Le patrimoine biologique de l'Algérie fait l'objet d'un inventaire détaillé réalisé par une équipe de chercheurs pluridisciplinaires dans l'objectif d'élaborer un plan d'action national de la diversité biologique sous la houlette du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il s'agit, en effet, d'un projet ambitieux entamé en 2004 qui a pour but de réhabiliter et de valoriser le patrimoine biologique national, en déclin, ces deux dernières décennies. Il faut dire que la conservation et la valorisation de types génétiques originaux apparaît, aujourd'hui, comme une impérieuse nécessité. Ceci est d'autant plus vrai que l'Algérie devra faire face aux obligations découlant de la ratification de la Convention internationale sur la biodiversité. Mais cette valorisation des ressources biologiques nationales ne saurait se faire en rupture avec le dynamisme des communautés rurales et les écosystèmes qui constituent, en dernière instance, les supports humains et physiques de la biodiversité. Penser donc le processus de valorisation du patrimoine biologique national, est loin d'être la conséquence d'une vision lyrique du développement agricole ni une reproduction mécanique de la pensée agronomique dominante des organisations internationales, mais cela revient, en fait, à concevoir des politiques hardies capables d'articuler, dans une perspective favorisant les remontées écologiques salutaires, le capital biologique existant, les territoires, les communautés rurales et les savoir-faire qu'il faudrait réhabiliter et réinterpréter à la lumière des sciences agronomiques et sociales modernes.En d'autres termes, le monde rural joue un rôle très important dans la préservation de la biodiversité. Il faut savoir, par ailleurs, que le patrimoine biologique de l'Algérie est essentiellement associé à un espace physique marqué par l'aridité climatique et l'exiguïté des espaces exploitables. Les parcours et les forêts constituent la grande partie, soit quarante millions d'hectares, des espaces destinés aux activités agro-sylvo-pastorales. Le territoire valorisé par l'agriculture, évalué à huit millions d'hectares, est l'apanage d'une diversité de milieux où l'on retrouve une variabilité génétique importante. La position biogéographique de l'Algérie et la structure de ses étages bioclimatiques font de ses terroirs un gisement relativement important de ressources biologiques qui a eu à subir, par ailleurs, l'influence de diverses civilisations, en termes de flux, d'introduction et de pillage d'espèces, de taxons et de types génétiques croisés. Les pratiques agricoles héritées de ces brassages successifs de populations, porteuses de savoir-faire, ont contribué, de bien de façons, à l'enrichissement et à l'originalité de cet environnement agricole et culturel. Aussi, l'Algérie fait partie de cette région méditerranéenne considérée comme étant un centre de grande variabilité génétique, ce qui lui permet d'être la source pour de nouveaux caractères recherchés pour l'amélioration de la productivité agricole. Mais, à l'instar des tendances observées à l'échelle mondiale, confirmées par les divers sommets de la terre (Stockholm, Rio et Johannesburg), l'Algérie connaît hélas un rythme rapide de dégradation de la diversité biologique et agricole. Bien que la disparition de variétés végétales et de types de populations animales soit un phénomène naturel, son accélération ces dernières décennies, induite par les pressions exercées par le développement des activités humaines et les transformations socio-économiques, a été à l'origine de la rupture des équilibres naturels, de la dégradation des biotopes et de l'érosion génétique chez beaucoup d'espèces, ce qui peut constituer un motif de préoccupation pour les pouvoirs publics et les communautés rurales. Une situation ne va pas sans induire des incidences sur l'alimentation des populations et les tendances enregistrées, ici et là, peuvent devenir impérieuses et préoccupantes. L'allusion, est dans notre cas, faite aux nombreuses et infructueuses tentatives d'organiser notre agriculture. Les politiques agricoles mises en oeuvre depuis le début des années 70 ont appréhendé le développement agricole sans des préalables de consensus et de combinaisons intelligentes pour préserver la diversité biologique. Aujourd'hui, il faudra rattraper les retards et réparer les dégâts