Pendant le cycle des conférences organisées en marge du quatrième festival du film d'Oran ouvert depuis jeudi, l'excellent Safy Boutella a longuement parlé de son travail de compositeur de musique de films. Selon lui "Sans la musique, le film est nu", a-t-il estimé lors d'une conférence ayant pour thème "Musique et cinéma", organisée lundi à la cinémathèque. "On n'est pas tout seul lorsqu'on travaille sur la musique d'un film. Nous ne sommes pas libres dans notre travail, car il faut répondre aux attentes du réalisateur et aux exigences du film. Finalement, c'est le film qui commande notre travail", a-t-il déclaré en soulignant la place qu'occupe la musique dans une œuvre filmique. Safy Boutellaa pendant un long moment parlé de son travail, de la manière dont il conçoit une musique et les difficultés qu'il rencontre. Evoquant son expérience, il a dit que "les musiques de films m'ont permis d'enrichir mon répertoire musical", tout en insistant sur "la marge d'action limitée du musicien" dans son travail. Né le 6 janvier 1950 à Pirmasens dans l'ex-RFA, compositeur et poly-instrumentiste, ancien élève du Berklee College of Music de Boston aux Etats-Unis, Safy Boutella est révélé au public avec Kutché, l'album inaugural de l'aventure internationale du raï, qu'il signe avec Cheb Khaled en 1986. Quatre ans plus tard, il enregistre Mejnoun, un opus en forme de manifeste, produit en France par Label Bleu. " Ni métissée, ni world", sa musique est une exploration permanente entre Orient et Occident. Auteur d'un très grand nombre de compositions pour le cinéma, la télévision et la publicité, il a, également, signé les arrangements d'artistes comme Amazigh Kateb & Gnawa Diffusion ( Inaal ding dingue dong, album Algéria, 1996) Amel Wahby (El-Khiyala, album Yabeit, 1998), Djamel Allam (album Gouraya, 1999), le Marocain Abdy (album Galbi, 2000) et Nawel El-Zoghbi (Habib Dialy, Bladi, album Layali, 2000). Safy Boutella joue du jazz algérien. Son deuxième album, Mejnoun, veut dire possédé en français, est une composition originale et audacieuse, un bouquet coloré aux senteurs subtiles, dont l'essence est la culture arabe. Safy Boutella a toujours apporté un bol d'air vivifiant à la musique moderne arabe. à la musique universelle, devrait-on dire, car son inspiration s'envole bien au-delà des frontières. Tandis que la musique algérienne s'essouffle à force d'exploiter le raï, Safy Boutella fait figure de sauveur. Il invente une musique à son image, rebelle aux normes et plurielle. En 1984, dès son retour de Boston où il a bouclé des études de musique, Safy Boutella occupe le poste de chef de section musique, chant et danse à l'entreprise Sonatrach, où il s'occupe d'une école de musique et d'une école de danse pour les enfants des travailleurs. Dans le même temps, il compose plus d'une trentaine de compositions de musiques de films pour le cinéma, la télévision et de musiques de théâtre. Co-auteur en collaboration avec Nadia Mecheri-Saâda (Ethnomusicologue) d'un rapport sur la situation musicale et chorégraphique en Algérie et devant servir pour la création d'une " Commission nationale pour la musique et la danse ". C'est lui qui a composé une œuvre commandée à l'occasion du 30e anniversaire du déclenchement de la Révolution de Novembre. Composition contemporaine originale intitulée " Actions musicales pour une pensée majeure ", interprétée par un orchestre symphonique, un chœur de 170 voix mixtes et trois troupes folkloriques du Sahara (Djanet. Tamanrasset et Adrar).