Le rapport indique de plus que la situation s'est aggravée ces dernières années. Le nombre d'individus vivant dans l'extrême pauvreté a ainsi "augmenté de 3 millions par an entre 2002 à 2007", qui ont été pourtant des années de forte croissance économique (avec des moyennes de 7 %), pour atteindre 421 millions d'individus en 2007. Au total, 53 % de la population des PMA vivaient dans l'extrême pauvreté au seuil de la débâcle économique mondiale. Si les PMA ont montré une bonne résistance durant la crise, ils restent néanmoins très fragiles, notamment en raison de leur forte dépendance aux importations, en particulier alimentaires. "La dépendance aux importations est devenue dévastatrice", a déploré le secrétaire général de la CNUCED. Il a fait valoir que les dépenses pour les importations de produits alimentaires de ces pays étaient passées de 9 milliards de dollars en 2002 à 23 milliards en 2008. "C'est très alarmant", a-t-il insisté. De plus, les économies de ces pays restent "peu diversifiées" avec une très faible amélioration de l'épargne intérieure, une plus grande dépendance économique à l'égard de l'épargne extérieure et une accélération de l'épuisement des ressources naturelles, explique encore la CNUCED. "Tous ces éléments assombrissent aujourd'hui les perspectives de développement des PMA", prévient-elle. Pour contrer un mode de croissance "non durable" et "non équitable", la CNUCED appelle à une nouvelle architecture internationale du développement qui impliquerait plus ces pays dans la gouvernance mondiale, tout en leur assurant une plus grande assistance financière. L'engagement des pays donateurs à débloquer 0,7 % de leur PIB pour l'aide publique au développement n'est toujours pas atteint, a relevé M. SUPACHAI déplorant un manque à gagner de 23 milliards de dollars par an. Les PMA auront besoin d'une aide pour faire face au réchauffement climatique, dont ils sont les premières victimes alors qu'ils n'émettent que 1 % des gaz à effet de serre, responsables de ces changements. Déjà "les phénomènes météorologiques extrêmes dans les PMA ont été multipliés par 5 entre 2000 et 2010 par rapport à 1970-1979", insiste la CNUCED. Antithèse : économie solidaire Le libéralisme d'antan a prouvé ses limites. Un changement d'ère s'impose avec des priorités autres que celles données depuis longtemps à la rente, à la spéculation et aux intérêts de Wall Street plutôt qu'aux salaires et aux investissements publics et productifs. L'économie doit être guidée par une éthique, par l'objectif de bien - être et de pérennité de l'homme et de son environnement. Elle doit être solidaire et responsable et privilégier une gestion optimale de toutes les ressources : humaines, naturelles et financières. Elle doit avoir pour finalité la satisfaction des besoins essentiels de l'homme à travers une démarche de production et de consommation responsable. Face à l'urgence de la crise écologique et sociale qui se manifeste désormais de manière mondialisée (changement climatique, raréfaction des ressources naturelles, écarts entre pays développés et pays en développement, perte drastique de biodiversité, croissance de la population mondiale, catastrophes naturelles et industrielles), l'économie solidaire est une réponse de tous les acteurs (Etats, acteurs économiques, société civile) pour reconsidérer la croissance économique à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux du développement. Il s'agit, en s'appuyant sur de nouvelles valeurs universelles (responsabilité, participation et partage, principe de précaution, principe pollueur - payeur, débat …) d'affirmer une approche double : "Dans le temps : nous avons le droit d'utiliser les ressources de la Terre mais le devoir d'en assurer la pérennité pour les générations futures; "Dans l'espace : chaque humain a le même droit aux ressources de la Terre (principe de destination universelle des biens). L'économie solidaire est une approche différente de " l'économie libérale ", son principe étant de démontrer que l'activité économique est pleinement compatible avec la distribution équitable des richesses entre populations, territoires et générations. Elle se veut sociale et solidaire, et replace l'humain au cœur des préoccupations économiques. Les activités économiques sont un moyen au service d'un projet sociétal. Elle repose sur des projets économiques viables qui ont une démarche citoyenne : structure démocratique du pouvoir, caractère collectif du capital de l'entreprise, absence de rémunération du capital, objectif de service d'intérêt général, lutte contre les discriminations, solidarité entre les individus et avec les générations futures. La priorité de l'heure est donc de trouver un équilibre pérenne (viable, vivable et équitable) entre efficacité économique, équité sociale et protection de l'environnement en appliquant un principe de gouvernance. La gouvernance doit être conçue comme une nouvelle forme de démocratie participative (complémentaire de la démocratie représentative, elle favorise l'apport citoyen de chacun à la vie de la cité) qui exige la concertation, la coopération et le partenariat entre les acteurs du développement durable. Elle est une démarche qui implique de façon responsable les acteurs ou les populations concernées par les politiques de développement durable et leurs plans d'actions. Son objectif est d'aboutir à des décisions acceptables par la majorité, dans la mesure du possible, et qui vont dans le sens du bien commun. Investissements Socialement Responsables Les entreprises sont au cœur des problématiques de développement durable. Puissantes au plan international, créatrices de richesses et consommatrices de ressources, elles ont une capacité d'intervention qui peut se révéler particulièrement efficace en faveur du développement durable : Elles participent directement au développement économique par leurs investissements, À travers les conditions de travail qu'elles proposent à leurs salariés, elles participent à créer ou réduire des inégalités sociales, Consommatrices de ressources naturelles, productrices de déchets et génératrices de pollutions, leurs activités modifient plus ou moins profondément l'environnement. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) répond au souci de respecter les objectifs spécifiques du développement durable par les entreprises. C'est un concept par lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, voire de bonne gouvernance dans leurs activités et dans leur interaction avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. Ces entreprises peuvent être notées par des agences de notation sociétale, qui prennent en compte dans leur notation des critères extra-financiers (éthiques, sociaux, environnementaux, et de gouvernance). Elles sont jugées sur la base de leurs rapports de développement durable, ou de tout document permettant d'apprécier les performances économiques, environnementales et sociales. La notation sociétale est ensuite utilisée par les investisseurs pour constituer des portefeuilles de valeurs appelés Investissements Socialement Responsables (ISR). Les entreprises éligibles aux fonds ISR sont celles qui ne renoncent pas à la rentabilité, mais qui se fixent un cadre environnemental et social pour atteindre cet objectif. Conclusion Le socialisme a échoué en 1989. Le libéral-capitalisme est en train d'échouer à son tour. Ces systèmes manichéens qui ont cherché à mener le monde, nous conduisent à la faillite, la perte et l'effondrement. Il faut comprendre les mécanismes en jeu afin de construire une alternative évitant les écueils du passé, tout en sachant que de nouveaux surgiront inévitablement. La force du capitalisme, par rapport au socialisme, a été que d'une part il poussait les acteurs économiques à créer de la valeur et susciter la croissance (le capitaliste qui investit et le salarié qui travaille), ce qui tendait à une amélioration généralisée de la richesse globale ; d'autre part sa souplesse lui permettait de se séparer des branches économiques non viables sans que tout s'écroule (les faillites). La conséquence était la pauvreté générale des travailleurs, moteurs de croissance, mais non bénéficiaires de celle-ci, et le délaissement social lors desdites faillites. Un nouveau modèle socioéconomique, devrait tout à la fois conserver la souplesse du capitalisme, au moins en partie, et la relative sécurité économique que semblait procurer le socialisme. Avec notamment comme corollaire la création de limites, tant à la pauvreté, afin que chacun puisse vivre au moins à minima, et à la richesse, afin qu'un petit groupe d'individus ne puisse s'accaparer les richesses d'une nation, voire de la planète. Au niveau philosophique, il s'agit d'essayer de trouver un système d'équilibre entre les besoins contradictoires de chacun et l'intérêt de tous à ce que l'humanité perdure sur l'espace fini qu'elle occupe et dans l'environnement fragile dont elle dispose. Cela me semble être une quête souhaitable, où les idées contradictoires doivent se confronter sans s'affronter et où le sens du partage et de l'écoute doit permettre d'encourager l'affirmation de sensibilités très différentes pour construire et exprimer ensemble une vision unique.