A la fois pour ce qui concerne la politique et l'économie, le fait que l'on ne sache rien de ce qui est projeté pour l'Algérie à des horizons plus lointains que les échéances électorales peut nous placer dans la situation où la tendance serait grande, très grande même, de dire que les pouvoirs publics cèdent au péché facile de la pratique de la méthode de la navigation à vue. Mais, à voir que le système politique mis en place a la peau dure, pourrai-on, en conséquence, réellement croire un seul instant que les pouvoirs publics, ou plutôt ceux qui décident de ce qui se fera, n'ont pas une vision à long terme, ne savent pas ce qu'ils devront faire, alors qu'il y a une continuité des politiques étatiques ? Sur le plan politique, il est bien évident que quelle que soit l'équipe qui succède à une autre au pouvoir chacune d'elles déclare qu'elle est pour la continuité et pas la rupture. Cela serait-il validé pour la politique, et serait-il validé pour l'économie? Sur le plan de l'économie, il serait tentant de le soutenir, de croire que les pouvoirs publics ont investi dans une recherche par tâtonnements de solutions à une équation qui paraît insoluble, en tout cas facile à résoudre pour un pays comme le nôtre qui dépend du pétrole et rien que du pétrole, qui finance la croissance par des dépenses publiques. L'avènement de l'économie de marché capable de financer par elle-même le développement du pays en substitution à l'endettement et à la dépense publique ne semble pas pour demain. Pourrions-nous là également soutenir que les pouvoirs publics n'avaient rien prévu ? Difficile de le soutenir. Peut-être cela pourrait-il être le cas pour ce qui concerne les IDE car le pouvoir paraissait être surpris mais peut être cela ne serait-il qu'une apparence ?. La rareté des IDE par rapport aux prévisions et également par rapport aux promesses des pays libéraux d'encourager les investissements en échange de la mise en œuvre des réformes qui feraient de nos frontières des passoires pour cause d'abaissement des barrières douanières ont induit de nombreuses orientations, pour ne pas dire des réorientations car l'usage de ce concept laisserait entendre " que nous nous sommes fait avoir ". Sur le plan politique, par contre, il semble que les variables sont maîtrisées, et que les pouvoirs publics ont déjà défini, même unilatéralement, les éléments constitutifs du nouvel ordre national interne à instaurer pour longtemps encore, y compris les nouveaux repères qui devraient baliser les mutations politiques, économiques et même sociologiques pour une société dont des couches entières ont paru n'avoir eu le même vécu culturel. N. B.