Le négociateur palestinien Nabil Chaath, en visite à Doha, a averti que Washington risquait de perdre à jamais sa crédibilité comme parrain du processus de paix au Proche-Orient s'il venait à user de son droit de veto à l'ONU contre un projet de résolution sur la colonisation juive. «Nous nous adressons au Conseil de sécurité, que les Etats-Unis le veuillent ou non. Et nous les avertissons que s'ils usent de leur droit de veto, ils perdront, aujourd'hui et demain, ce qui leur reste de crédibilité comme parrain du processus de paix», a déclaré M.Chaath lundi soir à des journalistes. L'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, avait défendu mercredi un projet de résolution arabe déposé le 18 janvier au Conseil de sécurité et condamnant la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens. Le diplomate avait estimé que cette démarche contribuerait à la reprise des discussions de paix directes entre Palestiniens et Israéliens, interrompues depuis qu'Israël a mis fin à un moratoire sur la colonisation fin septembre. Les Etats-Unis ont dit leur hostilité à une telle initiative, affirmant qu'un accord négocié restait le seul chemin viable vers la paix avec Israël. «Nous avons dit au parrain américain que du moment qu'il a échoué à arrêter la colonisation nous nous adresserons au Conseil de sécurité pour exercer des pressions sur Israël», a dit M.Chaath, ajoutant qu'un veto américain serait alors «illogique». «Nous n'accepterons pas que les Etats-Unis usent de leur droit de veto» au Conseil de sécurité où «les 14 (autres) pays, y compris la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine, quatre des cinq membres permanents du Conseil, nous ont assurés de leur vote en faveur du projet de résolution», a-t-il dit. Mais il a admis que certains pays «posent des conditions», citant «la Grande-Bretagne et la France qui veulent mettre le projet au vote après une réunion (en Allemagne) le 5 février du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, Russie et ONU)». Par ailleurs, M.Chaath a jugé «insensées» les fuites d'Al-Jazeera évoquant d'importantes concessions faites par les négociateurs de paix palestiniens à Israël sur Jérusalem-Est et les réfugiés. «Tout ce qui se dit sur Al-Jazeera est insensé. Toutes les questions évoquées ont été tronquées et sorties de leur contexte. Aucune de ces questions n'a fait l'objet d'un accord et n'engage pas ainsi l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et les négociateurs palestiniens», a-t-il dit. Il a ajouté ne «pas trouver d'explication» à ces fuites d'Al-Jazeera, ni «au moment choisi» pour leur publication «alors que nous avons actuellement besoin de soutien face à des négociations que nous n'acceptons pas et à un parrain américain qui n'impose pas les résultats» des négociations menées jusqu'ici avec Israël en vue d'un accord de paix. M.Chaath a cependant admis l'authenticité de certains documents, publiés par Al-Jazeera. «Ces papiers expriment la position de l'OLP (...). Ils existent mais ils n'engagent pas» les Palestiniens en l'absence d'un accord final, a-t-il dit dans une déclaration diffusée hier par Al-Jazeera. Même «un accord final ne (nous) engage pas tant qu'il n'a pas été soumis à un référendum du peuple palestinien», a-t-il ajouté en tentant de minimiser la portée des fuites de la chaîne qatarie. Al-Jazeera a entamé dimanche soir la diffusion de «plus de 1600» documents couvrant les pourparlers de paix depuis 1999, dont les premiers montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts en 2008 à des concessions considérables, en particulier sur Jérusalem-Est et les réfugiés. La direction palestinienne a réagi en accusant la chaîne de «créer la confusion» et propager des «mensonges».