Par : Mourad HAMDAN (Consultant en management) 8) Le zéorefroidissement Le refroidissement après la récolte réduit les risques de développement microbiologique des produits. La maturation des légumes ou des fruits est aussi ralentie par la diminution de la synthèse de l'éthylène. Le zéorefroidissement permet d'économiser de l'énergie sur le futur stockage des fruits et légumes. Il permet aussi d'optimiser les flux dans la chaîne du froid (post-récolte, chambre froide et logistique). Les fruits et légumes frais palettisés sont refroidis de 20°C à 6-2°C en moins de 25 minutes à cœur par évaporation sous vide. Par comparaison, il faudrait 18 heures pour atteindre ce résultat dans une chambre froide. Le refroidissement se déroule en trois étapes : -1) baisse de la pression La pression est abaissée par paliers (gestion autonome du Zeobiofresh) jusqu'à que la tension de vapeur d'eau saturante corresponde à la température de réfrigération recherchée. - 2) refroidissement des éléments Le végétal se refroidit en cédant la chaleur latente de l'eau évaporée. Pour une diminution de 5 à 6°C, la perte de poids est estimée à 1% - 3) mise en pression La pression dans l'enceinte est maintenue à la valeur réglée afin de réaliser un palier nécessaire d'une température homogène dans le végétal. Puis la pression est ramenée à la pression atmosphérique. 9) Le 'PLU' ou code d'appel prix Le système 'PLU' d'identification des fruits et légumes frais vendus en vrac ou à l'unité permet gain de temps, rigueur des prix et complémentarité avec le système code à barres. Pour aider les consommateurs à faire le meilleur choix 'qualité / prix / achat responsable', les fruits et légumes doivent être proposés à un prix juste (qui concilie les intérêts de toutes les parties prenantes de la filière), avec une référence variétale et une indication visible et lisible de leur origine. 10) Le choix d'une approche commerciale fondée sur la juste valeur des produits La distribution des fruits et légumes est une variable de plus en plus importante en Algérie où l'aspect logistique est un point clé en raison du fort taux de pertes enregistré lors de la manipulation des produits frais qui se fait souvent dans l'ignorance des normes de cueillette / récolte, de mise en cageot, de chargement, d'empilement, de transbordement, de déchargement et de palettisation. Ceci dit, tenir compte de la spécificité du produit et du marché auquel il est destiné et le rendre physiquement accessible (au moindre coût et dans les meilleurs délais) sont une condition nécessaire mais non suffisante, encore faut - il que ce produit soit au rayon approprié, dans l'étalage approprié, dans un assortiment approprié et à un prix approprié. EXPORTATION DE FRUITS ET LEGUMES La signature de plusieurs accords de libre échange entre l'Union européenne et la Rive sud de la Méditerranée rend vraisemblable la progression des volumes importés sur le territoire européen et sur la France en particulier. Il faut savoir que le réseau français des entreprises coopératives souhaite se situer dans l'anticipation en identifiant des partenaires au sud de la Méditerranée et en Algérie en particulier. L'objectif est bien entendu (autant que faire se peut) de construire une offre, sur la base d'une palette de fruits et légumes locaux adaptés aux conditions pédoclimatiques de production, à partir d'une bonne adéquation variété - terroir qui permettrait de séduire le consommateur européen à la recherche de produits à forte typicité, tout en évitant les concurrences inutiles c'est - à - dire en privilégiant les compléments de gamme et compléments de calendrier. La démarche serait la suivante : A)Identifier l'offre algérienne en gamme, calendrier et opérateurs potentiels ; B)Mise en relation avec les groupes coopératifs et leurs filiales de commercialisation intéressés par un élargissement de la gamme et un allongement de la période de commercialisation ; C)Examen des accompagnements nécessaires en transfert [pour aller vers les standards de GLOBALGAP® (EurepGAP®) et les appellations d'origine contrôlées (AOC)] et en appui technique (pour aller vers la construction d'une plate forme export et d'une chaîne logistique) ; D)Accompagnements de l'ensemble des organismes algériens susceptibles de promouvoir l'export à savoir : les banques, douanes, chambres de commerce, chambres d'agriculture, organismes d'exportation… MARQUES ALGERIENNES DE FRUITS ET LEGUMES Les trois clés de la valeur ajoutée sont la marque, l'image de marque et le service apporté au client. La marque, élément déterminant d'une politique commerciale, fait la valeur d'un grand nombre de produits. La valeur de ces marques elles-mêmes, et par conséquent le succès commercial des produits correspondants, peuvent s'en trouver influencés dans une large mesure. C'est pourquoi, les entreprises agricoles algériennes sont invitées à faire correspondre leurs futures marques à l'image qu'elles entendent donner d'elles-mêmes et, de ce fait, devront bâtir une politique de gestion de portefeuille de marques qui vise deux buts : -Asseoir aux yeux des consommateurs l'image d'une marque solide et bien individualisée et accumuler sur ladite marque la réputation tenant à la qualité du produit ; -Eviter que la marque ne vienne à perdre son caractère distinctif ; Cette politique est tenue de résoudre aussi la double problématique suivante : -L'entreprise doit-elle utiliser plusieurs marques ou bien au contraire une seule ? L'intérêt de cette question repose sur le fait que conférer à une marque une image 'porteuse' et une force d'attraction est une opération délicate et coûteuse (le retour sur investissement de la création d'une marque est de sept ans). L'idéale consiste donc en général à avoir une seule 'marque maison', et à cristalliser sur elle, par tous les moyens convenables, le prestige de la société. -Une fois la marque créée, il faudra en prévoir le dépôt. Or, en vertu du principe dit de 'territorialité' à chaque souveraineté étatique correspond un système de droit des marques particulier. En d'autres termes, à chaque Etat correspond une loi sur les marques différentes. Chaque loi a ses propres critères de validité qui ne se recoupent pas toujours. Conclusion Le marché des fruits et légumes de demain suivra un modèle binaire, composé de marques leaders et de marques de distributeur (MDD). Les PME agricoles algériennes ont trois possibilités : -les " actives " capitaliseront sur un métier, une marque thématique et un savoir-faire défendant un terroir. Une PME qui a des produits typés et une marque lisible n'a rien à craindre. -Les entreprises, qui possèdent un savoir-faire mais pas de marque forte, pourront jouer la carte du partenariat avec la grande distribution. - Enfin, celles qui pratiquent une production de masse sans développer de savoir-faire original, devront miser, pour s'en sortir, sur un partenariat interentreprises (B to B). Pour répondre aux contraintes de la distribution, la filière algérienne des fruits et légumes devra, dans un futur proche, créer des marques et procéder à une plus forte segmentation. L'offre est d'autant plus concurrentielle qu'elle est commercialisée dans un intervalle de temps réduit (celui de la maturité des produits). Il est donc opportun et urgent de créer un maillage entre les acteurs de la filière pour proposer rapidement une offre transversale et rétablir l'équilibre entre l'amont et l'aval.