L'association anticolonialiste "France-El-Djazaïr " basée à Nîmes dans la région du Sud-Est de la France, de concert avec le Centre culturel algérien à Paris (CCA) organise depuis mercredi dernier et jusqu'à jeudi prochain, la cinquième édition du panorama du cinéma algérien de Nîmes. Un rendez-vous cinématographique certes, mais aussi politique, du fait que son contenu favorise la promotion d'œuvres qui ont un lien direct avec la Révolution algérienne, voire le refus du colonialisme. Ce panorama qui a lieu une fois tous les deux ans est une véritable opportunité de découvrir les images vieilles ou neuves qui se font en Algérie dans un sens plus que didactique mais un peu engagé dans les luttes pour la paix. Au total, 25 films, courts-métrages et documentaires mettant à l'honneur les réalisatrices et les actrices algériennes dans ce panorama qui s'est détaché cette année du fait révolutionnaire par les images mais qui a plutôt ouvert son espace aux œuvres aussi comiques que tragiques à l'exemple de " Rachida " de Mina Bachir Chouikh ou encore de " El Mehna " de Nourredine Zerrouki. D'ailleurs, ce dernier relate le combat d'un jeune débordant de vie et de rêves qui voit son quotidien tourner au cauchemar. Projeté dans une salle archi-comble, ce film raconte l'histoire d'un jeune algérien féru de musique et dont la famille a été décimée par le terrorisme. Le jeune finit par positiver le sentiment de vengeance pour en faire une raison de vivre et un motif pour résister à la haine et à la rancœur. Ce film qui nous replonge dans la terreur des années 90, est sans doute fait dans la même veine que "Rachida" de Mina Chouikh. Premier long-métrage de l'ancienne monteuse, Rachida décrit la prise de conscience d'une jeune enseignante algérienne sortie indemne d'une rencontre avec un groupe terroriste, dans lequel elle reconnaît l'un de ses anciens élèves. Dans le village où elle se réfugie avec sa mère, Rachida, meurtrie mais têtue, retrouve une classe et tente de reprendre une vie normale. Mais c'est sans compter sur la violence qui a libéré tous les cocons et ensanglanté l'Algérie des années 90. Présenté dans une quinzaine de festivals où il a été récompensé à plusieurs reprises, Rachida figurait dans la sélection "Un certain regard" au Festival de Cannes 2002. Selon El hadj Bensalah, ancien directeur de la cinémathèque d'Oran et consultant international en cinéma algérien, la projection de "El Mehna " a eu un succès tel, que de nombreuses associations versées dans le 7e art se sont enquises des moyens d'en assurer la diffusion en France ". Bensalah qui a animé le débat qui a suivi la projection, a indiqué que des représentants du Festival de Nanterre, du mouvement associatif et du Festival cinémaginaire ont tenu à connaitre les moyens de diffuser ce film qui a captivé un parterre de Français et d'Algériens résidants, férus du grand écran. Hommage à la femme Les projecteurs s'étaient prolongés ce jeudi, lors de cette manifestation sur les productions cinématographiques des femmes qui ont reçu des festivaliers un vibrant hommage. Une occasion aussi de montrer une valeur montante du cinéma, la jeune réalisatrice Sabrina Draoui qui a été vivement remarquée lors du deuxième festival du court métrage de Taghit. C'est le même court d'ailleurs qui a reçu un trophée à Taghit, " Goulili " que les spectateurs ont pu voir durant cette manif. Habitué de cette rencontre, Nadir Mokhnéche avec son égérie Biyouna, a pu montrer également quelques unes de ses œuvres comme "Le harem de Madame Osman " ou " Viva l'Algirie ". D'autres films signés par d'autres réalisatrices seront également à l'affiche même si dans le monde du 7ème art les œuvres féminines se comptent sur les doigts d'une seule main. Parmi ces films, les spectateurs pourront découvrir ou redécouvrir, -parcequ'il n'y a pas d'enjeu de prix donc la plupart des films sont relativement datés- "Mamya Chentouf" de Baya Tidjani, "Rachida" de Yamina Bachir Chouikh, "Goulili" de Sabrina Draoui, "On ne mourra pas" de Amel Kateb, et "Ma mère" de Béatrice Romand. D'autres œuvres classiques et récentes, seront également à l'affiche comme "Morituri" de Okacha Touita, "La Citadelle" de Mohamed Chouikh, "De Hollywood à Tamanrasset" de Mahmoud Zemmouri, "Le voyage à Alger" de Abdelkrim Bahloul, "Le vent des Aurès" de Mohamed Lakhdar Hamina et "L'opium et le bâton" de Ahmed Rachedi. Ce dernier fut adapté dans les années 70 du livre éponyme de Mouloud Mammeri et parle de la période charnière de la guerre de libération nationale. Du fait peut être de son âge, Ahmed Rachedi a toujours exploré ce terreau révolutionnaire, la preuve est que son dernier film, "Benboulaid " très discutable d'ailleurs, rend hommage à cet héros de l'est qui a quitté femme et fortune pour s'engager dans la lutte pour la liberté.