Par : Mourad HAMDAN (Consultant en management) FONDEMENTS DE LA PERFORMANCE DE LA FILIERE FRUITS ET LEGUMES Si la création d'un office interprofessionnel est indispensable pour gagner en compétitivité, il faut bien se rendre à l'évidence que les " racines " de la performance de la filière 'fruits et légumes' se trouvent enfouies dans les " terreaux fertiles " que sont : 1) La durabilité des systèmes d'exploitation Selon la FAO, un système de production agricole est la représentation qui s'approche de la réalité dont nous disposons sur la manière de penser et de décider des agriculteurs. Considérer l'agriculture comme un système, implique d'intégrer les dimensions biologiques, physiques, ainsi que les aspects socio-économiques au niveau de l'exploitation agricole. Le concept principal est celui d'une exploitation agricole constituée par un ensemble de sous-systèmes fonctionnant tous en interaction, chaque sous-système générant des entrées pour les autres, l'ensemble du système fonctionnant dans l'idéal en cycle fermé. Or, pour mettre sur le marché des produits à un prix et à un niveau de qualité acceptables pour le consommateur, répondre aux demandes des industries de transformation, assurer la pérennité de l'exploitation et un revenu correct aux agriculteurs, et préserver la qualité de l'environnement, les systèmes d'exploitation doivent s'inscrire dans la durée. L'agriculture durable doit être intégrée par tous les agents économiques de la filière, de la fourche à la fourchette (du producteur au consommateur), en incluant les parties prenantes œuvrant pour : "la limitation des nuisances, "la limitation des pollutions de l'eau, de l'air et du sol (intrants azotés, phytosanitaires), ainsi que de la 'pollution génétique' liée aux OGM,... "la limitation de l'appauvrissement de la diversité agricole liée aux techniques de sélection, d'hybrides stériles et de brevetage du vivant. 2) La certification GLOBALGAP® (EurepGAP®) est un référentiel privé rédigé au départ uniquement pour la filière fruits et légumes à l'initiative de la grande distribution d'Europe du nord en 1997. C'est un référentiel de bonnes pratiques agricoles (GAP) reconnues et applicables partout dans le monde. Il est fondé sur un partenariat égalitaire de producteurs agricoles et de détaillants dont le souhait est d'établir des standards et procédures de certification efficaces. Le référentiel sert de système de référence mondiale pour d'autres référentiels existants et peut également être appliqué aisément et directement par toutes les parties du secteur primaire alimentaire. En d'autres termes : GLOBALGAP® (EurepGAP®) agit comme un système de navigation par satellite. Il équipe ses membres d'instruments fiables qui permettent à chaque partenaire de la chaîne d'approvisionnement de se positionner sur un marché mondial dans le respect des exigences du consommateur. L'expérience de près de dix ans de travail avec ce référentiel qui totalise plus de cent mille audits a été prise en compte pour adapter la nouvelle et troisième version de septembre 2007. Celle-ci est encore plus proche des préoccupations actuelles et des techniques de production avancées. Objectifs Une plus-value technique : développement de meilleures pratiques de production dans le monde, lutte et gestion intégrée des cultures et mise en œuvre des principes HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point, c'est - à - dire analyse des dangers des points critiques pour leur maîtrise). Une plus-value environnementale : préservation de la faune et de la flore et une meilleure utilisation des ressources naturelles. Une plus-value humaine : santé et sécurité des travailleurs agricoles. Une plus-value économique : une image de confiance auprès des partenaires et des consommateurs. Cet engagement est destiné à garantir la confiance du consommateur. La filière fruits et légumes doit être évaluée selon des critères normés communs à tous les acteurs. Pour les producteurs, il s'agit de définir le cadre des 'Bonnes Pratiques Agricoles' (ensemble de règles à respecter dans l'implantation et la conduite des cultures de façon à optimiser la production agricole, tout en réduisant le plus possible les risques liés à ces pratiques, tant vis-à-vis de l'homme que vis-à-vis de l'environnement). Ce cadre doit être utilisé comme un modèle permettant d'évaluer les pratiques actuelles et de fournir une aide aux développements futurs. Il réduit les risques relatifs à la sécurité alimentaire dans la production primaire : "en encourageant le développement et l'adoption de programmes d'assurance agricole; "en procurant au consommateur et au producteur une norme de référence claire, basée sur une évaluation des risques HACCP; "en participant à l'amélioration continue et à la transparence par la consultation et l'adoption de plates - formes de communication technique dans l'ensemble de la chaîne alimentaire. La certification est attribuée aux producteurs après un contrôle indépendant effectué par un organisme agréé. Les documents de la démarche sont les suivants : 1) Les modalités générales : elles définissent les exigences régissant le mode de gestion du référentiel ; 2) Les points de contrôle et les critères de conformité (PCCC) : ils constituent le référentiel auquel le producteur devra se conformer ; 3) La check - list : elle constitue la base de l'audit externe du producteur. Ce programme se divise en trois parties : Exigences Majeures, Exigences Mineures et Recommandations. L'ensemble des points de contrôle doit être audité : Pour le ' champ d'application : Cultures', qui concerne la production générique, les points de contrôle sont au nombre de huit (8) : 1) Traçabilité : la traçabilité facilite la vente des aliments et permet aux clients d'obtenir des informations ciblées et précises sur les produits concernés ; 2) Plants et semences : le choix des plants et semences joue un rôle important dans le processus de production. Le fait d'utiliser les variétés appropriées peut permettre de réduire le nombre d'applications d'engrais et de produits phytosanitaires ; 3) Historique et gestion des sites : la rotation des cultures est une stratégie fondamentale pour la lutte contre les parasites, les maladies et les mauvaises herbes ; 4)Gestion du sol : une bonne gestion du sol assure, à long terme, la fertilité des terres, leur rendement et leur rentabilité ; 5)Utilisation des engrais (organiques et inorganiques) : le processus décisionnel prend en compte les besoins de la culture, les réserves présentes dans le sol et les substances nutritives disponibles dans le fumier de ferme et les résidus de récoltes ; 6)Irrigation et fertigation : l'irrigation doit se faire en se basant sur des prévisions appropriées et avec un équipement technique permettant une utilisation efficace de l'eau d'irrigation ; 7)Lutte intégrée : la lutte intégrée (IPM) implique de tenir compte de toutes les techniques disponibles de lutte contre les nuisibles et d'intégrer par la suite les mesures appropriées pour empêcher le développement des populations de parasites et maintenir les produits phytosanitaires et autres interventions à des niveaux justifiés sur le plan économiques, et réduire ou minimiser les risques pour la santé humaine et l'environnement ; 8)Produits phytosanitaires : dans des situations où l'attaque parasitaire aura un effet négatif sur la valeur économique d'une culture, il peut être nécessaire d'intervenir avec des méthodes de lutte antiparasitaire spécifiques, comprenant des produits phytosanitaires. L'utilisation, la manipulation et le stockage appropriés de ces produits sont essentiels. Pour le 'sous - champ d'application : fruits et légumes', qui concerne des productions spécifiques, les points de contrôle sont au nombre de cinq (5) : 1) (Jeunes) plants de pépinières ; 2) Gestion du sol et du sous - sol ; 3) Irrigation et fertigation ; 4) Récolte ; 5) Manipulation des produits (et opérations, contrôles et traitements post - récolte). 3) L'accroissement de la productivité L'accroissement de productivité physique s'exprime par un accroissement du volume de production rapporté aux quantités de moyens utilisés. Un trait essentiel des systèmes agricoles traditionnels et intensifs est l'importance du travail humain (nombre d'UTH : Unités de Travail Humain engagées par Unité Foncière). La ressource rare est le foncier. La main d'œuvre est abondante et/ou faiblement rémunérée. Ceci se traduit par une productivité élevée du foncier et une productivité faible de l'UTH.