Sidi Bel Abbès aura été l'hôte d'une édition rocambolesque, où un jury audacieux a supprimé trois prix et où le Maroc triomphe pour la seconde fois. Le rideau est tombé jeudi soir sur la 9e édition du Festival international culturel du film amazigh avec un coup de théâtre des plus audacieux. Le jury, présidé par le réalisateur Ali Mouzaoui et constitué, notamment du compositeur Safy Boutella, Mme Hmis Jouher, Jean-Pierre Garcia, directeur du Festival d'Amiens, Omar Fatmouche, Kada Kader et Slimane Hachi, a décidé, contre toute attente, de ne pas attribuer le grand prix du festival. Il s'est abstenu ainsi de donner ce prix «pour des raisons d'exigence de qualité et aussi pour ne pas tomber dans la complaisance», selon M.Ali Mouzaoui. Néanmoins, un Prix spécial du jury à été décerné au film La tour d'argent au réalisateur Hafid Aït Braham (18 minutes). Un film primé pour son style burlesque, fait avec peu de moyens mais qui a su séduire le public. Les Prix de la meilleure interprétation masculine et féminine ont été également supprimés pour absence réelle de potentialités dans ce sens. Le Prix du meilleur court métrage est revenu au film marocain Izorane (Racines) du Marocain Az El Arab Alaoui Lamharzli et le Prix du meilleur film d'animation au film Trésor d'une planète de Ifaz Matoub pour sa grande valeur esthétique. Le Prix du meilleur documentaire d'une valeur de 250.000DA a été décerné au film Tamourt Igouran de Rabah Boubras, pour l'utilisation de la montagne comme un fort symbole poétique. Un nouveau prix, celui de la meilleure musique de film a été remis au film marocain Khouya Tarek, en hommage à Tarek Ben Ziad du realisateur Abdellah Labdaoui. Organisée en partenariat officiel avec la Télévision algérienne, la 9e édition du Festival international du film amazigh a permis de mettre en réseau un certain nombre d'initiatives et d'institutions culturelles. On peut citer l'école des Beaux-Arts de Sidi Bel Abbès dirigée par le plasticien Abdelkader Belkhoussat, qui a été associée à la réalisation des banderoles du festival et les étudiants ont oeuvré, durant cet événement, à la création d'une fresque collective présentée lors de cette soirée de clôture au rectorat de l'université Djillali-Liabès. Une façon d'impliquer les gens de la ville de Sid Bel Abbès. Les étudiants des Beaux-Arts, bénéficieront, nous apprend-on, au mois de mars, d'une formation au ciné-club. Notons que Djebour Abdel Hamid et Sayeb Hcen ont reçu chacun une bourse d'écriture, grâce au soutien de l'ambassade de France en Algérie et dans le cadre du protocole d'accord de coproduction et de coopération entre l'Algérie et la France. Le jury constitué de M.Ahmed Ben Alem, Belkacem Rouache et Seria Ahmed a primé ces deux jeunes, respectivement pour leurs scénarios Le rêve assassin et Cama Toudir Toudar. Par ailleurs, cette cérémonie à laquelle ont pris part les festivaliers, artistes et invités d'honneur du festival, et notamment une forte présence de la société civile, en sus des autorités locales, aura été l'occasion de dévoiler le nom de la prochaine ville devant abriter la 10e édition du Festival international du film amazigh, au mois de janvier prochain. Cette fois, direction le Sud, plus précisément à Tamanrasset. Après l'ouverture par l'hymne national et la minute de silence pour peuple palestinien opprimé, l'entame de la cérémonie de clôture a été des plus envoûtantes, marquée par le spectacle de Safy Boutella devant fêter ses 30 ans de carrière, l'an dernier, au Théâtre de verdure (Alger) et projeté en vidéo. 18 minutes d'évasion et de pur bonheur musical. La soirée s'est poursuivie par l'arrivée du groupe Eclipse qui a raflé le Premier Prix récemment au Festival national de la chanson amazighe de Tamanrasset. Lors d'une conférence de presse tenue tard dans la soirée, juste après la clôture, «l'architecte» et commissaire du Festival, à savoir Si Hachemi Assad, a tenu à animer une conférence de presse afin d'apporter son évaluation de cette dernière édition. Sans vouloir la comparer avec les précédentes éditions, M.Assad dira tout le bien qu'il pense de cet événement, en raison de la présence, dit-il, des têtes d'affiche et artistes venus d'ailleurs qui ont rehaussé par leur présence ce festival. On peut citer le chanteur Aït Menguellet, Safy Boutella, Azouz Begag, Kamel Hamadi, etc. Subventionné par le ministère de la Culture à hauteur de 900 millions de centimes, Si Hachemi Assad, qui évoquera le rôle des sponsors dans l'organisation et la fabrication d'un tel événement, déplorera cependant cette dépendance étatique qui, si elle vient à être supprimée, emporterait avec elle le festival. Le commissaire du festival expliquera le manque de longs métrages cette année par la réduction de productions réalisées au cours de l'année dernière, qui a vu l'édition précédente riche de longs métrages en raison de la tenue de l'événement «Alger, capitale de la culture arabe».