Selon des sources concordantes, le président de la République va procéder à un remaniement gouvernemental ces jours-ci. Le départ du Premier ministre Ahmed Ouyahia est imminent, ajoutent ces sources, précisant que le chef de l'Etat n'est pas satisfait des résultats de l'Exécutif qui a eu des moyens plus que suffisants pour le développement du pays. Annoncé à plusieurs reprises, le remaniement gouvernemental opéré par le chef de l'Etat s'imposait, selon nos sources, au vu de l'échec constaté dans la gestion des affaires du pays, notamment la concrétisation du programme et des orinetations du président de la République annoncées au peuple algérien lors des précédents mandats. Malgré l'aisance financière du pays, qui a d'ailleurs suscité des jalousies de part et d'autres, déclinée dans le cadre des plans quinquennaux 2005-2009 et 2010-2014, le gouvernement a eu du mal à suivre les orientations présidentielles pourtant rappelées à plusieurs reprises lors des réunions du Conseil des ministres et des séances d'audience sectorielle tenues durant le dernier mois de Ramadhan. Les justifications ne manqueront certainement pas pour expliquer les retards et les défaillances accusés, mais le gouvernement d'Ahmed Ouyahia a eu toute la latitude d'aller de l'avant, tiennent à souligner nos sources. Les moyens financiers dont dispose l'Algérie, entre autres, des réserves de change qui ont dépassé les 150 milliards de dollars, un endettement extérieur insignifiant (moins de 400 millions de dollars), des revenus exceptionnels, n'ont pas permis de répondre aux besoins exprimés, laissant l'impression que l'Exécutif a été incapable de gérer les situations et les différentes crises. En 2010, les Algériens ont fait face à des pénuries cycliques de produits de première nécessité, à l'exemple du lait pasteurisé en sachet, illustrant toute la difficulté d'appliquer un des objectifs de la politique de soutien au pouvoir d'achat du consommateur. Les pénuries d'argent liquide dans les centres de paiement postaux en des circonstances de fortes dépenses (Aïd, rentrée scolaire, Ramadhan…) a démontré toute l'incompétente des responsables en charge de ces questions. Ce problème de manque d'argent liquide pouvait engendrer des tensions sociales dramatiques, car il s'agit après tout d'un droit des plus élémentaires, que celui de disposer de son argent. Le changement du gouvernement a été opéré en raison des faiblesses enregistrées dans de nombreux domaines relevant de sa compétence. On retient principalement à ce propos le projet de 100 locaux par commune, une initiative du premier magistrat du pays, qui a tourné en un «véritable fiasco». L'objectif était de permettre aux jeunes de disposer de locaux professionnels dans toutes les communes du pays, ce qui aurait permis de créer des milliers d'emplois. Le constat aujourd'hui est catastrophique. Des locaux réalisés à coups de milliards de dinars demeurent fermés ou carrément abandonnés, dans l'indifférence totale. Des projets aussi stratégiques comme ceux du raccordement au gaz naturel, de distribution d'eau potable et de réseau routier s'éternisent et engloutissent des sommes faramineuses. Le gouvernement a démontré ses limites dans la gestion de la hausse des prix des produits alimentaires de large consommation. Ni le ministère du Commerce, ni les institutions chargées de la prospection et de la stratégie n'ont pu anticiper sur les fluctuations enregistrées sur les marchés mondiaux qui ont failli faire basculer le pays dans l'insécurité et le chaos. La gestion des manifestations et des émeutes n'a pas été également à la hauteur. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, à défaut de rassurer les jeunes et d'exprimer la disponibilité de l'Etat à prendre en charge leurs doléances, s'est employé à les critiquer et à les accuser d'être des voyous. La gestion du marché informel, du programme de logements et le transport public n'a pas été à la hauteur. Nommé à ce poste depuis le 23 juin 2008, Ahmed Ouyahia clôture aujourd'hui un exercice marqué par de fortes dépenses publiques, mais sans résultats concrets pouvant rassurer les Algériens sur les prochains jours. L'année 2010 a été marquée par un montant des importations de plus de 40 milliards de dollars, dont les produits alimentaires ont coûté plus de 6 milliards de dollars. Et les produits de rechange ne sont pas pour demain, conclut-on.