Une trop grande volatilité des prix du pétrole n'est positive pour personne, a déclaré, lundi le P-DG de Total, Christophe de Margerie. Il a précisé sur une chaine de télévision française "Je me suis exprimé très clairement récemment en disant que (lorsque) les prix montent trop vite et trop haut, ce n'est une bonne nouvelle ni pour nous, ni pour les consommateurs, ni pour personne. Je ne peux pas être plus clair." "Ce qui est dangereux, c'est les mouvements trop rapides et trop erratiques aussi bien à la hausse qu'à la baisse." "Est-ce qu'on est mieux à 100 dollars qu'on ne l'était à 80 ? Quelque part oui", a-t-il ajouté en référence aux ventes de Total. Le baril de Brent LCOc1 se négociait lundi autour de 93,40 dollars à New York d'après avoir dépassé mi-janvier les 99 dollars. Le brut léger américain s'établissait pour sa part aux environs 87,70 dollars le baril CLc1. Selon une récente enquête de Reuters, le brut américain devrait atteindre les 100 dollars le baril au premier trimestre, mais un nouveau record à 147 dollars semble moins probable. Hier , vers 12 heures 40, le contrat à échéance mars sur le baril WTI américain abandonnait 1,3% à 86,6 dollars quand le baril de Brent de la Mer du Nord de même livraison dérapait de 1,7% à 95 dollars. Jusqu'en fin de matinée, le Brent s'était maintenu aux alentours de 96,5 dollars. Le décrochage brutal coïncide avec l'annonce de la contraction inopinée de la croissance britannique au 4ème trimestre 2010, un recul de 0,5% attribué à hauteur de 0,5 point aux mauvaises conditions météo. Il n'en reste pas moins que le consensus tablait, lui, sur 0,5% de hausse. Cette déception a jeté le doute sur la confiance récemment revenue quant à l'Union européenne, dont l'économie est proche bien de celle du Royaume-Uni. D'ailleurs, le dollar qui face à l'euro suivait une tendance baissière ces derniers jours, l'a interrompue d'un coup : à cette heure, le billet vert se reprend de l'ordre de 0,3% contre l'euro à 1,36, alors qu'il s'apprêtait à tester les 1,37 dollar ce matin. L'appréciation du dollar, devise de négoce de l'or noir, tend mécaniquement à faire baisser le prix du baril. D'un point de vue plus fondamental, dans son dernier numéro de Commo Hebdo de vendredi, Natixis rappelait que 'les prix élevés du pétrole représentent un prélèvement sur les consommateurs de produits pétroliers, ce qui implique que la hausse des cours du pétrole va peser sur la croissance, et donc réduire l'activité économique et la demande de produits pétroliers.' Cet argument milite en faveur d'une modération de la hausse du brut, tout ralentissement de l'activité économique provoquant une moindre demande d'or noir. C'est peut-être la raison pour laquelle des rumeurs courent actuellement à propos des quotas de l'OPEP. Afin de maintenir la demande, le cartel pétrolier, qui représente un gros tiers de l'offre d'or noir, pourrait relever ses quotas de production. Pour mémoire, ces derniers n'ont plus bougé depuis le niveau auquel ils avaient été abaissés face à la crise, fin 2008/début 2009. En outre, les stocks pétroliers des Etats-Unis, qui servent de baromètre et avaient déçu la semaine dernière, pourrait de nouveau monter : selon le consensus, les réserves de brut que l'Energy Information agency (EIA) publiera demain pourraient témoigner d'une hausse de plus d'un million de barils. Cependant, la tendance haussière de fond n'est peut être pas entamée. Bank of America Merrill Lynch table sur un prix moyen du baril de Brent de 115 dollars en 2011, puis de 130 dollars en 2012, selon une note publiée ce matin. L'accélération de la croissance mondiale et celle de l'inflation sont notamment citées à l'appui de ce pronostic. Mais attention, préviennent les analystes : à partir de 115 dollars, l'économie peut en souffrir.