Les pays les moins avancés (PMA) auront du mal à sortir de la pauvreté et leurs perspectives à moyen terme restent "préoccupantes", selon la Conférence de l'ONU sur le commerce et le développement (Cnuced), qui a plaidé jeudi pour des politiques d'investissements porteuses de développement. "Les 49 pays les plus pauvres du monde doivent développer leurs capacités productives grâce à une expansion de l'investissement et à l'innovation. Sinon, ils auront du mal à échapper à la pauvreté et à mettre un terme à leur vulnérabilité", a indiqué la CNUCED dans son rapport 2010 sur les PMA, lancé à Dakar. Sur la base de nouveaux chiffres concernant la pauvreté, la Cnuced a constaté que le nombre d'individus vivant dans l'extrême pauvreté a augmenté de trois millions par an au cours des années d'expansion 2002-2007, pour atteindre ''un total estimé à 421 millions d'individus en 2007, soit deux fois plus qu'en 1980''. Les PMA, qui sont pour la majorité africains (33 pays sur 49), sont plus vulnérables aux effets de la crise économique mondiale. Pour améliorer la situation, le rapport 2010 de la CNUCED sur les pays les moins avancés dégage des objectifs prioritaires. Parmi eux, la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie de développement, plus rapide, et l'amélioration de la gestion de l'aide internationale. Selon Habib Ouane, directeur de la division de la CNUCED chargée de l'Afrique, " il faut mettre l'accent sur les capacités de productivé, le développement des infrastructures, l'amélioration de la production dans le secteur agricole, et le développement des capacités endogènes de chaque Etat ". L'innovation technologique représente un obstacle sérieux pour ces pays. La nouvelle architecture internationale du développement devrait viser à accorder plus d'importance aux transferts de technologie et de savoir-faires fondamentaux, pour améliorer les capacités productives des PMA. Pour M. Ouane, la technologie est un facteur de développement essentiel qui ne doit pas être négligé : " La dimension technologique a été oubliée dans ces pays. Elle doit pourtant faire l'objet d'une attention particulière dans les mesures internationales ". La maîtrise des changements climatiques a longuement été abordée. En effet, le rapport indique que les 49 pays les plus pauvres de la planète ont besoin d'un financement accru et mieux conçu pour faire face aux difficultés liées à ces évolutions. Cette aide devrait passer de 4 à 17 milliards de dollars par an, d'ici 2030. Le directeur des biens publics mondiaux du ministère français des Affaires étrangères et européennes, Philippe Thiebaud, a ainsi insisté sur " la mise en place d'une assistance technique dans ces pays pour mieux maîtriser les changements climatiques ". La volatilité des prix des matières premières constitue un véritable frein au développement des PMA. " La problématique des matières premières et minières doit faire l'objet d'une plus grande attention de la communauté internationale. L'objectif est de permettre une évolution plus stable des cours ", affirme Habib Ouane. Selon lui, " ces pays doivent utiliser leurs propres ressources minières pour accélérer leur développement ". En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, la situation est particulièrement complexe en raison de la volatilité des prix du secteur minier. La RDC est aussi confrontée au dynamisme croissant des pays asiatiques tels que la Chine. Dans le secteur des industries extractives, elle a notamment perdu 100 000 emplois. D'après M. Ouane, " la solution est de diversifier les partenariats économiques pour espérer une croissance de l'emploi du secteur de la mine ". Plusieurs mécanismes de régulation ont été mis en place pour stabiliser la fluctuation des prix des matières premières. Des pays comme le Botswana en bénéficient déjà. " L'objectif est de créer un système efficace qui permettra d'anticiper les changements des cours. Il faut aussi renforcer leur capacité de gestion de leurs propres ressources naturelles ", explique M. Ouane.Les PMA sont confrontés à une autre difficulté : la gestion de l'aide financière internationale. Les populations de ces pays ne bénéficient pas toujours de ces fonds trop souvent détournés par les Etats en place. Pour lutter contre ce fléau, des mécanismes ont été mis en place pour contrôler l'utilisation de ces flux financiers. Ce système, quand il est appliqué, est efficace, selon M.Ouane. " en Afrique, des pays comme la Tanzanie, l'Ouganda, et le Mozambique, en ont déjà bénéficié. Ce qui s'est révélé positif dans leur développement ", assure-t-il. " Les populations de ces pays ont le droit de connaître les actions des pays donateurs ", ajoute M. Thiebaud.