Le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est prononcé hier en faveur d'une réduction des bonus des dirigeants des banques, affirmant comprendre la colère des Britanniques concernant la question des rémunérations des professionnels de la finance. "D'un point de vue général, je souhaite que le montant des bonus soient moins importants que ceux de l'année passée. En ce qui concerne la Royal Bank of Scotland qui appartient au gouvernement (qui en est l'actionnaire majoritaire), les dirigeants ne devraient pas faire la course en tête en terme de bonus, ils devraient plutôt fermer la marche", a-t-il déclaré dans l'émission d'Andrew Marr diffusée sur la BBC. Cameron réagissait à l'information publiée dans le Daily Telegraph dimanche selon laquelle le directeur général de RBS, Stephen Hester, toucherait 2,5 millions de livres de bonus (3 millions d'euros). M. Cameron a qualifié ce chiffre de "pure spéculation" mais ajouté: "Royal Bank of Scotland est détenue par le gouvernement. Ils devraient montrer le chemin en matière de bonus. Ils devraient fixer la norme à ne pas dépasser". "Nous voulons voir des banques agissant de manière responsable", a-t-il asséné. Le Premier ministre conservateur s'est cependant refusé à "dénigrer systématiquement" les banques, dont la réussite est à la base de la croissance économique britannique, a-t-il rappelé, soulignant que son gouvernement avait été "le premier au monde" à imposer une taxe sur les banques. La question des bonus continue de hanter la coalition gouvernementale, enfonçant un coin entre les conservateurs et leurs alliés libéraux-démocrates qui exigent plus de retenue de la part des banques tandis qu'une austérité draconienne est imposée à la population. Le vice-Premier ministre Nick Clegg, chef des libdems, a récemment estimé "inacceptable que des millions de gens fassent des sacrifices en termes de niveau de vie, pendant que les banques s'en tirent sans dommages". Selon les médias britanniques, les banques de la City se préparent à accorder au total sept milliards de livres (8,4 milliards d'euros) de bonus cette année. Les primes les plus controversées concernent celles versées par RBS, qui n'a évité la faillite que grâce à une massive injection d'argent public. Son directeur général Stephen Hester devrait recevoir 2,5 millions de livres de bonus au titre de 2010, selon le Sunday Telegraph. Cependant, la chaîne d'information continue SkyNews a affirmé dimanche qu'il allait renoncer à cette prime, comme il l'avait fait l'an dernier. La controverse entourant les bonus promet de resurgir mardi avec l'audition du patron de Barclays, Bob Diamond, devant une commission parlementaire. "On va lui demander de n'accepter aucun bonus", a indiqué le député travailliste John Mann au journal The Observer. Barclays a traversé la crise sans faire appel à l'argent public mais Bod Diamond, un Américain richissime surnommé le "banquier aux 100 millions", est souvent cité comme l'archétype du financier Selon le Sunday Telegraph, le gouvernement exigera des cinq plus grandes banques présentes au Royaume-Uni (HSBC, Barclays, Lloyds, Santander et RBS) qu'elles signent un engagement à accroître leurs prêts aux entreprises du pays, en échange d'un accord tacite sur des bonus raisonnables.