La dette publique est à la merci d'un échec de la politique de soutien massif à l'immobilier orchestré par la Fed et le Trésor. Un retournement des prix ou du volume des ventes aurait des conséquences incalculables sur la gestion de la dette fédérale. Une crise de la dette n'est pas à écarter aux Etats-Unis dans les deux années qui viennent. Elle sera probable tant que la croissance restera fortement corrélée aux engagements financiers publics. Pour ce qui est de la valeur des placements, elle dépend des taux de change de la monnaie américaine. Or, la dégradation des comptes extérieurs des USA marquée par une défaillance de la couverture financière de la balance des paiements par le solde de flux financier fait planer des incertitudes sur la valeur future de la monnaie américaine. La notation de la dette souveraine (la meilleure possible : AAA+) occulte l'ampleur des risques induits par une crise qui n'est toujours pas liquidée. Les réponses à la crise, articulées par les administrations BUSH et OBAMA, sont loin d'être probantes. Une rechute lourde de l'économie reste possible et avec elle des développements imprévisibles très pénalisants pour les investissements. C'est l'endettement public qui fait problème, soit qu'il n'en résulte pas de reprise, soit qu'il précipite une nouvelle crise pouvant atteindre la crédibilité financière de l'Etat américain. Fraude massive La dette nationale frappant les Etats-Unis d'insolvabilité virtuelle, une question de fond se pose. Comment ce pays en faillite, fait-il pour s'en sortir ? La réponse est simple : il fraude outrancièrement ! Décortiquons cette fraude massive car le montage est d'une subtilité perverse et d'une perversité subtile. Commençons tout d'abord par un petit rappel : le Trésor américain et la Fed sont deux poches différentes du même argent... Même si la banque centrale américaine est indépendante, ses moyens sont les mêmes que ceux du Trésor américain. Quand la Fed perd de l'argent, et elle va perdre une fortune sur ses achats massifs d'obligations d'Etat avec la remontée des taux d'intérêt qui s'amorce, cette perte va directement, chaque année, s'imputer au déficit budgétaire américain, un déficit qui est déjà faramineux. Que s'est-il passé en 2010 ? L'Etat américain, déjà en faillite virtuelle, a fait de la relance. Il a injecté des centaines de milliards de dollars, qu'il n'avait pas, dans l'économie. Ces centaines de milliards, le Trésor américain a dû les emprunter. Le problème, c'est que les Chinois ne veulent plus de ce " papier toilette ", ni les Japonais ni les pays du Golfe... Les ménages américains ont absorbé une partie de ces déchets nauséabonds pour placer une épargne récemment reconstituée. Mais cela ne suffisait pas. Dès lors, la Fed est venue prêter au Trésor américain... Mais la Fed et le Trésor, c'est pareil ! C'est de l'argent qui sort d'une poche pour entrer dans l'autre, avec deux poches qui, aujourd'hui, sont percées. C'est donc sans surprise que la Fed est passée tout récemment devant la Chine et est devenue le plus gros détenteur d'emprunts de l'Etat américain ! L'administration OBAMA, qui voulait réformer les pratiques bancaires, fait ce qu'aucune banque, ni aucun escroc de haut vol, n'a jamais tenté. Le problème de ce tour de prestidigitation, ô combien impressionnant, est qu'il ne pourra plus être utilisé en 2011. Pourquoi cette année butoir ? Les taux montent. La Fed perd donc tous les jours de l'argent sur les 1.100 milliards d'emprunts d'Etat qu'elle a avalés. Elle va sûrement encore jouer la fuite en avant avec un QE3 ou un QE4 mais elle ne pourra pas continuer à absorber intégralement les besoins d'emprunt de ses collègues du Trésor. GEITHNER (Trésor) et BERNANKE (Fed) ont besoin que les taux d'intérêt baissent pour qu'ils puissent continuer à faire surgir les dollars sans que les spectateurs s'aperçoivent de la supercherie. Oui, mais avec des matières premières en folie, du fait entre autres de ce " Quantitative Easing ", des valeurs d'actifs qui montent sous l'effet de la spéculation, des banques qui reprennent leurs plus mauvaises habitudes, les taux grimpent. Doucement mais sûrement. Et il suffit que cette hausse s'accélère pour qu'on découvre que tout cela n'est qu'une gigantesque arnaque. Notre duo d'illusionnistes est aujourd'hui dans une fuite en avant qui ne peut que mener les Etats-Unis dans un mur. Faut - il investir aux USA ? Aux Etats-Unis les dettes continuent de croître régulièrement à un rythme effarant. Le déficit de la balance commerciale américaine a de nouveau augmenté en 2010 d'environ un tiers. Les taux d'intérêt toujours plus hauts sont supportés par les ménages et les institutions du pays concerné. Les paiements d'intérêt plus élevés ont une influence sur les flux de capitaux. Ce phénomène aggrave le déficit de la balance des paiements courants : 500 milliards de dollars actuellement et bientôt 1.000 milliards de dollars. Un véritable optimisme quant au développement de l'économie américaine est difficilement justifiable aux regards des fondamentaux. L'apparente amélioration du marché financier est le résultat d'une politique de retour à la croissance (sur l'ensemble de l'année 2010, le PIB US a progressé de 2,9% par rapport à 2009) au devenir incertain. Wall Street bénéficie uniquement de la liquidité abondante. Sachant que les marchés financiers sous-estiment l'ampleur des problèmes fondamentaux aux Etats-Unis, tout observateur honnête devrait avertir les investisseurs des risques qu'ils courent en achetant des bons du Trésor (L'Algérie est directement concernée) et des produits financiers américains. Ces risques sont aveuglants pour peu que l'on tienne compte de la réalité de la dette fédérale et de la dette nationale des USA. Les chiffres sont tellement accablants qu'ils pourraient presque se passer de commentaires. En bref, il ne faut donc ni acheter des titres de la dette publique américaine ni investir pour l'instant aux USA. Seules des opérations de court terme sont envisageables. Conclusion Les dettes aux USA augmentent plus vite que le PIB. Autant dire qu'elles ne seront jamais remboursées. Plafonner leur niveau à 14.300 milliards de dollars (c'est-à-dire arrêter le recours systématique à l'endettement), c'est déclencher un cataclysme financier à l'échelle planétaire. Continuer à monétiser la dette dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, c'est faire courir à la Fed le risque de faillite à terme. Les USA sont bel et bien entre l'enclume et le marteau. Etant donné que l'indice des prix américains pourrait remonter assez vite, poussé par le prix des biens importés de Chine d'une part et l'augmentation du prix des matières premières d'autre part, la Fed se retrouvera alors à la croisée des chemins. Ou elle remonte son taux directeur malgré le taux élevé de chômage, les marchés actions vont alors prendre une douche froide. Ou bien elle laisse son taux inchangé et ce sont les marchés obligataires qui vont être à leur tour douchés puisque la Fed sera accusée de laisser filer les prix. Dans un contexte de déficit budgétaire grandissant et de charge d'intérêts qui explose, la pression sur le dollar (pivot du système monétaire international) ne peut que se renforcer. Sa chute très probable entrainera dans son sillage l'euro, le yen et la livre anglaise. Aucune monnaie ne sera épargnée par l'éclatement de la bulle de dettes US. Contrairement à ce qu'affirment quelques " experts " médiatiques, nous ne sommes pas dans une crise de liquidité mais de solvabilité (Cycles de KONDRATIEFF). Ce type de crise ne se produit qu'une fois par siècle en moyenne. Elle se déclenche lorsque les systèmes économiques sont saturés en dettes. L'effet en est assez violent puisqu'il s'agit en réalité d'une purge généralisée des dettes présentes dans le circuit. Cela se traduit par la faillite de nombreux acteurs économiques (individus, entreprises, états). La question qui se pose désormais est la suivante : comment les autorités algériennes vont pouvoir préserver la valeur des 155 milliards de dollars US de réserves de changes dans les mois à venir? Cette synthèse s'inspire largement des articles d'Onubre EINZ, d'Eberhardt UNGER, de Marc FIORENTINO, de Laurent CHEMINEAU et de Guillaume GUICHARD.