La police est de nouveau intervenue hier à coups de matraque pour empêcher plusieurs milliers de manifestants d'accèder à la principale place du centre de la capitale yéménite, Sanaa. Les forces de sécurité, samedi, avaient déjà repoussé des manifestants qui célébraient la démission, la veille du raïs égyptien Hosni Moubarak et réclamaient le départ du président yéménite Ali Abdullah Saleh. Hier , plusieurs manifestants ont été blessés et une vingtaine ont été interpellés par la police, selon des témoins. Saleh, qui est au pouvoir depuis 30 ans au Yémen, le plus pauvre des pays arabes, a cherché à calmer le jeu en s'engageant à ne pas se représenter à l'issue de son mandat qui s'achève en 2013. Peu avant les affrontements, l'opposition a accepté d'entamer des pourparlers avec le président yéménite, Abdullah Saleh, qui tente de contenir la vague de révolutions dans la région. "Le peuple yéménite veut la chute du régime", "la révolution yéménite après la révolution égyptienne", ont scandé les manifestants lors du rassemblement qui a réuni 1.000 personnes. Quelque dizaines d'entre eux se sont ensuite détachés pour marcher sur le palais présidentiel. Début février, des dizaines de milliers de personnes avaient participé "au jour de colère" organisé par l'opposition pour réclamer un changement de régime. Des affrontements ont récemment éclaté entre partisans et opposants du gouvernement. Selon des responsables de l'opposition, dix manifestants ont été arrêtés à Sanaa, la capitale, et 120 ont été gardés à vue pendant la nuit dans la ville de Taiz où les autorités ont dispersé une manifestation samedi. Quatre personnes ont été blessés à Sanaa où la police a frappé avec des bâtons les manifestants qui leur jetaient des pierres, selon des témoins. Saleh, au pouvoir depuis plus de trente ans et qui redoute les répliques de la vague de contestation sans précédent qui touche plusieurs pays du monde arabe, s'est engagé à quitter le pouvoir à la fin de son mandat en 2013 et a promis que son fils ne prendra pas la tête du gouvernement. Il a invité l'opposition à des discussions. "L'opposition ne rejette pas l'invitation du président et est prête à signer un accord dans moins d'une semaine", a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohammed Basindwa, désormais membre de l'opposition. Les pourparlers doivent se tenir sous l'égide de l'Occident ou du Golfe, a-t-il toutefois ajouté. L'instabilité au Yémen pourrait constituer un risque au niveau politique et de la sécurité pour les Etats du Golfe. Les Etats-Unis s'appuient en outre sur le Yémen pour lutter contre Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).