Le secrétaire d'Etat chargé de la statistique remet en cause les deux précédents programmes quinquennaux et confirme, de fait, l'échec des politiques menées à ce jour par les gouvernements successifs, dont celui d'Ahmed Ouyahia. Des sommes colossales ont été dépensées durant la décennie passée, sans permettre la progression de la croissance économique soutenue à coup de perfusions budgétaires. Il s'agit de pas moins de 350 milliards de dollars débloqués durant les dix années précédentes, de 1999 à 2009. En fait, ces sommes représentent quasiment le budget dégagé pour la relance du programme de développement chinois. Ce pavé jeté dans la mare, le ministre pose le préalable à toute croissance à deux chiffres. Celui d'arrêter de légiférer à tout-va et d'"améliorer le climat d'investissement en mettant l'administration au service des opérateurs économiques", "à une stabilité institutionnelle (…)" et "parvenir à produire des textes adéquats en matière de législation économique, en tenant compte de l'environnement économique, et de diminuer leur nombre jugé élevé". M. Ali Boukrami affirme que "nous pouvons réaliser une croissance à deux chiffres si nous augmentons notre productivité qui est actuellement faible". "Chaque point d'augmentation du taux d'emploi donnera lieu à 1,5 point de hausse de croissance. Mais, cette corrélation n'est pas évidente dans le cas de l'Algérie pour des considérations de productivité", ajoutera-t-il. Il appelle à cet effet "à réorienter l'investissement public vers la production". M. Boukrami a soutenu, hier, que la croissance en général est le résultat de trois facteurs, clés que sont l'augmentation du travail, la hausse du capital et la progression de la productivité. Or, la croissance en Algérie est beaucoup plus le résultat de l'augmentation du capital que de la productivité qui reste faible, malgré le nombre important d'emplois créés ces dernières années. En langage décodé, le secrétaire d'Etat, en parfait expert maîtrisant les chiffres, déplore les répétitives injections massives d'argent qui n'ont, cependant, pas permis la création de véritables postes d'emploi stables assurant à peine un travail précaire, sans productivité réelle. D'ailleurs, il l'expliquera en déclarant que "cela veut dire que les emplois qui ont été créés n'ont pas une grande productivité" et que "l'enjeu de l'économie nationale est de revenir à la productivité et à une utilisation rationnelle des moyens de production". Le constat qu'il fait relève l'écart entre le financement de l'investissement public, qui pose, depuis deux ans, un problème d'absorption financière atteignant ainsi son plafond durant les deux dernières années, alors que l'investissement privé reste faible et dépendant dans sa majorité des contrats publics. Le ministre dira, à cet effet, en citant l'année 2009 à titre d'exemple, qu'"environ 3 800 milliards de DA (environ 53 mds de dollars) ont été alloués à l'investissement public, alors que l'investissement privé dans un secteur très productif comme l'industrie n'a pas dépassé 6 milliards de dinars durant cette période, contre 3 milliards de dinars en 2008". D'ailleurs, les pouvoirs publics comptent bien revoir à la baisse cet investissement qui, selon M. Boukrami, sera de facto "réorienté vers les secteurs productifs car dans le cas contraire, plus on investit dans ce soutien plus les effets attendus ne seront pas atteints". Il posera, cependant un préalable, celui d'"améliorer le climat d'investissement en mettant l'administration au service des opérateurs économiques". La priorité du gouvernement sur ce point est de parvenir à une stabilité institutionnelle, c'est-à-dire parvenir à produire des textes adéquats en matière de législation économique, en tenant compte de l'environnement économique, et diminuer leur nombre jugé élevé.