Fait inédit, l'UGTA et le PT se solidarisent autour des derniers événements générés par la subite hausse des prix de sucre et d'huile végétale. Ils "dénoncent et condamnent", dans un communiqué commun "les actes de spéculation qui, sous couvert du marché mondial, ont provoqué cette augmentation abusive des prix touchant les produits de base et de large consommation". Les signataires du communiqué clouent au pilori "les acteurs de cette spéculation". La Centrale syndicale et le parti des travailleurs appellent "les pouvoirs publics à s'atteler avec les partenaires socio-économiques à mettre sur pieds un mécanisme durable et opérationnel pour maîtriser les prix du produit (…) ". Ils suggèrent l'inclusion de "la réintroduction d'organismes publics de production et de commercialisation", c'est-à-dire les entreprises publiques à l'instar de la moribonde Enasucre. Sidi Saïd et Louisa Hanoune approuvent, d'ailleurs " un tel mécanisme " qu'ils estiment "renforcera la cohésion sociale et mettra fin au monopole destructeur de certains opérateurs privés qui fragilisent le tissu social". Si la rue a cessé de gronder, c'est que la guerre a, à peine, changé de camp. L'hallali semble avoir sonné donnant la chasse aux "instigateurs" considérés à l'origine de ce soulèvement populaire. Les producteurs et opérateurs ne cessent de se jeter la pierre. Le premier à l'avoir fait, semble être le patron de Cevital qui aurait déclenché "l'ire" de ses confrères en annonçant publiquement sa position "légaliste" et d'affirmer ne pas avoir opéré de hausse sur les deux produits en question. M. Rebrab qui se trouve ciblé par les critiques des uns et des autres pour sa position " monopolistique " expliquera, d'ailleurs, lors d'une conférence de presse donnée au siège de son entreprise, que ce sont les autres, c'est-à-dire les producteurs affiliés à l'association AFAO qui, faute de stock de réserve, ont décidé de procéder à cette hausse. L'intervention des pouvoirs publics se résumant à mettre un dispositif de subventions afin de rétablir les prix, opération qui aurait coûté quelque 30 milliards de dinars à l'Etat, a emmené ce dernier à passer un " deal " avec les producteurs et importateurs, celui de plafonner les prix à 600 dinars pour le bidon d'huile de 5 litres et à 90 dinars le kg de sucre. Cette guerre de tranchées a emmené le ministère du Commerce à sommer Cevital "de conformer ses prix à l'accord " de dimanche. C'est-à-dire à plafonner les prix. Selon l'APS, une mise en demeure a été adressée au groupe d'Issad Rebrab suite au contrôle effectué par "les équipes de contrôle dépêchées par la direction du contrôle commercial et de la répression de la fraude pour vérifier l'application de cet accord". Ces derniers contrôleurs "ont constaté que les prix appliqués par Cevital sur le sucre et l'huile ne sont pas conformes aux termes de l'accord", à savoir 90 DA pour le kg du sucre et 600 DA pour la bonbonne de 5 litre d'huile. Le ministère du Commerce reproche au groupe Cevital, qui, de par sa "position dominante du marché" sur lequel il doit détenir quelque 60 %, alors que la loi sur la concurrence plafonne les parts de marché à 40 %, en application de l'article 19 de la loi 02/04 fixant les règles applicables aux pratiques commerciales", "par l'application de prix en deçà de ceux approuvés dimanche", l'appelant à "fournir des explications concernant les nouveaux prix qu'il applique sur le sucre et l'huile". Les nouveaux prix pratiqués par les unités de production de Cevital, et conformément aux décisions prises par le gouvernement, sont désormais de 69,50 DA le kilogramme en vrac pour le sac de sucre d'une contenance de 50 kg, alors que le paquet conditionné d'un kilogramme est cédé à 74,50 DA. L'huile végétale "Elio" est cédée à 495 DA le bidon de 5 litres, 210 DA la bouteille de 2 litres et 110 DA pour celle d'un litre, a indiqué, hier, un communiqué du groupe de Rebrab. Ces prix ont soulevé le courroux des autres producteurs qui considèrent cette "baisse" de tentative pour "casser les prix de ces deux produits, élargir sa part de marché et maintenir sa position dominante sur ces deux produits". Ceux ci décrient "ces pratiques déloyales auxquelles a eu recours (...) cet opérateur ont provoqué une anarchie totale". Cependant, quelle est donc "l'erreur" de Rebrab ? Cevital Aura-t-elle péché par le fait d'avoir été efficace ou d'avoir abusé de la faiblesse du secteur ? mais quel prix arrange le citoyen ?