L'opacité qui distingue les opérations de vente de gré à gré de part le monde sur les marchés des produits alimentaires, inquiète l'ONU qui appelle "à imposer davantage de transparence sur les opérations de gré à gré sur les marchés des dérivés où 92% des opérations se déroulent dans l'opacité", selon le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation de l'ONU, Olivier de Schutter. Ces produits sont traités comme des produits financiers à caractère purement spéculatif et occultent le côté humain et sensible que représentent ces denrées, objet de manipulation des traders. Cela influe forcement sur les prix des produits et résulte sur une hausse des prix alimentaires qui préfigure, selon l'intervenant d'une " nouvelle crise alimentaire" pour les pays pauvres. L'organisation Onusienne pour l'alimentation et l'agriculture, FAO avait annoncé, il y a quelques jours que " l'indice mesurant les évolutions de prix d'un panier de céréales, oléagineux, produits laitiers, viande et sucre est au plus haut depuis sa création en 1990 ". Cette " dangereuse hausse " risque d'amplifier la situation de quatre-vingts pays qui accusent un déficit alimentaire. C'est "pourquoi il ne faut pas répéter les erreurs commises il y a trois ans" où, l'inflation, qui a touché les prix alimentaires, avait suscité des émeutes de la faim dans plusieurs pays, conseille M. Olivier Schutter. Il affirme qu' "Aujourd'hui comme en 2008, il n'y a pas de problème de pénurie. Mais lorsque des informations sur des incendies en Russie, une canicule en Ukraine, des pluies trop fortes au Canada ou autres s'accumulent, certains opérateurs de marché préfèrent ne pas vendre tout de suite, tandis que les acheteurs cherchent à acheter autant que possible. Si tout le monde fait ça les prix augmentent ". Il suggère à cet effet "d'encourager les pays à reconstituer des stocks alimentaires pour lisser les prix", soutenant que " Si les réserves sont gérées avec les organisations paysannes, cela protégera producteurs et consommateurs contre des prix très volatils". Le cas de l'Algérie est, cependant, singulier. Notre pays dispose de fonds et de stocks alimentaires considérables bien qu'il ne produit pas, mais reste soumis à l'importation et aux fluctuations des marchés mondiaux qu'il ne maîtrise pas. L'absence de pénurie de denrées alimentaires est devenue une arme entre les mains de certains et a encouragé la spéculation et l'informel d'imposer leur loi et de s'ériger en système parallèle de mercuriale où les prix défient toutes les bourses en dépit de la fragile et éphémère stabilité des prix des marchés mondiaux. Ce scénario a été démontré tout récemment par la crise du sucre et de l'huile qui n'ont pourtant subi aucune inflation, sinon celle provoquée par une décision politique tendant à réorganiser le marché local. La spéculation a, à elle seule, généré un manque "virtuel" incitant les ménages à s'approvisionner en quantité en produits existant mais faisant l'objet d'une rétention à des fins spéculatives dans le but de hausser les prix. Cela a failli mener le pays à un nouveau dérapage incontrôlable.