On se pose souvent la question de savoir pourquoi, malgré bien des audits dits menés sérieusement, les thérapies identifiées et mises en œuvre n'aboutissent pas aux résultats attendus. Où est le vrai problème alors ? Inefficacité dans la mise en œuvre des politiques ? Inefficacité des instruments de suivi de la mise en œuvre des politiques d'action ? Oui, le futur alimentaire est en péril. L'agriculture est en déficit. Les terres agricoles se sont raréfiées. Il continue à demeurer une grave dépendance du pétrole comme source de financements du pays, et plus particulièrement des importations alimentaires. Il y a surtout des avancées à faire dans les exportations hors hydrocarbures, mais quoi faire pour y parvenir, c'est-à-dire exporter hors hydrocarbures et produire en substitution aux importations. Une transaction qui n'a pas abouti du fait que les partenaires étrangers peuvent se dédire si leurs intérêts le leur recommandent ? Pouvons-nous dire que la rareté des IDE n'a pas été prévue par les pouvoirs publics qui ont quand même cédé aux recommandations selon lesquelles les investisseurs ne viendraient qu'après la mise en œuvre des réformes ? Pourrions-nous alors en déduire que nous nous sommes fait avoir et qu'en conséquence, il nous faudrait procéder à un changement de trajectoire ou alors à des retouches ? Le Premier ministre avait sûrement anticipé, lui qui disait qu'il n'y aurait qu'un simple changement, alors que le cap est maintenu sur l'économie de marché ? Peut-on imaginer un seul instant que les pouvoirs publics, ou plutôt ceux qui décident de ce qui se fera, n'ont pas une vision de long terme, ne savent pas ce qu'ils devront faire, alors que la continuité des politiques étatiques, sur le plan politique, est bien évidente quelle que soit l'équipe qui succède à une autre, car les successions se font toujours au sein du même système politique et qu'il en est de même pour ce qui concerne l'économie ? Certes, publiquement nous ne disposons pas de projections sur le futur dans le domaine de l'économie et du social, mais le fait que les institutions ne communiquent pas trop sur leurs anticipations ne veut pas dire que n'existent pas de telles projections. Le fait que l'on ne sache rien de ce qui est projeté pour l'Algérie à des horizons plus lointains que les échéances électorales peut nous placer dans la situation où la tendance serait grande, très grand même, de dire que les pouvoirs publics cèdent au péché facile de la pratique de la méthode de navigation à vue. Cela serait-il validé pour la politique et serait-il validé pour l'économie? Sur le plan de l'économie, il serait tentant de le soutenir, de croire que les pouvoirs publics ont investi dans une recherche par tâtonnement de solutions à une équation qui parait insoluble, en tout cas pas facile à résoudre pour un pays comme le nôtre qui dépend du pétrole et rien que du pétrole, qui finance la croissance par des dépenses publiques. L'avènement de l'économie de marché capable de financer par elle-même le développement du pays en substitution à l'endettement et à la dépense publique ne semble pas pour demain. Il semble que pour ce qui concerne l'économie, les orientations changent en fonction de ce qui se présente sur le terrain, car les pouvoirs publics ont trop compté sur les IDE et la coopération par le partenariat, du moins si on se rapporte à leurs discours. Sur le plan politique, par contre, il semble que les variables sont maîtrisées et que les pouvoirs publics ont déjà défini, même unilatéralement, les éléments constitutifs du nouvel ordre national interne à instaurer pour longtemps encore, y compris les nouveaux repères qui devraient baliser les mutations politiques, économiques et même sociologiques pour une société dont des couches entières ont paru n'avoir pas eu le même vécu culturel.