La zone euro va compter dix-sept pays et environ 330 millions d'habitants avec l'Estonie qui la rejoindra en janvier, à un moment où elle traverse sa plus grave crise depuis sa création en 1999 du fait de l'ampleur de la dette des Etats membres. Ensemble, ces pays représentent un important poids économique et commercial: le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro atteignait 8956 milliards d'euros l'an dernier, selon l'office européen des statistiques Eurostat. C'est moins que celui des Etats-Unis, le pays qui pointe à la première place dans l'économie mondiale, mais plus que celui de la Chine ou du Japon. La zone euro a été créée en 1999, par 11 des 15 pays que l'Union européenne comptait alors: l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal. La Grèce a été la première à les rejoindre en 2001, suivie de la Slovénie en 2007, de Chypre et Malte en 2008, et de la Slovaquie en 2009. Début 2011, ce sera le tour de l'Estonie. Au moment où l'Estonie adopte fièrement la monnaie européenne, l'enthousiasme de la plupart des autres candidats est tempéré par les déboires de la zone euro: les Polonais ne comptent pas y entrer avant 2015 et les Tchèques ne fixeront même pas de date avant quatre ans Tous les pays qui ont rejoint l'UE depuis 2004 se sont engagés à adopter à terme la monnaie commune. Mais la crise mondiale les a éloignés des critères requis et leur a fait fixer d'autres priorités immédiates. Après la Slovénie en 2007, Chypre et Malte en 2008 puis la Slovaquie en 2009, c'est l'Estonie, une ancienne république soviétique, qui passera à l'euro le 1er janvier. La République tchèque s'est placée délibérément à l'autre extrémité du peloton. Son Premier ministre, Petr Necas, en poste depuis juillet, a déclaré qu'il ne fixerait même pas de date d'adhésion avant la fin de son mandat de quatre ans. Le très eurosceptique président tchèque, Vaclav Klaus, encourage le gouvernement, selon la presse locale, à négocier avec Bruxelles le droit de renoncer à l'adoption de la monnaie européenne, alors que 55% des Tchèques se déclarent opposés à la disparition de leur couronne. En Hongrie, le Premier ministre, Viktor Orban, a estimé qu'au vu de l'état des finances publiques, l'adhésion à l'euro n'était plus d'actualité. Depuis la crise mondiale, la Hongrie --qui a échappé de justesse à la faillite en 2008 grâce à un prêt international de 20 milliards d'euros-- a adopté une série de mesures d'austérité mais sa dette publique frôle toujours 80% du PIB. La Pologne, la plus grande économie de la région et le seul membre de l'UE à avoir préservé la croissance sur 2009, ne prévoit pas de rejoindre la zone euro avant 2015. Son ministre des Finances a prévenu récemment que "le chemin sera long". En attendant, la chambre basse polonaise s'est penchée en décembre sur un projet d'amendement de la Constitution, destiné à simplifier les procédures légales de l'adoption future de l'euro. Le président roumain, Traian Basescu, n'a pas exclu que son pays entre dans la zone euro plus tard qu'à la date initialement prévue du 1er janvier 2015, pour mieux préparer l'économie nationale afin d'éviter un scénario à la grecque. En revanche, la Bulgarie veut y adhérer "le plus vite possible", selon son ministre des Finances, Simeon Djankov. M. Djankov a cependant reconnu que l'entrée dans le mécanisme MCE II, antichambre de la zone euro, lui semblait impossible avant la fin de 2011, ce qui repousserait la date d'adhésion au delà de 2013.