C'est dans une ambiance de fête et de zorna que la plus célèbre cinémathèque algérienne, située à la rue Larbi-Ben M'hidi, a été rouverte mardi soir, par Mme Khalida Toumi ministre de la Culture. La cérémonie s'est déroulée en présence de nombreux réalisateurs, cinéphiles, des habitués de cette salle obscure et surtout des anciens responsables de la cinémathèque à l'image d'Ahmed Hocine, directeur de la cinémathèque entre 1965 et 1979 et surtout membre fondateur de la Cinémathèque algérienne aux côtés de Henry Langlois. Mme Toumi a tenu à associer à cet événement, en leur rendant hommage, les anciens responsables de cette importante salle, à l'image de Boudjemaâ Karèche (absent de cette cérémonie) mais aussi à travers la doyenne Khadra, qui était émue par ce geste. La ministre de la Culture, visiblement satisfaite de la réouverture de ce joyau du cinéma algérien, a tenu à présenter la nouvelle équipe de la cinémathèque, à l'image de son nouveau directeur, le jeune cadre M.Chabbi Sofiane, mais elle a tenu surtout, à présenter comme la «sergent-chef» de cette importante institution, la directrice du Centre algérien du cinéma, Mme Badia Sator, qui bénéficie déjà d'une longue expérience dans la gestion puisqu'elle a dirigé dans le passé, la plus importante APC de la wilaya d'Alger, celle de Sidi M'hamed. Ainsi, après plus d'une année et demie de fermeture, la Cinémathèque d'Alger a rouvert ses portes avec une grande salle restaurée, dotée de nouveaux sièges, une petite salle relookée, où seront organisées des conférences et des séances d'animation de ciné-clubs. Le tout, décoré par les affiches des plus beaux films de la cinématographie algérienne. Lors de cette inauguration, la ministre de la Culture a tenu à relancer son appel pour la récupération des 300 salles de cinéma qui sont encore en activité en Algérie. Des salles qui sont détenues par les APC, qui continuent de faire perdre au ministère de la Culture des sommes d'argent importantes qui devaient, en toute logique, alimenter le Fdatic et serviraient à la production de nouveaux films algériens. Mme Toumi a tenu aussi à préciser que l'argent dépensé pour la restauration de la Cinémathèque d'Alger, a servi à la sauvegarde de plus de 10.000 films entreposés dans les locaux de la Cinémathèque algérienne et cela, grâce à l'apport d'une entreprise locale, qui fabrique des boîtes de bobines de films 35 et 16 mm, en plastique. La ministre annonce que 10.000 films attendent d'être encore sauvegardés dans les conditions idéales, en attendant, un jour, leur restauration complète et surtout leur numérisation dans les standards appropriés. La Cinémathèque algérienne, qui a été créée en 1964, était à l'origine, un «gros ciné-club» un carrefour de rencontres, un lieu de débats et surtout un espace d'échanges entre réalisateurs. Un lieu qui a vu le passage de Youssef Chahine en 1965, de Sembene Ousmane, Michel Khelifi, Guiseppe Tornatore, sans oublier le passage obligé des cinéastes algériens comme Farouk Beloufa, Merzak Allouache, Mohamed-Lakhdar Hamina ou encore Mohamed Chouikh. Aujourd'hui, elle remplit toutes les conditions fixées par la Fiaf (Fédération internationale des archives du film) qui sont celles d'une authentique cinémathèque: elle récupère, rassemble, conserve et protège les films. 15.000 longs métrages et 5000 courts métrages constituent ses archives films. Elle est même considérée comme la plus importante cinémathèque d'Afrique et la deuxième au Monde avec celle de Paris. En plus des collections de photos et affiches, elle dispose d'un centre de documentation, d'une bibliothèque avec plusieurs milliers d'ouvrages dont certains datent de 1940. Le Centre algérien du cinéma, dirigé par Mme Badia Sator, dirige également 10 salles de répertoire installées à travers le pays (Oran, Sidi-Bel-Abbès, Saïda, Béchar, Tiaret, Blida, Béjaïa, Constantine, Batna et Annaba). Ces salles demeurent dans certaines wilayas comme les seules salles de cinéma dignes de ce nom, encore en activité.