Hier matin, la vie semblait reprendre doucement au Caire alors que la contestation du régime en place se maintenait. Pour preuve de ce retour relatif à la normale, de nombreux commerces et les banques ont rouvert dans la capitale égyptienne. Dans la matinée, le vice-président égyptien Omar Souleimane a lancé un dialogue avec l'opposition en s'entretenant avec des représentants de l'opposition dont des responsables des Frères musulmans, un tournant dans la relation de la confrérie avec l'Etat. Mohamed ElBaradei, l'une des figures de proue de l'opposition, n'aurait pour l'heure pas été sollicité. Selon un porte-parole du gouvernement, les représentants de l'opposition et les personnalités indépendantes ont convenu avec Omar Souleimane de créer un comité pour préparer des amendements à la Constitution d'ici la première semaine de mars. Ce nouvel élément, dans lequel il n'est pas fait mention du président Hosni Moubarak, vient s'ajouter aux faits survenus samedi. En effet, le bureau exécutif du parti du président égyptien a démissionné et cela a été vu comme une étape "positive" dans l'attente de "gestes supplémentaires", selon Washington, vers une transition démocratique. "En tant que président du Parti national démocrate (PND), le président Hosni Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti", avait précisé la Télévision d'Etat, écartant les rumeurs sur la démission du raïs de la tête de son parti. Le fils du président, Gamal Moubarak, a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également d'Hossma Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l'opposition. Alors que Washington avait appelé vendredi Moubarak à s'effacer le plus rapidement possible, l'émissaire personnel du président Obama pour l'Egypte, Frank Wisner, a déclaré samedi qu'il devait désormais "rester en place pour mettre (les) changements en oeuvre". Ces propos n'"engagent que lui et non le gouvernement américain", a rectifié l'administration américaine. Sur la place Tahrir, emblème de la contestation antigouvernementale dans le centre du Caire, des milliers de manifestants demandaient toujours samedi soir le départ immédiat du président Moubarak. Ils étaient toujours présents dimanche matin. L'ambiance y était calme. La démission de la direction du parti présidentiel "c'est comme des cartes que l'on jette sur la table afin de plaire à la rue", a dit Mahmoud Momen, un homme d'affaires de 46 ans. "Les piliers du régime s'écroulent, ce qui signifie que la révolution de la jeunesse a causé un important séisme", a affirmé de son côté Farid Ismaïl, un membre des Frères musulmans. L'armée a renforcé sa présence sur la place alors que la veille, des chars avaient été empêchés de quitter les lieux par les manifestants qui redoutaient de nouvelles attaques des pro-Moubarak. Après s'être d'abord tenue à l'écart des manifestations, pour rejoindre tardivement le mouvement de révolte égyptien, la confrérie des Frères musulmans a annoncé, samedi, qu'elle acceptait de participer aux négociations avec le pouvoir. But : chercher une issue à la crise politique. Les Frères ont entamé leurs discussions avec le vice-président égyptien Omar Souleimane. Les négociations . "Nous avons décidé de nous engager dans un cycle de dialogue pour évaluer le sérieux des autorités en ce qui concerne les revendications de la population et leur volonté d'y répondre", a expliqué un porte-parole des Frères musulmans, qui sont considérés comme la première force d'opposition malgré leur interdiction officielle. Aussi, l'opposition égyptienne n'est pas parvenue à s'entendre sur une position commune avant d'entamer des négociations avec le vice-président . Les représentants de l'opposition égyptienne qui exigent le départ du président Hosni Moubarak ne sont pas parvenus à s'entendre sur une position commune avant d'entamer des négociations avec le vice-président Omar Souleimane en vue d'une sortie de la crise politique. Les Frères musulmans, mouvement le plus influent et le plus structuré de cette opposition, qui avaient jusqu'ici refusé l'offre de dialogue, l'ont finalement accepté samedi. Les discussions sur le départ du président Hosni Moubarak, la formation d'un gouvernement de transition, le droit de manifester en public et la sécurité des membres du mouvement, débuteront dimanche à 11 heures, a précisé un représentant de la confrérie. Selon les chaines de télévision publiques, Omar Souleimane a consulté samedi des personnalités sans étiquette et plusieurs représentants de l'opposition pour évoquer les moyens à mettre en oeuvre en vue de la tenue d'une élection présidentielle libre et équitable dans le respect de la constitution. L'identité de ses hôtes n'a pas été précisée. Un groupe baptisé "Conseil des sages" propose que Moubarak cède ses pouvoirs au vice-président, qui les assumerait jusqu'au scrutin, mais certains membres de l'opposition jugent qu'en l'absence de réformes constitutionnelles, cette élection serait aussi inéquitable que les précédentes. Aussi prônent-ils l'élection d'une assemblée constituante avant la tenue d'un scrutin présidentiel. Le chef de l'Etat a promis mardi dernier de se retirer à la fin de son mandat, qui expire en septembre, mais ses opposants, mobilisés depuis le 25 janvier, exigent toujours sa démission immédiate.