On s'attendait à un grand second souffle de l'économie américaine, finalement, les conclusions laissent apparaître que la relance se fait à peine à petits pas, des pas de tortue alors que le chômage semble souffrir en plein convalescence, sauf dans le secteur privé où il y a une timide, très timide renaissance. C'est ce qui a poussé mardi dernier la banque centrale des Etats-Unis (Fed) a annoncé une reprise de certaines mesures de soutien à l'économie, tout en constatant que le rythme de la reprise avait «ralenti ces derniers mois». Confrontée à une croissance trop faible pour créer des emplois en nombre suffisant, et à une courbe des prix qui s'infléchit, la Fed a maintenu comme prévu son taux d'intérêt directeur proche de zéro, et sa prévision de le laisser à ce niveau encore longtemps. À l'issue de la réunion consacrée à la politique monétaire, la FED estime que «Le rythme de la reprise de l'activité et de l'emploi a ralenti ces derniers mois» et que la croissance n'est pas pour demain. Les Américains devront donc encore être sur le qui vive et comptaient leurs cents à chaque magasinage du quotidien. Quant aux achats de maison ou, à une degré moindre, de voiture, l'Américain moyen doit tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de se prononcer en faveur d'une acquisition. C'est une appréciation beaucoup moins optimiste que fin juin, quand la Fed prévoyait que «la reprise économique se poursuit» et «le marché du travail s'améliore progressivement». C'était certainement pour mieux encourager les citoyens à aller de l'avant tout en restant vigilant car il ne s'agissait que de soubresauts très fragiles encore face à la lourde machine de la relance économique. La banque centrale a abaissé ses prévisions de croissance, puisqu'elle la qualifie désormais de «probablement plus modeste à court terme qu'anticipé». Ces prévisions doivent être rendues publiques dans environ trois semaines. Pour l'instant, «la Fed ne semble pas considérer le récent ralentissement de l'activité comme un simple petit nid-de-poule sur la route de la reprise», mais plutôt de cratère sur la route de la reprise. Contrairement à ce qu'elle avait fait en juin, elle n'a plus cité les tensions financières venues de l'étranger, mais toujours la même litanie de problèmes pour la première économie mondiale: chômage, prudence des employeurs, crédit limité, faiblesse des prix de l'immobilier et de la construction... Ce ralentissement n'a pas justifié pour elle de mesures spectaculaires comme celles prises entre l'automne 2008 et la mi-2009. Plutôt que de se lancer dans un nouveau cycle de relance monétaire, la Fed a préféré réactiver un dispositif de mesures interrompues entre l'automne et le printemps pour relancer le crédit. «Les responsables de la politique monétaire nationale ont pris la voie médiane entre ne rien faire et accroître l'assouplissement quantitatif».La Fed a donc choisi une solution de relance a minima: celle de faire légèrement reprendre la planche à billet pour éviter que la masse monétaire se contracte. La politique d'assouplissement quantitatif consiste en effet à créer de la monnaie en achetant des titres financiers aux banques, dans l'espoir que celles-ci prêteront à leur tour cet argent et que l'activité économique décollera. Concrètement, la Fed a décidé qu'à chaque fois que des titres liés à l'immobilier (comme de la dette des organismes parapublics Fannie Mae et Freddie Mac) qu'elle détenait allaient parvenir à maturité, elle allait réinvestir le montant récolté en achetant des titres de dette de l'Etat fédéral (bons du Trésor). Cette mesure lui permettra de globalement maintenir égal le niveau des titres qu'elle détient. Mais elle la rendra peu à peu moins prépondérante dans le secteur du financement de l'immobilier, en faveur de la dette publique. Les analystes trouvaient peu ambitieuse cette décision qui n'a pas même pas fait l'unanimité au sein du Comité de politique monétaire. Même si la Fed réinjectait des sommes gigantesques dans le système bancaire, celui-ci a déjà «les fonds pour prêter mais les établissements sont soit réticents soit incapables de trouver de nombreux prêts intéressants». Un grand dilemme, dit-on.