Pas question de céder aux pressions. Alors que Laurent Gbagbo veut bouter l'ONU hors de la Côte d'Ivoire, la réponse de Ban Ki-moon a été très claire. Les casques bleus de l'ONU resteront en Côte d'Ivoire pour y accomplir leur mandat en dépit du retrait exigé par Laurent Gbagbo, a annoncé samedi le secrétaire général de l'ONU. Dans un communiqué diffusé par son porte-parole, Ban Ki-moon se dit déterminé à ce que "l'Onuci accomplisse son mandat et continue de surveiller et de rassembler les preuves concernant toute violation des droits de l'homme, incitation à la haine et à la violence ou attaque sur les casques bleus de l'ONU". Quelque 10.000 casques bleus et policiers de l'Onuci et 950 soldats français du dispositif Licorne sont déployés en Côte d'Ivoire. "L'ONUCI remplira son mandat et continuera à surveiller et à enregistrer toutes les violations des droits de l'Homme, les incitations à la haine et à la violence ou les attaques contre les casques bleus", a déclaré le porte-parole de Ban Ki-moon. "Il y aura des conséquences pour ceux qui ont commis ou ont orchestré de tels actes ou qui le feront à l'avenir". Le secrétaire général est "profondément préoccupé par les attaques contre une patrouille et des sentinelles de l'ONU au quartier général" de l'ONUCI à Abidjan, "perpétrées par des éléments des forces de sécurité ivoiriennes apparemment loyaux à M. Gbagbo et par une attaque contre des observateurs militaires de l'ONU par des Jeunes Patriotes samedi, qui a fait deux blessés parmi les observateurs", a ajouté le porte-parole. Un peu plus tôt samedi, l'ONUCI avait fait savoir que des hommes masqués en uniformes militaires avaient ouvert le feu sur son siège à Abidjan. Aucun personnel de l'ONU n'a été blessé. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira lundi pour discuter de la situation en Côte d'Ivoire et du renouvellement du mandat de l'ONUCI qui expire le 31 décembre. Les Nations unies, comme l'Union africaine, ont reconnu la victoire de son rival Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle du 28 novembre, proclamée par la Commission électorale indépendante ivoirienne. Mais le Conseil constitutionnel ivoirien a proclamé vainqueur Laurent Gbagbo qui refuse donc de céder sa place. Ban Ki-moon a rappelé que "la communauté internationale a parlé d'une seule voix concernant la tentative par M. Gbagbo de garder le pouvoir". Le "continent africain est uni dans sa détermination à faire respecter la volonté du peuple ivoirien exprimée démocratiquement et ont reconnu M. Ouattara comme le président-élu", a-t-il insisté. Environ 9.000 casques bleus se trouvent en Côte d'Ivoire et environ 800 d'entre eux protègent le complexe où Alassane Ouattara est retranché et tente de gouverner le pays. Samedi, Laurent Gbagbo a exigé le départ immédiat des casques bleus de Côte d'Ivoire ainsi que des forces françaises de l'opération Licorne, accusant l'ONU d'être un "agent de déstabilisation" du pays. Dans une déclaration lue à la télévision d'Etat ivoirienne, une porte-parole de Laurent Gbagbo a accusé l'ONUCI de ne pas être restée neutre dans le conflit électoral. L'Etat de Côte d'Ivoire considère que l'ONUCI s'est montrée coupable de manquements graves qui prouvent indubitablement qu'elle est un "agent de déstabilisation" et contribue à aggraver la "division du peuple ivoirien", a-t-elle dit. Laurent Gbabgo a accusé l'ONUCI d'armer les rebelles des Forces nouvelles alliés à Alassane Ouattara. Le président ivoirien a également demandé le départ des quelque 900 soldats français de la force Licorne qui appuient les forces de l'ONU. Vendredi, le président français Nicolas Sarkozy avait prévenu que Laurent Gbagbo devait abandonner la présidence à Alassane Ouattara "avant la fin de la semaine" sans quoi il ferait l'objet de sanctions de l'Union européenne et pourrait être poursuivi par la Cour pénale internationale. "Ce qui se passe en Côte d'Ivoire est parfaitement inadmissible", avait estimé M. Sarkozy en marge du sommet de l'Union européenne à Bruxelles.