La baisse actuelle du prix du pétrole est dangereuse et menace la capacité d'investissement et d'exploration de nouveaux champs pétrolifères dans le monde, estime le directeur général de Total, Christophe de Margerie. «Je pense que ça commence à devenir dangereux. Je pense qu'avec une vue à même pas long terme, un peu à moyen terme, on commence à toucher quelque chose qui va freiner les investissements, dans un secteur qui est le nerf de la guerre, l'énergie», a-t-il dit lors de l'émission Le Grand jury RTL-Le Figaro-LCI. «On ne fait pas de reprise sans énergie. Si jamais les prix vont trop bas, beaucoup de sociétés - pas nous, mais d'autres sociétés - vont arrêter d'investir», a-t-il ajouté. C'est le secteur du développement des nouveaux champs pétrolifères qui pourrait selon lui être touché en premier. S'il estime que le prix de 140 dollars atteint avant l'été était «ridicule et excessif» et «a fait beaucoup de mal», il pense que le baril devrait dans l'idéal se situer entre 80 ou 90 dollars, et non à moins de 50 actuellement, pour permettre ces investissements. Le patron de la première société française par sa capitalisation boursière a cependant précisé qu'il n'y aurait ni suppressions d'emplois chez Total, ni réduction de son propre programme d'investissements. Opposé aux taxes sur les super-profits Christophe de Margerie réfute par ailleurs le bien-fondé de la proposition, formulée notamment par la gauche, de taxation des profits historiques de son entreprise, qui pourraient dépasser les 14 milliards d'euros cette année. «Qu'est-ce que c'est que cette histoire de super-profits ? Douze milliards, c'est honteux quand on a 13 milliards d'investissements à faire et qu'il faut relancer l'économie ?», a-t-il lancé. «On peut être plus transparent, c'est ce que je souhaite pour Total, s'expliquer et que les gens comprennent que cet argent, il est pas volé, il leur revient», a-t-il simplement concédé. Il explique que Total paye déjà beaucoup d'impôts - il a cité le chiffre de 17 milliards par an. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, où de telles mesures de taxation de super-profits sont envisagées, sont, contrairement à la France, producteurs de pétrole, souligne-t-il. Selon lui, une surtaxe de Total est juridiquement impossible en raison de ce problème de localisation des exploitations. «Je pense pas qu'on aura de surtaxe, (...) Le sujet est simple, vous payez dans le pays où vous réalisez vos profits», a-t-il expliqué. Il confirme que l'entreprise, qui emploie 40 000 personnes en France, a arrêté la pratique très critiquée qui consiste à acheter avec ses bénéfices ses propres actions afin de soutenir leurs cours au profit de ses détenteurs. Il assure qu'il ne bénéficiera jamais de parachute doré, du moins de la manière dont il le définit. Il assure en effet qu'il n'aura pas d'indemnité s'il commet une faute. S'il est démis de ses fonctions, il est prévu en revanche qu'il percevra l'équivalent de deux ans de salaire, a-t-il dit. «Je ne vois pas pourquoi un patron n'aurait pas droit à quelque chose», a-t-il souligné. L'année dernière, il a dit avoir perçu au total 2,75 millions d'euros de salaires, plus des stock-options.