La pression s'est encore accrue lundi sur Gbagbo, l'Union européenne annonçant son intention d'imposer des «mesures restrictives» contre lui et les siens, en raison de leur refus de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara De plus en plus isolé sur la scène internationale, le régime de Laurent Gbagbo a engagé la contre-attaque, sommant les forces de l'ONU de ne pas «faire la guerre aux Ivoiriens», après avoir accusé des diplomates occidentaux de chercher à le «déstabiliser». La pression s'est encore accrue hier sur Gbagbo, l'Union européenne annonçant son intention d'imposer des «mesures restrictives» contre lui et les siens, en raison de leur refus de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle du 28 novembre. Comme ces derniers jours, Abidjan, théâtre d'embouteillages monstres, connaissait une activité quasi-normale hier. Les habitants attendaient de savoir si le couvre-feu, imposé depuis quinze jours (de 22h00 à 05h00, GMT et locales) et censé prendre fin en début de semaine, serait prolongé. Mais sur le plan politique, la situation était toujours aussi bloquée dans ce pays déjà coupé en un sud loyaliste et un nord rebelle depuis le coup d'Etat manqué de 2002. Et ce week-end le camp Gbagbo a démontré qu'il n'entendait pas céder du terrain. Lors d'une tournée dans des casernes dimanche à Abidjan, le chef d'état-major des forces loyalistes, le général Philippe Mangou, a mis en garde les «Forces impartiales» - Casques bleus de l'ONU et force française Licorne -, leur demandant d'être «véritablement impartiales». «Nous conseillons (...) à nos frères des Forces impartiales de ne plus jamais avoir sur leurs mains le sang des Ivoiriens», a-t-il dit, ajoutant: «Ils ne sont pas ici pour faire la guerre aux Ivoiriens, ils sont ici pour aider les Ivoiriens à aller à la paix.» Le général Mangou a rappelé «les événements douloureux» de 2004 au cours desquels les tensions entre la Côte d'Ivoire et l'ex-puissance coloniale française, consécutives à la crise de 2002, avaient atteint leur paroxysme. Un bombardement de l'aviation ivoirienne avait causé la mort de neuf soldats français à Bouaké (centre) et plus de 50 manifestants ivoiriens étaient tombés à Abidjan sous les balles des soldats français. L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) compte actuellement quelque 10.000 éléments, appuyés par les 900 hommes de la force française Licorne. Leur mission est d'empêcher une reprise du conflit de 2002. La mise en garde du général Mangou est survenue au lendemain de l'avertissement d'Emile Guiriéoulou, ministre de l'Intérieur de Gbagbo, lancé aux diplomates «occidentaux» à Abidjan, accusés d'«approcher» des officiers de l'armée régulière «pour les persuader de faire allégeance» à Ouattara. Le gouvernement «ne saurait tolérer plus longtemps d'immixtion de quelque diplomate, quel que fût son rang, dans les affaires intérieures» ivoiriennes, a prévenu le ministre. La communauté internationale a quasi-unanimement condamné le maintien au pouvoir de Gbagbo et reconnu Ouattara comme président légitime. Pas seulement les Occidentaux, puisque la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union africaine ont suspendu la Côte d'Ivoire. Le pays se retrouve depuis environ une semaine avec deux présidents et deux gouvernements. Ouattara a été déclaré vainqueur du scrutin par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des voix, résultat aussitôt invalidé par le Conseil constitutionnel, acquis à Gbagbo, qui a proclamé ce dernier président avec 51,45% des voix.