Les Etats membres de l'Union européenne abordent la nouvelle série de stress tests bancaires en ordre dispersé. Lors de la réunion mensuelle du conseil Ecofin, à Bruxelles, les ministres des Finances des Vingt-Sept ne sont pas parvenus à s'entendre mardi sur les critères des prochains tests, notamment sur la manière de traiter la liquidité, de tester le risque souverain ou encore sur la méthode de publication des résultats. Ils pourraient même finalement décider de ne pas inclure le critère de liquidité dans les tests débutant en février et de conduire une évaluation de ce risque "en parallèle", a déclaré Michel Barnier. "L'Autorité bancaire européenne a fait la proposition d'évaluer la liquidité en parallèle des stress tests, nous évaluons cette possibilité", a déclaré le commissaire au Marché intérieur lors d'une conférence de presse. "Sur la méthodologie, nous avons besoin de quelques jours sur la question de la liquidité et aussi pour voir si nous devons aller plus loin sur le risque souverain. Nous allons continuer à travailler sur le plan technique", a-t-il ajouté. Les tests devraient avoir lieu entre février et fin mai et les résultats devraient être rendus publics fin juin, ont précisé plusieurs sources. "L'exercice commence en février, j'espère qu'il sera terminé à la fin du printemps et qu'il sera extrêmement précis, documenté, bien communiqué pour être d'une qualité irréprochable", a dit de son côté la ministre française des Finances Christine Lagarde. "Je crois qu'il faut qu'on soit le plus cohérent et concordant par rapport à ce que font les Etats-Unis", a-t-elle précisé à des journalistes qui l'interrogeaient à Paris sur la question des tests de liquidité. La semaine dernière, l'Autorité bancaire européenne (ABE) avait proposé de s'intéresser au risque de liquidité à partir du premier trimestre 2011, dans le cadre de son cycle normal de surveillance des risques. "L'ABE utilisera cette évaluation interne pour informer les autorités de supervision au sujet de zones de vulnérabilités en lien avec le risque de liquidité", avait-elle indiqué, laissant entendre que les résultats ne seraient pas rendus publics. Plusieurs sources diplomatiques européennes ayant participé aux discussions mardi ont précisé que les ministres avaient décidé d'apporter un soutien général à ce communiqué et que "le plus vraisemblable (était) que les tests de liquidité ne (seraient) pas inclus en tant que tel dans les stress tests". Ces sources ont précisé que la définition de la liquidité ou encore l'inclusion ou non du "banking book" (portefeuilles bancaires) en complément du "trading book" (portefeuille d'actifs financiers) n'avaient pas non plus été tranchées. "Il n'y a pas encore d'accord sur ces questions. Sur le banking book, un certain nombre de pays ont des inquiétudes face à cette possibilité, de même que la Commission européenne", a expliqué l'une de ces sources. Enfin, les ministres ne se sont pas non plus prononcés sur la possibilité de tester des scénarios de risque différents en fonction des pays, ont-elles poursuivi, et n'ont pas arrêté de méthodologie commune de publication des résultats, un point qui avait été âprement négocié lors des tests 2010. "La question des détails qui doivent être publiés est une autre question et il faut garder à l'esprit les conséquences que cela peut avoir sur les investisseurs", a d'ailleurs concédé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Afin de rassurer les investisseurs sur la bonne santé du secteur bancaire européen, ces tests seront plus stricts que ceux réalisés en juillet dernier, a toutefois assuré Michel Barnier, qui a précisé que les ministres avaient été unanimes mardi sur ce point. "Il y a un accord général pour rendre les prochains tests plus rigoureux et plus crédibles encore", a-t-il dit en référence à l'exercice mené en juillet dernier sur 91 banques et qui avait échoué à déceler les faiblesses du secteur bancaire irlandais, sauvé en novembre. Pour rappel, les ministres des Finances de la zone euro ont rejeté lundi l'idée d'une hausse des capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF), a déclaré mardi le ministre des Finances néerlandais. "Il y a bel et bien eu une discussion hier concernant l'augmentation (du FESF) à plus de 440 milliards d'euros , de manière à le porter au total à 750 milliards d'euros, mais l'Eurogroupe a rejeté cette idée hier", a déclaré à la presse Jan Kees de Jager. "Aujourd'hui, nous n'avons pas vraiment parlé du FESF. C'est juste un résumé des discussions de l'Eurogroupe mais pas réellement un sujet de débat au sein de l'Ecofin." Certains pays membres de la zone euro militent pour un doublement de la taille du FESF, tandis que d'autres appellent à étendre à 440 milliards sa capacité effective de prêt, pour l'instant limitée à environ 250 milliards d'euros.