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Négociations entre l'opposition et le régime égyptiens pour désamorcer la crise Estimées insuffisantes par les Frères musulmans et qualifiées d'opaques par El Baradei
Le début du dégel de la crise égyptienne a commencé avec l'engagement, hier, du dialogue entre l'opposition, dont le mouvement des Frères musulmans, et le pouvoir représenté par le vice-président Omar Souleïmane. Même si des milliers de manifestants continuaient pour le 13e jour consécutif à réclamer le départ du président Hosni Moubarak, la vie semblait doucement reprendre au Caire, où de nombreux commerces et banques ont repris leurs activités, des routes et des ponts ont été ouverts à la circulation. C'est la première fois que le régime appelle la confrérie islamiste, officiellement interdite depuis 1954, au dialogue qui se tient au siège du Conseil des ministres au Caire. Les discussions réunissaient également des représentants du parti Wafd (libéral), du Tagammou (gauche), des groupes de jeunes pro-démocratie ayant lancé le mouvement de contestation, ainsi que des figures politiques indépendantes et des hommes d'affaires. Les participants au dialogue ont fini par convenir de la création d'un comité pour préparer des amendements à la Constitution d'ici la première semaine de mars. Selon le porte-parole du gouvernement, Magdi Radi, il y a eu consensus sur «la formation d'un comité qui comptera le pouvoir judiciaire et un certain nombre de personnalités politiques pour étudier et proposer des amendements constitutionnels et les amendements législatifs requis [...] avant la première semaine de mars». Il est aussi question de l'ouverture d'un bureau destiné à recevoir les plaintes concernant les prisonniers politiques, la levée des restrictions imposées aux médias et le rejet de «toute ingérence étrangère dans les affaires égyptiennes». Le texte appelle aussi à la levée de l'état d'urgence, «selon la situation sécuritaire». Lors de cette rencontre, Omar Souleïmane a refusé un appel de l'opposition à assumer les pouvoirs du président Hosni Moubarak. Il est à souligner que l'opposant Mohamed El Baradei a assuré ne pas avoir été invité au dialogue, qualifiant ces discussions d'«opaques». «Je n'ai pas été invité à participer aux négociations, à ce dialogue, mais je sais ce qui se passe», a-t-il dit, ajoutant : «Le Président est un militaire, le vice-président est un militaire et le Premier ministre est un militaire. Je pense que si vous voulez réellement instaurer la confiance, il est indispensable de faire participer les civils, et c'est pourquoi j'ai suggéré de mettre en place un plan de transition dans le cadre duquel un conseil présidentiel, composé de trois personnes et comprenant l'armée, serait à la tête d'un gouvernement de transition». Les Frères musulmans ont tenu, pour leur part, à expliquer qu'ils participaient au dialogue pour «protéger la révolution» et défendre les revendications du mouvement de contestation contre le Président. A l'issue de ce dialogue, ils ont tenu à préciser que les réformes proposées par le régime du président Moubarak sont insuffisantes. Mohamed Mursi, un haut responsable des Frères musulmans, a affirmé, lors d'une conférence de presse au Caire, que «les demandes sont toujours les mêmes. Ils [le gouvernement] n'ont pas répondu à la majorité des demandes, ils n'ont répondu qu'à certaines, et de manière superficielle». Dans le monde, le début du dialogue en Egypte a été favorablement accueilli. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exprimé son soutien au dialogue engagé par le pouvoir, attendant de juger sur pièces, alors que le Premier ministre turc a appelé à une «transition démocratique» «dans les plus brefs délais». Aux appels répétés de plusieurs pays occidentaux à une transition politique ordonnée et rapide en Egypte, le régime de Moubarak a répondu hier par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, qui a fermement déclaré que son pays «refuse les diktats de l'étranger». H. Y.