La valorisation et la protection du patrimoine national archéologique et historique du pays sont l'un des objectifs actuels des autorités locales. Dans ce contexte, la wilaya de Khenchela projette le lancement prochain d'un recensement des sites archéologiques dans la région, qui demeure une nécessité et un préalable avant toute action de valorisation et de protection de ce patrimoine national contre les pillages et les vols signalés au cours des dernières années, soulignent les représentants locaux de la culture et d'associations. Selon eux, une banque de données doit être constituée pour réunir l'ensemble des informations sur le patrimoine archéologique de la région éparpillé à travers de multiples localités dont Taberdka, Tizegraïne, Ouled archach et Belkitane. La wilaya de Khenchela, diront-ils, regorge de sites archéologiques des différentes phases historiques, dont certains remontent même à des étapes préhistoriques lointaines dont des dolmens et sépultures trouvées à l'intérieur de la grotte de Ras Metoussa. Si la relation des Phéniciens avec la population locale s'est limitée aux échanges de marchandises, leurs descendants Carthaginois ont pénétré le territoire de Khenchela et occupé plusieurs régions aux terres agricoles fertiles, selon des études historiques. Sous les Romains, la pénétration étrangère dans les Aurès s'est encore renforcée avec l'installation dès l'an 123 à Lambeïsis, (actuelle ville de Tazoult située dans la wilaya de Batna) d'une garnison militaire. Cette présence mènera un peu plus tard à l'occupation de la ville de Khenchela que les Romains vont dénommer Mascula où leur empereur Auguste y installera sa troisième légion. En effet, cette légion avait pour mission de contrôler toutes les voies reliant Batna à Biskra et au Sahara, selon les mêmes études. C'est elle qui avait fait construire la route joignant Mascula à Lambeïsis au nord et celle la reliant à Théveste au sud. Ces voies lui permirent de surveiller les aires s'étendant à Baghaï, Badès, Zéribet el-oued et Henchir Adalit à Djellal. Ainsi, le mausolée de Cédias et les ruines de Kasr el-kahina, dont les vestiges sont assez bien conservés, témoignent de cette présence romaine. A noter que le premier site dédié à un chef militaire romain répondant au nom de Cédias se dresse à ce jour dans la localité de Ouled Azzedine située dans la commune de El-Mehmel connu chez la population locale sous le nom de Kasr El-Jazia qui aurait été la bien aimée de Dhiab, mythique chef de la tribu des Béni Hilal. Selon Stéphane Gsell, auteur de l'Atlas archéologique de l'Algérie, le mausolée de Cédias, à la forme hexagonale, serait unique dans toute l'Afrique du Nord. Les Vandales conduits par leur roi Génséric auraient saccagé les réalisations romaines à Khenchela avant que ces territoires ne soient repris par les Byzantins sous Bélizaire en 534. Contre le général byzantin Solomon, la population de Mascula participe à la révolte conduite par le roi des Aurès Iabdas qui aurait réussi à s'entourer de 40 000 guerriers. Durant la conquête islamique, la reine berbère Kahina conduit la résistance des habitants de Mascula et élit ses quartiers généraux dans la région de Baghaï, avant de parvenir à exercer son contrôle sur tout le Maghreb pendant cinq ans jusqu'à sa défaite à Bir El-Ateur face à l'armée de Hassane Ben nouâmane. Selon nombre d'historiens, Kahina s'apercevant avec le temps de la noblesse du message de l'Islam aurait conseillé à ses deux fils d'embrasser la nouvelle religion. Une période de stabilité s'installe ensuite sur la région dont la ville de Baghaï devient un maillon important avec Tobna dans la chaîne des cités musulmanes jusqu'à l'arrivée des Ottomans qui l'annexèrent au beylik de Constantine. Enfouie sous les décombres, la prestigieuse citadelle de Kahina à Baghaï attend à ce jour les fouilles des chercheurs pour livrer ses secrets, affirment des cadres locaux de la culture qui souhaitent que des séminaires spécialisés soient organisés pour attirer l'attention sur l'importance historique des vestiges de toute la wilaya.