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L'Etat se perd dans ses excès budgétaires
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2009

Le projet de loi de finances 2010, qui prévoit d'énormes budgets pour l'équipement, le fonctionnement et la couverture sociale, dont les taux ont été rehaussés par rapport aux dépenses prévues pour 2009, pourrait poser, à nouveau, le problème de l'équilibre budgétaire de l'Etat.
Cette fois, le projet de loi de finances 2010, concocté sur la base de 37 dollars le baril de pétrole, a battu tous les records en termes de dépenses. Le budget de fonctionnement pour l'année prochaine atteint 2838 milliards de dinars (environ 28 milliards d'euros), soit une hausse de 6,6% par rapport à l'exercice en cours. Près de 1600 milliards de dinars sont consacrés au fonctionnement des services de l'Etat. Le budget d'équipement et d'investissement totalise quant à lui 3332 milliards de dinars (plus de 33 milliards d'euros) d'autorisation de programme (en hausse de plus de 7%), avec des crédits de paiement de 3023 milliards de dinars. En somme, les opérations inscrites au budget d'équipement et d'investissement pour 2010 (3300 milliards de dinars) représentent l'équivalent de 45 milliards de dollars, soit le tiers des dépenses (150 milliards de dollars) prévues dans le plan quinquennal 2009-2014. Le maintien de la politique d'expansion budgétaire par l'Etat pourrait porter préjudice à l'équilibre financier du pays, car il ne s'agit pas uniquement de faire le calcul de ce que l'on encaisse comme recettes, mais aussi de la maîtrise rigoureuse des dépenses publiques.
Les chiffres liés aux dépenses publiques deviennent de plus en plus faramineux et totalisent environ 100 milliards de dollars pour l'année 2010, si l'on additionne les trois budgets consacrés au fonctionnement, à l'équipement et l'investissement public et aux couvertures sociales. Il est vrai que l'Algérie dispose d'un matelas financier important et pourrait lutter contre un éventuel déficit budgétaire en puisant dans le fonds de régulation des recettes, mais les dépenses publiques risquent de mener sur une piste d'incertitude macro-économique si les prix du pétrole venaient à être tirés vers le bas. Les recettes injectées dans l'équipement sont inégalées. Toutes les dépenses annoncées par le gouvernement, à la faveur de l'adoption du projet de la loi de finances 2010, ne devront générer que 4% de croissance du produit intérieur brut et 5,5% hors hydrocarbures. Pour un pays dont le rythme économique est normal, 5% du PIB injectés devraient générer 3,5% de croissance, alors que l'Algérie injecte 15% de son PIB pour créer 3% seulement de croissance additionnelle.
Malgré les précédents plans quinquennaux décidés à coups de dizaines de milliards de dollars, un simple flash-back démontre que la courbe de croissance de l'économie algérienne, ces dernières années, est de tendance descendante. C'est-à-dire que la manne en devise étrangère générée par les recettes d'hydrocarbures n'est pas injectée dans des secteurs porteurs de croissance. Ceci, alors que le taux d'inflation officiel prévu par les rédacteurs du projet de loi de finances 2010 est fixé à 3,5%. Les importations, qui ont atteint en 2008 la barre des 40 milliards de dollars et se sont situées à près de 30 milliards de dollars pendant les neuf premiers mois de 2009, devraient s'établir à 37 milliards de dollars en 2010, et ce, en dépit de toutes les dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 destinées à réduire la facture d'importation. C'est-à-dire que les importations continueront à se situer à des niveaux très élevés en 2010, provoquant ainsi des préjudices importants pour les PME algériennes, fortement concurrencées par les produits importés. Concrètement, les importations sont synonymes de politique de survie, ni plus ni moins, et constituent une mauvaise habitude qui fait disparaître rapidement la rente. L'exemple le plus édifiant est celui de la Russie qui avait perdu 20% de ses réserves en un semestre des suites de la crise économique internationale. Les excès budgétaires annoncés dans le projet de loi de finances 2010 pourraient sérieusement remettre en cause l'équilibre budgétaire de l'Etat. Les experts les plus avertis continuent à croire à « une crise en deux creux ». Le gouvernement entend combler le déficit par la mobilisation des recettes stockées dans le fonds de régulation. Cela renseigne sur l'absence de vision macroéconomique chez nos dirigeants en charge de ces questions.


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