Fermé pour travaux durant deux ans, la cinémathèque algérienne, a rouvert ses portes en cette fin d'année pour accueillir son fidèle public, généralement des étudiants et surtout vieux et jeunes fils du peuple. Ce haut lieu de culture et de mémoire flanqué en pleine rue populeuse de Larbi ben M'hidi avait déjà été relooké en 1997 à l'occasion des colossaux travaux engagés à l'époque par le gouvernorat du Grand Alger patronné par l'actuel ministre de l'Environnement, Cherif Rahmani. Haut lieu de mémoire parce que cet espace accueillait de grandes personnalités du 7ème art, comme Youcef Chahine, Jean Daniel, Godard, etc…Espace mythique par excellence, la cinémathèque algérienne symbolisait dans les années 70 et même jusqu'à fin 80 le seul endroit où il y avait une liberté de ton au moment où la censure et le dirigisme du Parti unique étaient de rigueur. Créé en 1965 par Ahmed Hocine qui cédera vers la fin 70 sa place au très populaire Boudjema Karéche, le musée du cinéma était plus qu'une salle sombre, c'était le lieu où les petites gens apprenaient à voir un film, à écouter les cinéastes défendre et soutenir leurs œuvres à qui, ils donnaient à travers les interventions éclectiques du public ; une nouvelle vie. Inauguré par la ministre de la Culture Khalida Toumi en présence de son conseiller Ahmed Béjaoui, de la directrice de la Culture, Badia sator, d'une foule de réalisateurs, de comédiens et autres férus du cinéma, le premier baptême de cette salle refaite à neuf a été célébré avec la projection du désormais incontournable, " Hors la loi " de Rachid Bouchareb. Un film vilipendé par la droite française et soutenu à fond par le Gouvernement algérien qui l'a d'ailleurs récemment porté avec des investissements colossaux, aux légendaires élections des Oscars du meilleur film étranger en février 2011. Dans le second lifting qu'a subi la salle en moins de 13 ans, tout le mobilier a été changé avec de nouvelles installations dans la petite et grande salle désormais capables d'abriter des projections selon les normes internationales. Un haut lieu de culture " La restauration de la Cinémathèque, s'est imposée toute seule car on est arrivé à un stade où il était impossible de programmer une seule projection à cause de l'étanchéité défectueuse et de la défectuosité de l'ensemble des salles " a déclaré Seif Mouloud Ouzini, chargé du projet de rénovation de la Cinémathèque. Celui-ci avoue que par ailleurs, que les travaux de restauration ont été réalisés en deux temps : la réhabilitation de l'édifice proprement dit qui a ingurgité la coquette somme de 28 millions de DA, ensuite l'acquisition du matériel de projection d'une valeur de 57 millions de DA. Il a même annoncé avec fierté que "sur le montant global de l'enveloppe de 140 millions de DA dégagé par le ministère de la Culture nous avons économisé 50 millions de dinars " ajoute-t-il fièrement. Le chargé de projet annoncera que ces économies serviront à la réfection d'autres salles sombres. Khalida Toumi s'est de son côté félicitée de la prouesse de l'entreprise algérienne qui a pu faire du bon " boulot " " Cela dira-t-elle démontre que l'Algérie a les compétences en matière de restauration ". Comme la cinémathèque algérienne n'est pas seulement un espace où l'on diffuse des films mais bien plus, car c'est là que l'on conserve et l'on protège des centaines d'œuvres de référence, la ministre de la Culture annonce pompeusement que " dix mille films dont fait partie le fonds filmique de la Cinémathèque ont été réhabilités, et dix mille autres vont l'être prochainement". Ainsi rouvert, le musée du cinéma tournera avec des projections quotidiennes, à raison de deux séances par jour. Il ne faut jamais perdre de vue, que dans les deux salles de la cinémathèque, les projections concerneront uniquement les œuvres d'auteurs, les films commerciaux n'étant pas admis. Pour garder intacte sa tradition de débat, il est prévu une fois tous les 15 jours, une projection en présence du réalisateur et bien sûr avec débat. Chose relativement neuve, les films pour enfants y seront également projetés régulièrement. Excellente nouvelle de cette acquisition qui va toucher selon la ministre de la Culture les cinémathèques d'Oran de Constantine, de Annaba, de Tizi Ouzou, de Batna et Tébessa qui sont dans un état de délabrement très avancé.