditerranéens, a été qualifié de victoire agréable qui vient balayer les difficultés et les pressions subies par le groupe France Télévisions pour déprogrammer le documentaire mais qui malgré tout, a eu le courage de le diffuser en prime time ; ont souligné les organisateurs. Le jury a jugé le documentaire "Gaza-strophe, le jour d'après", nominé dans la catégorie "Enjeux Méditerranéens", comme étant une œuvre qui participe à une meilleure compréhension de la situation actuelle dans le bassin méditerranéen et particulièrement dans les territoires palestiniens sous occupation israélienne. Mais les lobbys israéliens ont déploré le contenu du documentaire qui selon eux, serait "un plaidoyer à charge contre l'existence de l'Etat Hébreu où on voit des interviews factices de comédiens qui affirment que les soldats israéliens tuent délibérément des enfants sous prétexte qu'ils sont musulmans ". "Gaza-Strophe le jour d'après" a été filmé par les deux réalisateurs qui sont rentrés avec leurs caméras le 20 janvier 2009, au surlendemain du cessez-le-feu. Ils en ont rapporté des images bouleversantes. Des survivants sont filmés en direct devant les ruines de leur maison. Ils racontent leur calvaire, qui a duré vingt jours. Ce prix a en outre "primé la capacité des deux réalisateurs à interroger et mettre en perspective les évènements, ainsi qu'à se mettre à l'écoute des protagonistes et des victimes de l'agression israélienne contre la population civile", a-t-on souligné. La sortie en salle de cinéma de l'Hexagone de "Gaza-Strophe le jour d'après" est prévue pour la mi-janvier 2011. La version cinéma compte 90 minutes et un DVD est déjà en vente. Selon les membres du jury, ce film " a pour objectif de montrer certaines réalités occultées et que les images et les témoignages des protagonistes dévoilent avec efficacité ". " Encore sous le choc, femmes, hommes et enfants ont donné leurs premières impressions sur cette attaque barbare. Ils ont perdu plusieurs membres de leur famille, leur maison a explosé sous les bombes de l'armée israélienne. Une fillette de dix ans raconte comment elle a perdu son père, sa mère et ses six sœurs qui dormaient avec elle dans une petite chambre. Elle a survécu parce qu'elle était allé aux toilettes. Une mère accablée de chagrin raconte comment elle a perdu son mari et ses trois fils, dont le dernier avait moins de deux ans. Ils ont dénoncé le massacre méthodique d'une population civile par une armée suréquipée ; ils ont affirmé leur volonté de résistance, leur attachement à la vie et leur désir de reconstruction. Pourtant, dans leurs yeux, aucune haine pour les assassins. Les deux réalisateurs étaient ainsi au cœur de l'offensive israélienne "Plomb durci" menée en décembre 2008 et janvier 2009 et au cours de laquelle ont été commis des crimes contre l'humanité, comme l'a souligné le rapport Goldstone.