En 2010, les pays africains ont adopté plusieurs instruments pour réduire l'impact de la crise. Il faut dire que la croissance rapide de l'Afrique a été brutalement interrompue en 2009 par la crise financière mondiale à laquelle les pays africains ont répondu avec détermination et prudence en 2010. Dans ce sens, les pays africains ont pris des mesures de relance budgétaires, l'assouplissement de la politique monétaire, l'assistance sectorielle ciblée, le contrôle des flux de capitaux et de nouvelles réglementations dans le secteur bancaire, a indiqué Léonce Ndikumana, directeur du département de la recherche sur le développement de la Banque africaine de développement (BAD), qui était le chef de l'analyse macroéconomique à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique. En outre, de nombreux pays ont pu puiser dans leurs réserves pour atténuer le choc, ayant accru leurs dépenses publiques principalement dans le domaine des infrastructures. Pour mettre ou remettre l'Afrique sur la voie d'une croissance économique forte et soutenue dans les années à venir, l'expert de la BAD a appelé plus d'efforts en matière de mobilisation de ressources intérieures dans les programmes d'action, soulignant que les pays africains ne disposent pas suffisamment de ressources pour compenser pleinement les effets de la crise. Selon lui, la politique macroéconomique au cours de la prochaine décennie devrait cesser d'accorder trop d'importance à la stabilité macroéconomique, qui était en grande partie maintenue pendant la crise, au détriment de la croissance. Pour être efficaces, les politiques macroéconomiques devraient être accompagnées de réformes structurelles et de filets de sécurité sociale pour protéger les groupes les plus vulnérables. Puis, pour tirer meilleur profit de la mondialisation, l'Afrique devrait faire de l'attraction des flux de capitaux privés une priorité pour le développement. "Attirer des IDE productifs pourrait permettre de stimuler la croissance, et de renforcer la productivité des activités nationales existantes, en vue de générer des retombées positives". En outre, le continent doit promouvoir l'intégration régionale, qui constitue une source de résistance aux éventuelles crises et qui permettrait aux pays africains de diversifier leurs économies et de se prémunir contre les chocs extérieurs, tout en renforçant l'efficacité résultante des économies d'échelle. L'expérience de la crise a laissé entrevoir l'importance de la diversification des exportations tant pour les produits que pour les partenaires commerciaux. "Il est important de noter que les pays ayant des relations avec les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), surtout avec la Chine et l'Inde, ont enregistré une moindre baisse des échanges et de la croissance pendant la crise", a-t-il révélé. cet expert de la BAD estime que "les pays africains devraient continuer avec des politiques non-restrictives même en 2011 pour garantir une reprise soutenue de leurs économies". Durant la période 2000-2008, l'Afrique figurait parmi les régions du monde enregistrant une forte croissance économique avec des taux atteignant 5,7% en moyenne. Mais cette croissance rapide de l'Afrique a été brutalement interrompue en 2009 par la crise. A ses débuts, plusieurs économistes ont sous-estimé l'impact de la crise sur les économies africaines du fait de leur faible intégration dans le système financier international ; mais tout le monde s'est rapidement rendu compte que l'Afrique ne serait pas épargnée en raison de la forte dépendance de plusieurs pays africains à la demande extérieure, aux flux de capitaux et au tourisme. L'impact de la crise sur la croissance a varié considérablement selon les pays. En Afrique, deux groupes de pays ont été fortement touchés : les marchés émergents et les pays exportateurs de ressources naturelles. Le taux de croissance du PIB du Botswana, l'une des brillantes réussites de l'Afrique, a chuté de 7,3% à -5,4% en 2009. De même, la croissance en Angola s'est effondrée passant d'un taux de 14% en 2008 à -0.6% en 2009.