Les ambassadeurs de Libye en France et auprès de l'Unesco ont démissionné. À Tripoli, c'est un cousin et proche conseiller du dirigeant libyen qui a abandonné toutes ses fonctions officielles. Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin du dirigeant libyen Muammar Kadhafi, a démissionné jeudi de toutes ses fonctions officielles, a annoncé hier, l'agence égyptienne Mena, citant un communiqué de son bureau au Caire. Kadhaf al-Dam a "annoncé sa démission de toutes ses fonctions au sein du régime libyen pour protester contra la gestion de la crise libyenne", selon le communiqué cité par Mena. Selon son bureau, le haut responsable libyen, qui est notamment en charge des relations égypto-libyennes et qui a une résidence au Caire, a quitté la Libye il y a une semaine. En présentant sa démission, jeudi, l'émissaire libyen a "appelé à l'arrêt du bain de sang, et au retour à la raison pour préserver l'unité et l'avenir de la Libye", toujours selon la Mena, qui cite le communiqué. Quelques heures plus tard, les ambassadeurs de Libye en France et auprès de l'Unesco, basée à Paris, ont à leur tour annoncé leur démission. Aussi, les forces de sécurité libyennes ont ouvert le feu vendredi sur des manifestants rassemblés dans un quartier de l'ouest de Tripoli, a rapporté un habitant de la capitale libyenne. D'après ce témoin interrogé par Reuters, plusieurs centaines d'habitants du quartier de Djanzour ont commencé à manifester contre le régime de Mouammar Kadhafi après les prières du vendredi, et les forces fidèles au pouvoir en place ont ouvert le feu. De son côté, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Navi Pillay a indiqué hier à Genève que la répression des manifestations en Libye par le régime Kadhafi s'intensifie de manière "alarmante" . "Des blindés, hélicoptères et avions militaires ont selon des informations été utilisés sans distinction pour attaquer les manifestants. Selon certaines sources, il pourrait y avoir des milliers de tués ou de blessés", a expliqué Navi Pillay. Notons que presque tous les champs pétroliers situés à l'est du terminal de Ras Lanouf sont sous contrôle rebelle en Libye, a annoncé vendredi un membre de la coalition qui gère la ville de Benghazi, dans l'est du pays. Les gisements et terminaux sous contrôle rebelle fonctionnent mais à 25% de leur capacité seulement, a ajouté Abdessalam Nadjib, un ingénieur pétrolier de la compagnie libyenne Agico. Ras Lanouf, l'un des principaux terminaux pétroliers libyens avec Marsa el Brega, est situé dans le golfe de Syrte, à l'ouest de Benghazi. Djammal bin Nour, un magistrat membre de la coalition du 17 février qui gère temporairement les affaires de la deuxième ville libyenne depuis sa prise par les anti-Kadhafi, a ajouté que tous les contrats avec des entreprises étrangères "qui sont légaux et profitent au peuple libyen" seront maintenus. Une grande partie des réserves de pétrole libyennes se trouvent dans l'est du pays, conquis il y a plusieurs jours par l'insurrection. La situation précaire prévalant en Libye était hier au centre de réunions urgentes de la communauté internationale qui tente de mettre un terme aux "violentes répressions des manifestations pacifiques" contre le régime du colonel Maâmar El-Gueddafi. En ouvrant une session spéciale à Genève, la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est inquiété de "l'intensification alarmante" de la répression contre la révolte populaire en Libye qui a, a-t-elle ajouté, "peut-être fait "des milliers de morts et blessés". Le mouvement de contestation continue de se répandre de l'ouest de la capitale Tripoli à Benghazi, dans des villes côtières ou proches des côtes. "La répression en Libye contre des manifestants pacifiques s'intensifie de manière alarmante", a déclaré Mme Pillay, dénonçant "une violation continuelle des lois internationales". Au cours de sa réunion, le Conseil des droits de l'homme doit se prononcer en fin de journée sur un projet de résolution réclamant la suspension de la Libye de l'organisation dont Tripoli est membre depuis mais 2010. Le projet de résolution condamne les "violations majeures et systématiques" des droits de l'homme commises dans ce pays, dont des attaques armées visant des civils. En conséquence, le document réclame la suspension de la Libye du Conseil dont elle est membre depuis mai 2010. La Libye avait été alors élue à une large majorité, obtenant 155 voix dans un vote à bulletin secret des 192 membres de l'Assemblée générale de l'ONU. Le texte demande également qu'une commission d'enquête indépendante conduite par l'ONU se rende sur le terrain en Libye pour recenser ces violences qui pourraient être cataloguées comme "des crimes contre l'humanité". Le même projet de résolution exhorte enfin les autorités libyennes à "respecter la volonté du peuple et ses aspirations". La France et la Grande-Bretagne ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU un autre projet de résolution prévoyant des sanctions contre la Libye, et une "saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime contre l'humanité", a déclaré vendredi la chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie. Mme Alliot Marie a précisé que "Paris et Londres ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur la Libye prévoyant un embargo total sur les armes", "des sanctions", et une "saisine de la CPI pour crime contre l'humanité". Le Conseil de sécurité onusien se réunit à nouveau dans la journée pour débattre justement de la situation prévalant en Libye. Quant à l'Union européenne (UE), elle prévoit d'adopter des mesures restrictives pour mettre un terme "aussi vite que possible" aux violences en Libye, a indiqué la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. "Il est temps d'envisager ce que nous appelons des mesures restrictives (visant les dirigeants libyens, NDLR) afin que nous fassions tout notre possible pour mettre la pression maximale et essayer d'arrêter la violence en Libye et permettre au pays d'avancer", a déclaré Mme Ashton. De son côté, l'Otan qui s'est déclaré vivement préoccupée par les troubles survenus en Libye, a appelé à une "réunion d'urgence" des alliés sur la situation dans ce pays hier, après-midi. "J'ai appelé à une réunion d'urgence aujourd'hui du Conseil de l'Atlantique Nord" qui regroupe les ambassadeurs des 28 pays alliés "afin de discuter de la Libye, a indiqué M. Rasmussen. "Ce qui se passe en Libye nous préoccupe grandement tous. Cette crise dans notre voisinage immédiat affecte les civils libyens et beaucoup de ressortissants des pays de l'Otan", a-t-il ajouté.