Par définition, l'urbanisme est l'ensemble des plans et des actions cohérentes qui permettent l'organisation optimale des fonctions techniques, sociales et esthétiques d'une ville. Cela sous-entend qu'une ville devrait répondre à un ensemble de critères pour mériter son nom, à l'instar d'un plan de circulation performant avec tout ce qu'il nécessite comme moyens pouvant faciliter celle-ci, un réseaux hydrique desservant tous les habitants, une architecture répondant au normes, un système de prévision et d'intervention en cas de catastrophes… . mais qu'en est-il de nos villes et qu'elles sont les préconisations que devraient prendre les différents intervenants dans le domaine pour embellir l'image de nos villes qui comptent 65% de la population ? C'est à ces questions qu'ont tenté de répondre différents spécialistes et représentants des différents ministères (sauf celui des Transports qui a brillé par son absence) qui se sont réunis, hier, au forum d'El Moudjahid. Tous se sont mis d'accord que beaucoup de lacunes restent à combler et que des efforts "énormes" doivent être consentis que ce soit sur le plan de la législation ou du moins son application, sur le plan technique, mais surtout sur le plan humain qui souffre terriblement d'un déficit de formation. Il préconiseront, en outre, un débat interdisciplinaires qui touchera à tous les aspects d'une meilleure urbanisation de l'Algérie. M. Ben Khoudja Fouad, conseiller au ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, évoquera "les problèmes de gestion, la violence, la dégradation du parc immobilier national et d'autres problèmes qui asphyxient la vie des citadins ainsi que celle de ceux qui s'y rendent". Abondant dans le même contexte, le président du Collège national des experts architectes, jettera la balle dans le camp des collectivités locales qui, selon lui, n'accomplissent pas le rôle qui leur est assigné dans la modernisation des villes. "La législation et les stratégies existent, les différents ministères abondent tous dans le même sens et l'argent ne fait pas défaut. Ce sont les collectivités qui ne font pas convenablement leur travail à cause d'un manque certain de la formation des élus", a-t-il assené. Selon cet même expert, "l'on investit plus dans les études, mais très peu en ressources humaines, ce qui a conduit à un manque flagrant en qualité de gouvernance et en maturation de projets". De son côté, le représentant du ministère des Travaux publics, M. Lahmer Abelkader, évoquant les 49 milliards de dollars qui seront investis dans ce secteur dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, invitera au respect de la législation en la matière et reconnaîtra les insuffisances à l'instar des 25% des routes communales et willayales et les 5% des routes nationales qui restent en deçà des normes. Sur un autre chapitre qui celui de l'approvisionnement de nos villes en eau potable, M. Messaoud Kerra, directeur d'approvisionnement au ministre des Ressources en eaux, qui a mis en valeur les avancées du pays dans le domaine, passant, entre autres, de 13 barrages en 1962 à 67 barrages actuellement, a reconnu les dysfonctionnements dans la distribution de cette denrée et la non rationalisation de son exploitation. Un autre registre aussi important que les précédents : la gestion des risques majeurs dans les villes algériennes. En effet, l'on se souvient du séisme Boumerdès et des inondations de Bab El-Oued, pour ne citer que ceux-là, qui ont coûté tant de vies. "On achète la mort avec son propre argent !", s'émeut Chelghoum Abdelkrim, professeur à l'université de Bab Ezzouar et président du Club risques majeurs. Il déplorera le fait que de grands édifices s'écroulent dans la même année de leurs livraison et appellera à diagnostiquer le vieux bâti, ainsi qu'améliorer la qualité des nouvelles constructions qui doivent être adaptées aux risques que représente la région. Toujours sur même registre, Boubekeur Mohamed, expert en risques majeurs, mettra le point sur le fait que la gestion des risques dans les villes algériennes soit "difficile", du fait que celles-ci ne sont pas "toujours faciles d'accès et trop médiocres sont les mesure de prise en charge quant à l'intervention dans les plans de construction et de prévention". S'agissant de l'information quant à ces risques, le même expert dira qu'elle est presque absente et quand il y a information, elle est souvent en retard, ce qui rend nos villes des mouroirs. Naït Saâda Makhlouf, inspecteur général de l'urbanisme au ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, annonce que dans 1000 centres urbains éparpillés dans le pays et qui plus est sur les régions côtières du fait que celles-ci suscitent l'attrait des populations pour toutes les opportunités qu'elles offrent, "tout projet de construction doit s'inscrire dans la gestion des risques", ce qui ne semble pas être souvent le souci des constructeurs et des bâtisseurs des villes. Se prononçant sur le secteur du transport, les intervenants, préconiseront à l'unanimité un plan de circulation spécifique pour chaque ville en agissant sur différents fronts, à l'instar de celui de l'organisation des journées de réception. Face à toutes ces tares qui font de nos villes des zones à peine urbaines, les présents à la rencontre ont plaidé pour un travail interdisciplinaire et interministériel où toute partie prendra à sa charge les missions qui lui seront dévolues, mais "que ça soit dans la concertation et la mise en valeur de tous les atouts que compte le pays, notamment les ressources humaines qui doivent bénéficier d'un recyclage et d'une formation permanente".