Les Palestiniens ont mis en garde les Etats-Unis contre le recours au droit d'opposer leur véto au projet de résolution sur la colonisation juive qui sera soumis au vote à l'ONU, au risque de perdre leur "crédibilité comme parrain du processus de paix" israélo-palestinien. "Nous les avertissons que s'ils usent de leur droit de veto, ils perdront, aujourd'hui et demain, ce qui leur reste de crédibilité comme parrain du processus de paix", a déclaré à la presse le négociateur palestinien Nabil Chaath, en visite lundi à Doha, au Qatar. M. Chaath a souligné que cette résolution qui sera adressée au Conseil de sécurité onusien vise à "exercer des pressions sur Israël" du moment que l'Administration américaine "a échoué à arrêter la colonisation". Un veto américain serait "illogique", a-t-il dit. "Nous n'accepterons pas que les Etats-Unis usent de leur droit de veto" au Conseil de sécurité où "les 14 (autres) pays, y compris la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine, quatre des cinq membres permanents du Conseil, nous ont assurés de leur vote en faveur du projet de résolution", a-t-il ajouté. L'Autorité palestinienne a affirmé lundi prévoir une "décision insoupçonnée" d'ici à septembre prochain en cas d'échec des négociations de paix, parrainées par les Etats-Unis qui ont fait part de leur volonté de poursuivre leur médiation pour aplanir les difficultés. En cas d'"échec" des pourparlers avec Israël, l'Autorité palestinienne prévoit de prendre une "décision insoupçonnée". "L'annonce de cette décision n'interviendra qu'après trois échéances annoncées pour septembre prochain à savoir celle de voir la Palestine membre à part entière de l'ONU, la finalisation des négociations et le parachèvement de la mise en place des constantes de l'Etat palestinien", a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas. Le président Abbas n'a pas donné toutefois des précisions sur cette décision. L'administration américaine qui gère actuellement le processus de paix israélo-palestinien, a échoué dans sa mission de convaincre Israël d'arrêter sa colonisation, principale pierre d'achoppement entravant l'aboutissement des négociations suspendues depuis octobre 2010. Mais, elle a exprimé lundi sa volonté de poursuivre le dialogue avec les parties concernées pour parvenir à la solution à deux Etats au Proche-Orient. Les Etats-Unis "se concentrent sur une solution à deux Etats et continueront à travailler avec les parties (palestinienne et israélienne) pour aplanir les différends sur les problèmes fondamentaux", a indiqué le porte parole du Département d'Etat américain, Philip Crowley. Dans ce cadre, Washington a déjà dépêché au Proche Orient, M. David Hill, adjoint de l'émissaire américain George Mitchell pour tenter de débloquer l'impasse à laquelle est confronté depuis octobre 2010 le processus de paix israélo-palestinien. Au cours de sa tournée dans la région, M. Hill aura des discussions avec les différentes parties consacrées essentiellement aux moyens de relancer les pourparlers de paix, avait indiqué vendredi le Département d'Etat américain. "M. Hill est actuellement au Proche-Orient pour une série de discussions avec les parties palestinienne et israélienne, consacrées aux moyens de relancer le processus de paix", avait indiqué un porte parole du Département d'Etat américain. Après plusieurs tournées dans la région, marquées par d'infinis rounds de négociations entre Israéliens et Palestiniens, George Mitchell n'avait pas réussi à convaincre l'occupant israélien d'arrêter ses activités de colonisation, vivement dénoncées par la communauté internationale. Sur cette question, la France a critiqué la politique américaine à l'égard du processus de paix, appelant à davantage d'implication de l'Europe pour tenter de mener à bien les pourparlers de paix. Parrainées par l'Administration américaine, les négociations de paix israélo-palestiniennes sont toujours dans l'impasse depuis octobre 2010 en raison de la poursuite de la colonisation israélienne. Israël avait refusé de prolonger le moratoire du gel partiel de ses activités de colonisation, qui a pris fin le 26 septembre dernier. Face à cette impasse, un projet de résolution arabo-palestinien, condamnant la colonisation israélienne, sera soumis au vote au Conseil de sécurité de l'ONU après une réunion du Quartette international pour le Proche Orient, prévue le 5 février à Munich, en Allemagne. Notons que le Pérou a reconnu lundi la Palestine comme Etat "libre et souverain", dans le sillage de cinq autres pays d'Amérique latine, qui l'ont fait depuis début décembre, a indiqué le chef de la diplomatie péruvienne José Antonio Belaunde. Après le Brésil, l'Argentine, la Bolivie, l'Equateur et le Chili, le Pérou est le sixième pays latino-américain à faire cette démarche depuis début décembre, dans le sillage de Brasilia qui avait reconnu le 3 du mois l'Etat de Palestine. L'Uruguay a annoncé qu'il le fera en 2011.