Situation n Gbagbo exige le départ de l'ONU et de la force militaire française, alors que la communauté internationale le somme de céder le pouvoir à son rival Ouattara. Cette annonce intervient au moment où une reprise de la quasi-guerre civile de 2002-2003 qui avait conduit à l'envoi de ces forces d'interposition est de plus en plus redoutée par les Ivoiriens. Après l'élection du 28 novembre dernier, Gbagbo et Ouattara, reconnu Président par l'ONU et la France notamment, se disputent le pouvoir. Leur duel a déjà débouché jeudi dernier sur des violences ayant fait au moins onze morts et des scènes de guerre à Abidjan et en province. «Le président de la République de Côte d'Ivoire vient de demander le départ immédiat de l'Onuci qui compte 10 000 Casques bleus et de la force française Licorne, environ 900 hommes, qui la soutiennent», selon un communiqué du gouvernement Gbagbo lu hier samedi à la Télévision d'Etat RTI. Il a accusé l'Onuci, «agent de déstabilisation», d'avoir transporté et fourni des armes à l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), alliée à Ouattara. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rejeté la demande de retrait. «L'Onuci remplira son mandat et continuera de surveiller toutes les violations des droits de l'Homme, les incitations à la haine, ou les attaques contre les Casques bleus», selon un communiqué. «La récréation est terminée !», a déclaré Charles Blé Goudé, leader de la Jeunesse pro-Gbagbo, illustrant le durcissement de son camp, de plus en plus isolé sur la scène internationale, mais qui garde les commandes du pays. «Nous allons défendre la dignité et la souveraineté de notre pays jusqu'à la dernière goutte de notre sueur», a affirmé le chef des «Jeunes patriotes» et ministre de la Jeunesse de Gbagbo. «Je demande à tous les Ivoiriens de s'apprêter à livrer ce combat», a poursuivi celui qui fut le fer de lance de violentes manifestations anti-françaises en 2003 et 2004 et qui reste soumis à des sanctions de l'ONU. Hier, samedi, dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon, il a réuni plusieurs centaines de partisans très remontés qui criaient : «Licorne dehors !», «Onuci dehors !». «Gbagbo ne partira pas et ne partira jamais», a-t-il juré, accusant le Président français Nicolas Sarkozy et l'ONU de préparer «un génocide». Autre signe d'une montée de la tension : une patrouille de l'Onuci, puis le siège même de l'opération à Abidjan, ont essuyé dans la nuit de vendredi à samedi des tirs d'«hommes armés vêtus de tenues militaires et voyageant dans un véhicule civil», a annoncé l'Onuci. «Il y aura des conséquences pour ceux qui ont perpétré ou orchestré de telles actions, ou qui le feront à l'avenir», a prévenu Ban Ki-moon. Parallèlement, Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara, a qualifié la demande de retrait de l'ONU de «ridicule». «Cette décision ne peut pas être appliquée puisque Gbagbo n'est plus Président», a déclaré Soro, en dénonçant «une vraie folie meurtrière qui va semer la désolation et créer un autre Rwanda en Côte d'Ivoire». Le camp Ouattara a appelé les siens à rester «mobilisés», malgré l'échec d'une tentative de marche sur la RTI et le siège du gouvernement, aux mains du chef de l'Etat sortant.